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Actu-Environnement

Les problèmes de sécheresse prennent leur source dans les montagnes

Point de départ de tous les fleuves de la planète, les montagnes jouent un rôle stratégique dans la gestion de l'eau mais la pression sur cet écosystème s'intensifie et met en péril l'alimentation en eau des vallées en quantité et en qualité.

Biodiversité  |    |  F. Roussel
À travers le cycle de l'eau, les montagnes concentrent une part importante des précipitations qu'elles stockent sous forme de neige ou de glace, dans les lacs, les réservoirs artificiels, les zones humides ou les aquifères. Au printemps et en été, avec la fonte des neiges puis des glaciers, l'eau qui s'écoule des rivières de montagne se substitue et supplée les gros débits d'automne et d'hiver des basses terres et des plaines. Par conséquent, tous les grands fleuves du monde et leurs principaux affluents prennent leur source en montagne. Ces zones constituent les parties hautes des bassins versants et sont à ce titre, de véritables châteaux d'eau naturels. Ainsi, si seulement 11% du bassin du Rhin se trouve dans les Alpes, celles-ci assurent 31% de son débit annuel et, en été, lorsque l'eau est particulièrement demandée par les agriculteurs, 50 % du débit total du fleuve.
À l'échelle mondiale, les zones de montagne couvrent 24% de la surface terrestre des continents. Mais, si seulement 26 % de la population mondiale environ habite une zone de montagne, une proportion bien plus importante de la population dépend des biens et services fournis par ces zones, en particulier l'eau, vitale pour l'agriculture, les communautés et les industries situées à des centaines, voire à des milliers de kilomètres de ces montagnes. En France par exemple c'est l'eau de la Durance, transférée par le Canal de Provence, qui sécurise la desserte en eau brute de Marseille et de toute la région côtière jusqu'à Toulon !

Les montagnes jouent donc un rôle stratégique dans la gestion de l'eau, mais les pressions qu'elles subissent s'intensifient et pourraient faire courir des risques importants pour les plaines en aval. Les conséquences du réchauffement climatique y sont déjà bien visibles avec le recul des glaciers. Le seuil de températures au-delà duquel les précipitations tombent sous forme de pluie, et non de neige, a une importance critique pour le ruissellement et le stockage de l'eau en altitude, et par conséquent pour les débits restitués en été. Ces modifications affecteront certes les montagnes elles-mêmes, mais auront des répercussions, tout autant et peut-être encore plus, pour les régions situées en aval.
Plus particulièrement, le tourisme hivernal fondé sur le ski pourrait devenir difficile à assurer en moyenne montagne, engendrant ainsi des pertes économiques pour les communes et les entrepreneurs et créant une demande encore plus forte de séjours dans les stations situées à de plus hautes altitudes. Au cours des dernières années, l'enneigement sur l'ensemble des massifs montagneux a diminué de façon significative. Les stations de ski ont dû investir dans des équipements de production de neige artificielle de type « canons à neige » pour assurer une fréquentation régulière pendant la saison touristique. Utilisés autrefois seulement pour améliorer certains passages de pistes les « canons à neige » assurent désormais l'enneigement de la plupart des pistes de la mi-décembre à avril.
Par ailleurs, les montagnes sont des zones de risques naturels, d'intense érosion, de concentration rapide des eaux et où se forment les crues et les inondations qui peuvent être ravageuses pour les parties basses des bassins et les plaines.
Il apparaît également que la qualité des eaux et des milieux aquatiques s'y détériore : des problèmes ponctuels mais persistants d'assainissement, liés ou non à l'activité touristique, ou des pollutions diffuses liées aux élevages ou à la filière laitière s'exercent sur de petits cours d'eau. Sans oublier que la montagne se distingue par un grand nombre de plans d'eau soumis eux aussi à des pressions environnementales plus ou moins fortes. Même si les milieux aquatiques et les zones humides montagnards sont caractérisés par leur richesse et leur densité, l'Office International de l'Eau (OIEau) constate leur dégradation et la détérioration de leurs fonctionnalités sur de vastes territoires. Une pollution encore plus importante des lacs, des torrents et rivières en amont dégradera sans aucun doute la qualité des eaux des fleuves en aval.
Enfin, les communes de montagne sont confrontées à une compétition de plus en plus vive entre les différents usages de l'eau : production d'eau potable, activités touristiques en été comme en hiver (canons à neige, sports d'eau), production d'eaux minérales, irrigation en aval et hydroélectricité. En Europe, 96 grandes centrales électriques sur un parc total de 362 (soit 26,5 %) sont implantées en montagne, dont 37 centrales hydrauliques sur 50. En France, la montagne accueille chaque année 20,8 millions de touristes français et 2,9 millions de touristes étrangers.
L'augmentation des besoins en eau des hauts bassins oblige à s'interroger sur la disponibilité des ressources pour l'aval, notamment durant les épisodes de sécheresse.

