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Actu-Environnement

Des agriculteurs choisissent le biogaz pour alimenter leur installation de déshydratation de luzerne

Des producteurs de luzerne de la Mayenne utilisent depuis 1998 le biogaz d'un centre de stockage de déchets pour déshydrater leur produit. À l'occasion de la semaine du développement durable, ils ont souhaité présenter cette initiative.

Agroécologie  |    |  F. Roussel
   
Des agriculteurs choisissent le biogaz pour alimenter leur installation de déshydratation de luzerne
Luzerne déshydratée en bouchons
   
Légumineuse fourragère, la luzerne est essentiellement cultivée pour l'alimentation animale des bovins, ovins, caprins, volailles, etc. Sa teneur en protéines atteint 2,5 tonnes par hectare contre 800 kg/ha pour le soja ce qui la rend très apprécié des éleveurs depuis sa découverte, il y a 9000 ans. Confrontée à une demande en hausse après la deuxième guerre mondiale mais limitée par des besoins en main-d'œuvre élevée pour la culture, la filière luzerne représentée par le Syndicat National des Déshydrateurs de France (SNDF) a mis au point les premières unités de déshydratation afin de simplifier la manipulation de la récolte tout en préservant les qualités nutritionnelles de la plante. Implantée à l'origine sur l'ensemble du territoire français, cette activité industrielle s'est concentrée depuis les 25 dernières années sur la région Champagne-Ardenne.
Actuellement la culture de la luzerne concerne en France environ 350.000 ha dont un quart est destiné à l'industrie de la déshydratation. La France se place ainsi au deuxième rang des pays producteurs de luzerne déshydratée en Europe derrière l'Espagne. La filière regroupe 10.000 agriculteurs en coopérative qui ont créé et alimentent 38 sites de déshydratation situés exclusivement en zones rurales où la culture de la luzerne représente une pose dans les cultures intensives. Le principe de la déshydratation est simple : la luzerne fraîche alimente un tambour rotatif dans lequel est insufflé de l'air chaud (500°C) ce qui permet de faire chuter le taux d'humidité de la luzerne sans détériorer les protéines et préserver les oligo-éléments. La luzerne sèche est ensuite conditionnée sous différentes formes (bouchons ou cubes) en fonction de son utilisation ultérieure.
Compte tenu de l'importance du poste énergie dans le prix de revient de la luzerne déshydratée (34%), les usines ont très vite travaillé sur les techniques favorisant les rendements thermiques : système de recyclage des gaz, utilisation des vapeurs pour un pré-séchage, etc. Le coût de l'énergie a longtemps été le principal facteur sur lequel on pouvait jouer pour maîtriser le coût de revient de la déshydratation. Il le redevient aujourd'hui après le calme relatif des années 80. Alors que la majeure partie des installations fonctionne actuellement avec du charbon ou de la lignite, trois entreprises consomment de la sciure de bois et une entreprise utilise du biogaz.

En effet, depuis 1998, une coopérative de la Mayenne, la CODEMA utilise du biogaz issu d'une installation de fermentation d'ordures ménagères à Changé (54) géré par le groupe Séché. Le partenariat a été réfléchi dès l'implantation du centre de stockage. Les agriculteurs de la CODEMA ont cédé une partie de leurs terres pour l'implantation du centre. En contrepartie, il rachète le biogaz moins cher que les autres énergies classiques pour alimenter le brûleur de leur usine de déshydratation installée tout près du centre. Le biogaz provient des alvéoles fermées où les déchets se décomposent et est envoyé par des canalisations directement vers l'usine. Le débit et la teneur du biogaz en méthane est maîtrisé par le centre de stockage qui assure une composition en méthane à hauteur de 35%. En 2005, l'usine a produit 17.000 tonnes de luzerne déshydratée en utilisant 17 Millions de m3 de biogaz soit 30% de la production du centre de stockage. 500 agriculteurs utilisent cette usine dont 15 agriculteurs biologiques. Chacun apporte son lot de luzerne et récupère ses propres bouchons pour éviter les mélanges et assurer la traçabilité des produits. Le coût de l'installation s'élève à 3 millions d'euros dont 20% ont été financés par apport direct des agriculteurs et 80% par un emprunt. Grâce aux économies réalisées sur l'achat de l'énergie, le retour sur investissement est prévu dès 2008.

