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Actu-Environnement

La pollution aux nitrates de la nappe phréatique du Rhin n'est pas une fatalité

Suite à la présentation des résultats encourageants du projet transfrontalier MoNit, l'Alsace et le Bade-Wurtemberg appellent le monde agricole à intensifier ses efforts et généraliser des actions de diminution de la pollution aux nitrates.

Eau  |    |  F. Roussel
Immense réservoir d'eau potable s'étendant de Bâle en Suisse à Mayence en Allemagne en passant par Strasbourg en France, la nappe phréatique rhénane constitue une ressource en eau unique en Europe et un capital vital pour toute la région du Rhin supérieur. Appelé nappe d'Alsace du côté français, cet aquifère est contenu dans les alluvions déposées par le Rhin et ses affluents dans le fossé rhénan. Ses 300 milliards de m3 assurent 80 % de l'alimentation en eau potable des deux côtés du Rhin et près de 50 % des besoins en eau des industries.
Cette ressource est toutefois vulnérable et la qualité de ses eaux se dégrade globalement au fil des années du fait d'une agriculture intensive, d'une forte densité de population et de l'existence de nombreuses voies de transport et de communication. Les travaux menés depuis 1997 dans le cadre de l'inventaire transfrontalier de la qualité des eaux souterraines de la vallée du Rhin supérieur ont mis en évidence la dégradation généralisée de la qualité des eaux de la nappe en ce qui concerne les nitrates, les produits phytosanitaires, notamment les herbicides, et les solvants chlorés.
Afin de permettre la reconquête de la qualité de la nappe, de part et d'autre du Rhin, de nombreux travaux franco-allemands ont été réalisés en termes de cartographie, d'écoulements hydrodynamiques, de surveillance de la qualité de l'eau… Ils ont tous pour objectif ultime de « protéger et reconquérir la qualité des eaux souterraines afin de garantir une eau potable sans traitement préalable pour les générations présentes et futures ».
En 2002, un projet transfrontalier et pluridisciplinaire de « Modélisation de la pollution des eaux souterraines du Rhin supérieur par les nitrates » dénommé MoNit a été engagé pour une durée de quatre ans. L'objectif était de réaliser une étude comparative de l'efficacité de différentes mesures à mettre en œuvre en agriculture pour réduire la pollution par les nitrates des eaux souterraines. Cofinancé par l'Union Européenne dans le cadre du programme communautaire INTERREG III, le projet a été réalisé conjointement par des instances administratives et territoriales de l'agriculture et de l'environnement du länder Bade -Wurtemberg, d'Alsace et de Suisse pour un coût total s'élevant à 2,9 M€.

À l'occasion d'un symposium technique organisé le 3 juillet 2006 à Ettlingen en Allemagne, les résultats du projet ont été présentés. Les simulations montrent dans un premier temps que les pollutions en nitrates héritées du passé mettent beaucoup de temps à se résorber. D'autre part, l'efficacité de différentes mesures visant à la réduction de la pollution par les nitrates a été discutée au regard des résultats des simulations. Il apparaît qu'une fertilisation selon les besoins réels des cultures, l'implantation généralisée des cultures intermédiaires et une remise d'une partie des sols en prairies permettent de réduire les entrées de nitrates dans la nappe. L'étude mais en évidence une diminution de la moyenne des concentrations sur la zone d'étude de 28,6 mg/L en 1997 à 27,4 mg/L en 2003, soit une diminution de 4,2 % des concentrations en nitrates dans la nappe tout en maintenant une activité agricole à un niveau élevé.
Face à ces résultats encourageants, la Ministre de l'Environnement du Bade-Wurtemberg, Tanja Gönner, le Vice-Président du Conseil Régional d'Alsace, Gilbert Scholly, et le Directeur Régional de l'Environnement en Alsace, Denis Delcour, ont déclaré conjointement vouloir poursuivre les actions pour la réduction de la pollution de la nappe et par là même leur coopération. Pour la ministre allemande les mesures de protection mises en oeuvre sont efficaces, mais nous ne pouvons pas nous contenter de ces premiers résultats. En effet, l'objectif commun de reconquérir la qualité des eaux afin de garantir une eau potable sans traitement préalable n'est pas encore atteint. Fort de cette motivation, les trois acteurs ont donc lancé un appel au monde agricole, pour que les efforts engagés pour réduire les apports de nitrates dans la nappe soient poursuivis et généralisés. C'est à ce prix que les objectifs de bon état fixés par la directive cadre sur l'eau seront respectés, ont-ils déclaré.
Les auteurs de l'étude ont toutefois précisé que les résultats sous-entendaient que l'amélioration significative ne sera visible que d'ici plusieurs dizaines d'années.

Le système de modélisation utilisé dans cette étude comprend un module socio-économique, un module de calcul des apports d'azote, un module de bilan de l'azote et un modèle hydrodynamique d'écoulement et de transport des eaux souterraines. Pour la construction des outils de modélisation un grand nombre de données concernant l'hydrologie, la géologie, l'occupation du sol et les pratiques agricoles ont été collectées et harmonisées.

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Solvant

Réactions1 réaction à cet article

et aussi, ...

Les personnes intéressées peuvent consulter la thèse de J PANTEL (2000, Univ Montpellier 2) concernant un programme assez comparable sur un aquifère du Sud de la France (nappe de la Vistrenque).

Anonyme | 28 juillet 2006 à 18h50 Signaler un contenu inapproprié

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