Les acteurs de la montagne sont donc confrontés à une situation délicate. Bien conscients de leur rôle majeur et de la nécessité de renforcer l'aménagement et la gestion des hauts bassins versants, ils misent sur la Directive Cadre sur l'Eau (DCE) pour renforcer la collaboration amont-aval et partager les responsabilités. Cette directive européenne vise à restaurer d'ici à 2015 un bon état écologique des eaux. Elle reprend pour cela le principe de gestion par bassins versants, déjà mis en place en France depuis de nombreuses années à travers les agences de l'eau. Elle demande en premier lieu d'identifier les « Masses d'Eau » : rivière de plaine, torrent de montagne, estuaire, lac, nappe alluviale, système karstique, côte sableuse… Des indicateurs de qualité et des valeurs de référence du « bon état » sont en passe d'être définis pour chaque type de « Masse d'Eau » rendant alors possible, par exemple, la comparaison de la qualité des eaux des cours d'eau de montagne des Alpes entre la France, l'Autriche, l'Allemagne, la Slovénie ou l'Italie… Pour les masses d'eau de montagne, il n'est pas encore possible de les lister et de préciser leur état écologique mais l'OIEau est convaincu que cette directive est un outil juridique de pointe.

C'est pourquoi, pour bien comprendre cette directive et l'exploiter au mieux en faveur des zones de montagne, tous les acteurs concernés se réuniront en septembre prochain à Megève pour le 2ème colloque international de l'eau en montagne. L'incidence de la DCE sera plus particulièrement abordée par le Réseau International des Organismes de Bassin (RIOB). Mais d'autres manifestations seront conduites en parallèles à l'occasion de ce congrès comme le colloque « l'Eau en montagne » et la rencontre des élus de montagne. Pour Sylvianne Grosset-Janin, adjointe au Maire de Megève, l'objectif de ce congrès est clair : si le premier colloque organisé sur ce thème en septembre 2002 a fait prendre conscience à l'amont des responsabilités que nous avions envers l'aval, ce 2ème colloque doit faire comprendre à l'aval de l'intérêt des châteaux d'eau qu'ils ont en amont, explique-t-elle. Pour les élus de montagne représentés par l'Association Nationale des Elus de Montagne (ANEM), il ne s'agit plus de démontrer que la gestion de la montagne est nécessaire pour le bien de toute la plaine mais de faire participer la plaine à la gestion de cette montagne. Si la montagne fournit la quantité et la qualité, nous souhaitons que l'eau finance l'eau et qu'il y ait une forme de solidarité, de retour pour nous aider, explique Martial Saddier, vice-président de l'ANEM.

Selon l'OIEau, le Forum de Mexico a permis d'échanger sur les grands principes de la gestion de l'eau, mais maintenant il faut passer à l'acte et mettre en place les actions concrètes qui s'imposent d'urgence : le Congrès International de Megève présentera des expériences de terrain, qui marchent et donnent des résultats, qui peuvent être généralisés ou dont on peut s'inspirer pour progresser.
En marge du congrès un ensemble d'événements seront organisés pour les scolaires et le grand public qui pourront ainsi assister à des spectacles, des ateliers et des expositions sur le thème de l'eau.

Réactions7 réactions à cet article

Restons pragmatiques et responsables

L'impact d'un réchauffement local temporaire de 2 °C sur un cours d'eau est sans commune mesure avec celui du réchauffement climatique qui nous attend et qui fera grimper de façon permanente tous les fleuves et rivières de la planète.
Alors, si le nucléaire nous permet de freiner quelque peu le réchauffement global, la promotion de cette énergie devient bien un acte écologique.

Fragued Signaler un contenu inapproprié
étiage estival et centrales nucléaires

Depuis plus d'une semaine déjà, une autorisation a été donnée aux centrales nucléaires d'avoir des rejets jusqu'à 2°C au dessus de la T° maxi admise.
Les médias semblent avoir été muselés sur ce sujet !
Avec le changement climatique, les nouvelles centrales EPR ne pourront être construites qu'en bord de mer !...
Quelle planète va t-on laisser à nos enfants?.

