Ce sont le plus souvent les communes, responsables de l'organisation des services publics collectifs, qui réalisent les investissements, y compris quand elles en ont délégué la gestion au secteur privé. En 2004, elles sont à l'origine de 91 % des investissements dans le domaine de l'assainissement et de 65 % dans celui des déchets.
Mais qui dit investissement dit augmentation des tarifs malgré les aides publiques des agences de l'Eau, des départements et des régions. Parmi les dépenses des ménages, celles consacrées à l'assainissement des eaux usées et à la gestion des déchets ont fortement progressé depuis quinze ans : elles enregistrent une augmentation de 7,2 % par an, en valeur, sur la période 1990-2004, contre 3,2 % pour l'ensemble de leur consommation. En 2004, ces postes représentaient pour les ménages 8,8 milliards d'euros, soit près de 1 % de l'ensemble de la consommation.
Les conséquences financières s'en ressentent également au niveau des entreprises qui ont elles aussi des charges d'assainissement pour les eaux qu'elles utilisent et des dépenses de gestion de leurs déchets. Si la note s'élève tout de même à 7,9 milliards d'euros en 2004, il semblerait que les entreprise parviennent à mieux contenir ces dépenses qui n'ont progressé en moyenne que de 4,6 % par an entre 1990-2004. Contrairement aux ménages qui subissent ces factures et qui n'ont qu'une marge de manœuvre limitée pour les réduire, les entreprises ont plusieurs stratégies possibles : prise en charge interne de la gestion de leurs pollutions ou recours à des services extérieurs de protection de l'environnement plus concurrentiels. Leurs dépenses sont davantage liées à la quantité et à la nature des pollutions émises. Par conséquent, elles font l'objet d'une gestion serrée qui bénéficie des améliorations des processus de production ainsi que des efforts de prévention réalisés au cours des années passées.
Pour les ménages, ces dépenses sont largement contraintes puisque 85 % du montant est dédié au paiement du service auxquels ils ont accès. Pour la facture d'eau par exemple, la composante assainissement a ainsi progressé de plus de 8 % en moyenne par an depuis 1990 alors que les volumes d'eau consommée ont peu évolué. De la même manière, pour les déchets ménagers, le paiement est constitué de la taxe ou de la redevance d'enlèvement des ordures ménagères (Teom - Reom) dont le montant a progressé en moyenne annuelle de 8,2 % depuis 1990. Comme le plus souvent, le paiement du service n'est pas lié aux quantités, les ménages ont donc des moyens limités pour influer significativement sur leur facture.
Mais, dans le domaine des déchets, l'accentuation des dépenses en capital n'explique qu'une partie de la hausse de la taxe ou de la redevance. En effet, selon l'IFEN, le développement de procédés plus respectueux de l'environnement dans la gestion des déchets municipaux est à l'origine d'environ un tiers de la hausse enregistrée. L'accroissement des quantités physiques de déchets collectés explique également, pour sa part, un tiers de la hausse. L'augmentation des recettes accompagne ainsi un service accru, quantitativement d'abord, au travers des volumes de déchets collectés et traités, mais aussi qualitativement par le bénéfice d'un environnement mieux préservé. La perception de cette amélioration n'est pas évidente pour l'usager qui mesure plus facilement l'augmentation de sa « facture » ainsi que les efforts qu'il consent au tri sélectif de ses déchets.
Dans le domaine de l'assainissement aussi, un meilleur service pour l'environnement nécessite des équipements plus coûteux. Développement du traitement « tertiaire » des eaux usées, déshydratation plus systématique des boues d'épuration, substitution progressive des réseaux de collecte séparatifs aux réseaux unitaires afin de dissocier les eaux pluviales des eaux domestiques sont autant de progrès, peu ou pas visibles par le consommateur, mais qui contribuent à mieux préserver les milieux naturels en limitant les rejets polluants.
Globalement, en 2004, la gestion des eaux usées et des déchets continue de représenter l'essentiel (68%) de l'effort financier des différents acteurs pour la protection de l'environnement.