
Pour autant le risque de sécheresse ou de dommages aux milieux aquatiques en cas d'absence prolongée de pluies dans les prochaines semaines ne peut cependant pas être écarté car le niveau des nappes d'eau souterraine reste bas. Il convient par conséquent de rester vigilant, a averti Nelly OLIN, ministre de l'écologie et du développement durable.
Le plan d'action sécheresse de 2004 prévoit l'activation de comités de suivi au niveau national et des bassins en cas d'étiage accentué prévisible, si une période sèche venait à poursuivre un hiver et un début de printemps en déficit. Ces comités doivent permettre chacun à son échelon d'évaluer la situation et de formuler rapidement des propositions ou avis sur des mesures exceptionnelles rendues nécessaires par la sécheresse ou la canicule en cas de crise effective. Compte tenu de l'état des ressources en eau (nappes, barrages, débit des cours d'eau et manteau neigeux) en février 2005, tel que constaté dans le bulletin national de situation hydrologique, le ministère a décidé d'activer le comité national cette année. Il est présidé par le président du Conseil Supérieur de la Pêche en tant qu'entité spécialisée dans le domaine des milieux aquatiques.
D'après le Bulletin National de Situation Hydrologique, au cours du mois de mai, les précipitations ont été contrastées sur le territoire français. Elles ont été jusqu'à trois fois supérieures aux normales en Artois Picardie et comprise entre 10 et 20% des normales sur le pourtour méditerranéen. Plus généralement les précipitations ont été supérieures aux normales à l'est d'une ligne Le Havre-Chambéry, inférieures aux normales dans le sud du pays et très proches des normales sur le reste du territoire.
Concernant la quantité d'eau disponible depuis septembre 2005 pour l'écoulement des cours d'eau et la recharge des nappes souterraines, elle reste proche de la normale dans les régions Bretagne, Pays de la Loire, Poitou Charentes, Aquitaine, Limousin, Auvergne, Bourgogne et en Corse mais reste inférieure à la moyenne partout ailleurs avec des niveaux particulièrement bas dans le bassin parisien, le Centre et le sud de la Garonne.
S'intéressant à l'indice d'humidité des sols, au 1er juin, le Bulletin National de Situation Hydrologique note un assèchement assez général des sols, excepté sur une large bordure de la frontière belge.
Quant aux effets des pluies du mois de mai sur les nappes souterraines, ils ont été très modérés voire généralement nuls. En effet, en dehors des zones de relief, les précipitations ont essentiellement permis de satisfaire les besoins en eau de la végétation et de contribuer à maintenir une humidité des sols satisfaisante ou de différer les prélèvements en nappe pour l'irrigation.
Au total, 15 départements ont pris des arrêtés de limitation des usages de l'eau au 15 juin 2006 dont certains concernent l'irrigation, en région parisienne, dans le centre ouest (Charente, Vienne, Deux-Sèvres), ainsi que dans le sud-ouest (Gers, Tarn, Landes, Lot-et-Garonne notamment). Il est nécessaire de poursuivre dans tous les domaines une gestion rigoureuse de la ressource en eau, la plus économe possible, afin d'utiliser au mieux les réserves encore disponibles, a estimé la ministre. Un été pluvieux permettrait au moins de limiter l'exploitation des réserves, mais pas de les refaire. En revanche, si l'été est sec, la situation sera très tendue début septembre, a t-elle déclaré.
Depuis trois ans, la France notamment s'expose à des épisodes de sécheresse, doublés en 2003 d'une canicule. Si nous devions connaître une nouvelle canicule cet été, la situation ne ferait qu'empirer. On ne peut plus se contenter de gérer la sécheresse : il faut gérer la rareté de l'eau, a insisté Mme Olin tout en se félicitant de la diminution de la consommation des Français de 1% par an grâce aux campagnes de sensibilisation.
Par ailleurs, différentes techniques commencent à émerger : réutilisation des eaux usées, désalinisation comme à Belle-Ile ou récupération des eaux de pluies.
Dans le cadre du plan de gestion de rareté de l'eau annoncé au Conseil des ministres du 26 octobre 2005, les actions visant à développer la récupération des eaux de pluie et inciter les collectivités ainsi que les services d'eau à mieux valoriser les ressources ont été engagées avec l'association des maires de France.
Un amendement visant à encourager l'installation de systèmes de récupération des eaux pluviales par le biais d'un crédit d'impôt de 40% pour les particuliers pour un plafond de dépenses de 5000 euros a été adopté dernièrement dans le cadre du projet de loi sur l'eau et les milieux aquatiques.
Mais pour Willy Rohdmann, co-fondateur et directeur associé de SKYWATER, entreprise qui propose des solutions de récupération d'eau de pluie, pour préserver efficacement les nappes phréatiques, les pouvoirs publics devraient également inciter les gros consommateurs d'eau, entreprises industrielles et commerciales ou agricoles à trouver des alternatives pour maintenir leur niveau de consommation tout en puisant moins dans les réserves naturelles. La loi sur l'eau et les milieux aquatiques va être discutée prochainement au sénat, il faudrait, si l'on veut que le texte soit complet et efficace, mettre en place des dispositifs pour encourager la récupération de l'eau de pluie pour les entreprises, estime-t-il. Les solutions de l'entreprise permettent de récupérer à partir de l'eau de pluie filtrée (poussières atmosphériques et pollution) et ionisée (UVc), une eau douce parfaite pour tout usage autre qu'alimentaire direct et corporel. Les entreprises industrielles et commerciales ou agricoles sont concernées à double titre puisqu'elles disposent d'une grande capacité de récupération (grandes surface de toitures) et ont de très nombreuses possibilités d'usages non alimentaires et non corporels : lavage de camions dans les plates formes logistiques, lavage du matériel, entretien des voiries, WC collectifs, etc...