Bernard THIERRY | 13 juillet 2006 à 13h01 Signaler un contenu inapproprié
Re:étiage estival et centrales nucléaires

bonjour,
pourrais-tu me donner la source de cette information?
d'avance merci.

Polo | 13 juillet 2006 à 16h53 Signaler un contenu inapproprié
« Elle descend de la montagne… » (air connu)

Bonjour.

Bigre ! Un colloque de plus. Une conférence supplémentaire…

Pour s'apercevoir que l'eau descend de la montagne (de qui se moque-t-on) ?
Et qu'il faudrait peut-être commencer à s'y intéresser, à cette montagne : par exemple, qu'on pourrait cesser de la bétonner ; qu'on pourrait cesser de drainer stupidement les prairies d'altitude (éponges naturelles qui retiennent l'eau) ; cesser la construction d'autoroutes ; diminuer ou tout au moins cesser l'extension des domaines skiables ; freiner sérieusement son envahissement touristique…? Franchement, on croit rêver !

Tiens, un exemple : on sait depuis des lustres que la plupart des inondations catastrophiques et meurtrières qui touchent tous les ans le Bangladesh sont dues en très grande partie à la destruction des forêts himalayennes d'altitude où naissent le Gange, le Bramapoutre et les autres. Qu'a-t-on fait depuis des décennies ? A-t-on entrepris quelque vaste programme international de reforestation ? Point, à ma connaissance. Il faut dire aussi que le delta inondé régulièrement est peuplé de pauvres parmi les plus pauvres : aucun intérêt économique, braves gens ! Mais l'eau, paraît-il, continue de descendre de la montagne… Merci de nous avoir généreusement enfoncé cette porte ouverte !

Adoncques, on va encore faire des parlottes stériles pour se donner bonne conscience.
Pendant ce temps, les glaciers fondent comme beurre au soleil : c'est un peu tard, Mmes et MM. les conférencières et conférenciers, avec tout le respect que je ne vous dois pas.


Allez, salut, et bon courage.

Pierre Darmangeat | 13 juillet 2006 à 20h14 Signaler un contenu inapproprié
Re:« Elle descend de la montagne… » (air connu)

les Chinois devant l'urgence de la situation,ont entamé un grand programme de reboisement et sont les seuls à avoir vus une augmentation de leur superficie boisée en comparaison des autres pays asiatiques.Malheuresement,comme ils restent les principaux dévoreurs de matiéres premiéres,leur prélèvement à l'étranger à considérablement augmenté,en particulier vers ces gentilles démocraties militaires asiatique !!!

kine | 15 juillet 2006 à 03h51 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:« Elle descend de la montagne… » (air connu)

Ce que vous dites est tout à fait exact, hélas… 

N'oublions pas la forêt sibérienne extrême-orientale (où disparaissent les derniers tigres de l'Amour) vendue aux exploiteurs japonais tout juste après la fin de l'URSS…
N'oublions pas la forêt africaine détruite pas les exploitants européens (la France dans les premières places)…
N'oublions pas les forêts nord-américaines surexploitées par les Blancs…
Bornéo brûle tous les ans, comme toutes les forêts tropicales du monde. Après la forêt, c'est la latérite et le désert vient un peu plus tard.

Certes, l'eau descend de la montagne. Mais elle tombe aussi sur les massifs forestiers (du fait du micro-climat plus frais engendré par celles-ci, qui permet aux nuages de se transformer en pluie) : une montagne qui a perdu ses forêts n'attire même plus la pluie…

Bientôt, l'eau ne descendra plus de nulle part.

Pierre Darmangeat | 15 juillet 2006 à 17h26 Signaler un contenu inapproprié
Re:Restons pragmatiques et responsables

Je ne suis pas sûre que le terme "acte écologique" soit réellement adapté à la promotion de la filière nucléaire si on considère le bilan global. Bilan qui est selon moi inachevable puisqu'on ne sait toujours pas quoi faire des déchets.
Celà dit, je cherche toujours à savoir d'ou vient cette source des 2°C supplémentaire.
Est-ce qu'une information donnée sans sa source en est toujours une?

Polo | 19 juillet 2006 à 16h53 Signaler un contenu inapproprié

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