Ce sont les politiques et les élus qui sont les principaux relais de notoriété, loin devant les entreprises et leurs marques, souligne l'Ifop. Ainsi 72% des personnes interrogées ont entendu parler du développement durable par leur intermédiaire.
Les médias traditionnels sont naturellement un bon moyen de sensibilisation. 85% des personnes interrogées auraient ainsi entendu parler de développement durable par des reportages ou des informations à la télévision, 78% par des articles lus dans la presse et 64% par le biais de la radio.
En revanche, moins d'un Français sur cinq (19%) déclare avoir entendu parler de développement durable par le biais de son entreprise ! Même si cette thématique est de plus en plus au cœur des préoccupations des communicants, les entreprises restent encore prudentes, voire frileuses, dans la valorisation de leurs actions en matière de développement durable, estime l'ifop.
Pour huit Français sur dix (81%), le développement durable est un facteur d'optimisme et 89% disent que cette démarche leur donne envie de s'impliquer. Trois quarts des sondés considèrent que l'enjeu du développement durable relève de la responsabilité des entreprises (73%) mais aussi, pour 72% d'entre eux de celle des hommes politiques. Une assertion encore plus revendiquée par les femmes, les plus âgés et les catégories socio-professionnelles supérieures, indique l'institut de sondage.
Le développement durable se veut un processus de développement qui concilie l'écologique, l'économique et le social et établit un cercle vertueux entre ces trois pôles : c'est un développement qui se veut économiquement efficace, socialement équitable et écologiquement soutenable. Une stratégie de développement durable doit être gagnante de ce triple point de vue, mais pour l'opinion publique il est souvent perçu à travers le prisme de l'environnement. 87% des personnes interrogées dans le cadre de l'Observatoire considèrent ainsi que le développement durable concerne surtout la « protection de l'environnement ».
Le développement durable est toutefois associé à la recherche du progrès social pour tous (de l'avis de 75% des personnes interrogées) et au développement économique en général (pour 75% d'entre elles). Vu qu'une majorité de Français se disent préoccupés par la question de l'origine des produits, ce concept est de plus en plus au cœur des réflexions stratégiques des grandes marques. Il existe une proportion en progression de consommateurs très avertis et impliqués qui non seulement « jugent » les marques et choisissent en conséquence mais de plus éduquent leurs proches et leurs enfants dans ce sens.
En outre, 45% des interviewés en situation d'achat déclarent privilégier un produit qui s'inscrit dans des critères de type développement durable et 54% décideraient de ne pas acheter un produit qui irait à l'encontre de ces principes. Reste que peu de produit ose officiellement s'afficher contre les valeurs portées par le développement durable. Enfin selon l'Ifop, plus de 4 Français sur 10 (43%) ont déjà boycotté certains produits ou certaines marques parce qu'ils étaient en désaccord avec leur politique environnementale ou sociale.
Pour répondre aux interrogations des entreprises, depuis 2002, l'Ifop réalise chaque année en octobre son Observatoire du Développement Durable auprès de l'opinion publique. L'organisme conduira en octobre prochain la 6e vague de cet observatoire Un volet sur l'image institutionnelle des grandes entreprises devrait voir le jour et un volet international et une réflexion sur les bénéfices pour les marques sont à l'étude cette année.
En revanche, l'agence conseil en développement durable, Ethicity, a sondé** pour la troisième année consécutive en mars 2006 les comportements, les attentes et opinions de la population française sur le développement durable, la consommation responsable, leur engagement citoyen et la responsabilité sociale des entreprises. Interrogés par TNS MédiaIntelligence, ils sont nombreux à considérer impossible de concilier recherche de profits capitalistiques et développement durable. Près de 40% ne sont pas d'accord sur le fait que le respect de l'environnement et la qualité sociale de production soient compatibles avec la recherche du profit. De plus, 88% considèrent que collectivités et politiques ne prennent pas assez en compte les enjeux environnementaux.
Le développement durable, même mieux connu, semble donc souffrir d'un manque d'exemples concrets et réussis.
Dossier DD
*Les résultats mentionnés sont issus de la dernière vague de l'observatoire réalisée au téléphone en octobre / novembre 2005 auprès d'un échantillon de 2006 personnes représentatif de la population âgé de 15 ans et plus, structuré selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession du chef de famille) après stratification par région et catégorie d'agglomération.
**Sondage réalisé en mars 2006, auprès d'un échantillon de 4.500 personnes âgées de 15 à 70 ans en auto-administré par voie postale.