Fière de cette installation, la CODEMA a souhaité participer à la semaine du développement durable au coté du SNDF et de l'INRA pour présenter ce projet, valoriser la filière et rappeler les nombreuses propriétés de cette plante. Outre ses qualités alimentaires reconnues, la luzerne présente en effet des caractéristiques intéressantes sur le plan agronomique et environnemental.
Grâce à une symbiose avec une bactérie spécifique appelée Rhizobium meliloti, la luzerne a la capacité de fixer l'azote atmosphérique et ne nécessite pas de ce fait d'apports d'engrais. Comme elle l'a démontré à de nombreuses reprises la luzerne résiste très bien à la sécheresse même si ces besoins en eau restent importants pour son développement. En fait, s'il ne pleut pas suffisamment la luzerne arrête sa croissance mais ne meurt pas et reprend sa pousse lorsque les conditions sont redevenues favorables.
Par ailleurs, des études de l'INRA ont révélé plus précisément que la luzerne consommait en priorité l'azote contenu dans le sol et présentait de ce fait des capacités épuratrices très intéressantes pour limiter les pollutions à l'azote observées après certaines cultures. De plus son système racinaire très profond permet de filtrer une couche de sol très importante et d'augmenter la porosité des sols.
Sur le plan agronomique, la luzerne est une plante pérenne qui se sème au printemps ou en été pour 2 à 3 ans de production avec 3 à 5 coupes. Cette occupation du sol sur plusieurs années consécutives est unique dans les systèmes céréaliers et permet de limiter fortement les risques d'érosion et de drainage durant les périodes pluvieuses. Ceci permet également de favoriser le développement d'une faune typique et de participer à la biodiversité des milieux.

Mais, malgré tous ces intérêts, la luzerne peine encore à s'installer dans les pratiques agricoles. Cela vient du fait qu'elle nécessite une plus grande maîtrise des processus de culture contrairement à d'autres comme les graminées. Pourtant lorsqu'on sait que l'Union européenne importe 70% de sa consommation de protéines végétales principalement sous forme de soja génétiquement modifié, la luzerne aurait une place importante à prendre dans le système agricole français et européen.

Réactions4 réactions à cet article

le biogaz-la luzerne

ça serait bien si "le biogaz" dont on parle , issu des O.M était un produit contrôlé et provenance d'O.M soigneusement triées.
Helas il n'en est rien on y trouve même un certain pourcentage de boues de station d'épuration et de métaux lourds.
faites l'analyse du produit fini et vous verrez.

gero | 15 juin 2006 à 05h08 Signaler un contenu inapproprié
l'utilisation du biogaz: le méthane

J'aimerais savoir si des analyses du biogaz conduisent à constater des produits dangereux résiduels après utilisation par brulage ( pour le séchage de la luzerne ou pour le chauffage) ou par carburant dans un moteur thermique ( pour produire de l'électricité par exemple) dans le rejet dans l'atmosphère.
Tout cela pour faire suite à l'interrogation du lecteur précédent sur les métaux lourds qui seraient présents dans les boues jetées dans les centres d'enfouissements

dudu | 15 juin 2006 à 06h05 Signaler un contenu inapproprié
Re:l'utilisation du biogaz: le méthane

Lorsqu'on analyse le biogaz "in-situ", on utilise en général des capteurs électrochimiques préalablement étalonnés. On peut aussi utiliser des cartouches de charbon actif et/ou de gel de silice pour "fixer" les gaz et permettre ensuite des analyses en laboratoire.
Je pense que la présence de composés métalliques volatils ne peut être que très limitée, car les capteurs électrochimiques sont très vite "empoisonnés" par des composés métalliques.
D'autre part, je ne connais pas de composés organo-métalliques volatils susceptibles de se former dans les conditions de fermentation de la méthanisation. J'ai tendance à penser que les métaux lourds peuvent surtout se retrouver dans les lixiviats ou dans la phase solide résiduelle.
Bref, si quelqu'un a des éléments analytiques sur ce sujet, je serai très intéressé.

dominique | 17 juin 2006 à 17h25 Signaler un contenu inapproprié
le futur à contre courant

Je souhaiterais pouvoir contacter les personnes intreviewwées et résidant en Mayenne pour connaître le réseau qu'ils ont monté pour l'équipement des toits voltaîques
Merci
FP

FP | 22 novembre 2008 à 16h59 Signaler un contenu inapproprié

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