Après avoir rendu public en avril dernier, un rapport* qui a mobilisé 31 parlementaires de toutes sensibilités politiques, les deux députés tentent aujourd'hui de sensibiliser le maximum d'acteurs à ce problème et ont pour cela décidé de prolonger leur collaboration en rassemblant, à Paris aujourd'hui, les principaux décideurs politiques, administratifs et industriels aux côtés des économistes et chercheurs en pointe dans ces domaines. Les députés, membres de la mission parlementaire, […] partageons une même conviction, le changement climatique constitue la plus grande menace du XXIe siècle, souligne Jean-Yves le Déaut.
Rappelons en effet qu'au cours du dernier siècle, la température moyenne de la planète s'est élevée d'environ 0,6°C et celle de l'Europe de plus de 0,9°C. Les effets des changements en cours sont déjà perceptibles notamment en France, sur les précipitations, les périodes de sécheresse, l'enneigement et les glaciers, les peuplements forestiers, la biodiversité. Les prévisions des scientifiques tablent pour la fin du XXIe siècle sur une hausse des températures de 2 à 6 degrés, voire plus. Les scénarios les plus pessimistes du groupement International d'Etude sur le Climat (GIEC) montrent que les hausses de températures pourraient atteindre près de 5 degrés d'ici la fin du siècle en France.
Partant de ce constat, Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Yves le Déaut considèrent que la problématique du changement climatique doit s'inscrire au cœur des thèmes prioritaires de la campagne présidentielle. Ces deux députés en appellent à des choix politiques courageux et rapides sur le plan de l'adoption d'un nouveau modèle énergétique. Le changement climatique est déjà engagé. La lutte contre l'effet de serre s'impose par là même comme le défi majeur du XXIème siècle que nos sociétés ont à relever dès maintenant, car dans ce domaine la fatalité n'est pas de mise, avaient-t-ils indiqué lors la restitution des conclusions et des propositions très concrètes contenues dans le rapport final de la mission.
Ainsi, au-delà du débat et de la réflexion prospective, l'objectif revendiqué de cette rencontre etait de se positionner sur le terrain de l'action en laissant une large place aux préconisations en termes de leviers d'actions et de mesures à mettre en place au plus vite. Il est encore temps d'éviter le pire sur le front des catastrophes climatiques annoncées à condition d'agir sans délai. L'heure n'est plus au constat mais bien à l'action.
Alors que ces questions devraient en toute logique figurer au premier rang des débats des prochaines échéances électorales, les deux députés, dont l'action est véritablement à saluer d'autant plus qu'ils sont de bords politiques différents, semblent bien isolés dans leurs camps respectifs :
Le plan Borloo n'a finalement pas repris les logements sociaux HQE et personne ne sait véritablement quand le plan climat 2006 doit sortir. Quant au projet de programme du Parti socialiste pour les élections de 2007 présenté le 9 juin dernier, le Réseau Action Climat-France et les Amis de la Terre le jugent bien pauvre en matière d'environnement et catastrophique sur la question du changement climatique. Alors que les élus de 2007 auront la charge de mettre en oeuvre les engagements pris dans le cadre du Protocole de Kyoto et de négocier les futurs engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serres pour l'après 2012, l'un des principaux partis prétendant au pouvoir a décidé de passer sous silence le réchauffement climatique, explique Benoît Faraco du RAC-F.
Soulignant que certaines mesures vont dans le bon sens (développement des transports en communs et l'intégration d'une composante énergie dans une taxe générale sur les activités polluantes), ils soutiennent qu'elles restent malgré tout largement insuffisantes. Lassés de voir les gouvernements successifs mettre de côté les questions climatiques, le RAC-F a décidé de proposer dix mesures simples à mettre en œuvre dès 2007 pour obtenir une véritable politique française de lutte contre le changement climatique. Par ailleurs, le RAC-F suivra de près les programmes électoraux des partis, grâce à un observatoire, pour informer les citoyens sur les propositions des différents candidats. La rédaction des projets des divers partis politiques est l'occasion pour les candidats de prendre des engagements forts pour protéger le climat. Il n'est aujourd'hui plus possible de prétendre sérieusement exercer des responsabilités politiques sans prendre position sur les thèmes du climat et de l'énergie, souligne Sandrine Mathy du RAC-F.
*https://www.actu-environnement.com/ae/news/1659.php4