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Actu-Environnement

Le WWF alerte sur le déséquilibre de gestion de l'eau observée dans l'agriculture en Méditerranée

Dans un nouveau rapport publié récemment, le WWF met en garde les pays méditerranéens y compris l'Europe contre la pénurie d'eau et la sécheresse qui risque de toucher ces pays si l'eau n'est pas utilisée avec plus d'efficacité et de rationalité.

Biodiversité  |    |  F. Roussel
   
Le WWF alerte sur le déséquilibre de gestion de l'eau observée dans l'agriculture en Méditerranée
   
Depuis plusieurs années la sécheresse est un problème récurant. La superficie des terres affectées par une sécheresse sérieuse dans le monde a plus que doublé entre les années 70 et les années 2000. Depuis la sécheresse de 2003, la France a du mal à s'en remettre, l'Espagne et le Portugal ont été particulièrement touchés en 2005 et pour 2006 on s'attend au pire. Chaque année, on retrouve les mêmes évaluations en pertes agricoles et mêmes humaines. L'impact économique de la sécheresse en 2003 en Europe à été évalué à 11 milliards d'euro et a coûté la vie à 40.000 personnes, dont la moitié en Italie. En été 2005, le Portugal a perdu autour de 60% de sa production de blé et 80% de sa production de maïs. En Espagne, la perte dans l'agriculture et la production animale s'est élevée à un total de 2 à 3 milliards d'euros.
Même si la sécheresse est un phénomène normal, leur périodicité et leur intensité risquent de s'accentuer à cause notamment des changements climatiques et du réchauffement planétaire. Avec une élévation accrue de la température, les évènements pluvieux se raréfient autour du bassin méditerranéen. Certains bassins versants européens ont déjà éprouvé une réduction de 20% des précipitations au cours du siècle dernier et en Italie, le nombre de jours de pluie a diminué en moyenne d'environ 12% sur la période 1880-2002.

Face à ces causes planétaires, difficiles à contrer à court ou moyen terme, le WWF met en garde les pays du pourtour méditerranéen et l'Europe sur les conséquences des politiques de gestion de l'eau actuellement mises en œuvre. Pour l'organisation mondiale pour la protection de l'environnement, ces politiques accentuent les effets de la sécheresse en gaspillant une ressource de moins en moins accessible et sans un changement majeur dans les politiques nationales et européennes sur l'utilisation de l'eau, les pays du bassin méditerranéen souffriront bien plus qu'avant.
Dans son nouveau rapport consacré à la sécheresse en Méditerranée, le WWF rappelle que la demande en eau dans cette région a doublé dans les 50 dernières années. Les pays qui connaissent la plus forte augmentation sont la France, la Turquie et la Syrie. Les prévisions annoncent une augmentation de 25 % de la consommation d'ici 2025 sur les côtes Est et Sud de la Méditerranée, et particulièrement en Egypte, en Turquie et en Syrie. L'irrigation en agriculture est la principale utilisation de l'eau et une des causes de cet accroissement de la demande sachant que le secteur irrigué en méditerrané a doublé en 40 ans, comptant 20,5 millions d'ha en 2000 contre 11 millions d'ha en 1961. Cette demande accrue en eau a entraîné la création de nouveaux barrages et autres ouvrages hydrauliques avec les conséquences environnementales qui en découlent et selon le WWF, la présence de ces barrages stimulerait encore plus le gaspillage de l'eau en justifiant une augmentation des besoins.
De plus, la demande croissante dans la région méditerranéenne est empirée par un certain nombre de politiques insatisfaisantes, explique le WWF. Les subventions de l'Europe à travers la Politique Agricole Commune (PAC) et les gouvernements nationaux ont encouragé l'abandon de plantations traditionnelles se suffisant de l'eau de pluie, comme les oliviers et les citronniers, au profit de cultures très consommatrices en eau, comme le maïs et la canne à sucre. L'irrigation fait pousser plus vite ces cultures et permet de plus gros rendements, même dans les zones arides et pendant les périodes les plus chaudes de l'année. En dépit des réformes de la PAC ces dernières années, les pratiques agricoles ne changent pas de manière significative parce que les réalisations nationales affaiblissent ces changements explique-t-on dans le rapport du WWF. En Espagne, par exemple, de nouvelles mesures agro-environnementales ont été adoptées en 2005 pour maintenir encore cinq ans la culture du coton dans les bassins versants du Guadalquivir, région très limitée en apport d'eau. Dans les pays ne faisant pas partie de l'Union européenne, le problème est le même avec par exemple la promotion de la culture du riz au Maroc mais pour le WWF ce phénomène serait aggravé par des méthodes d'irrigation inefficaces.

Face à ces constats, l'ONG appelle à un véritable changement dans les politiques européennes et nationales envers une gestion saine de l'eau. Les gouvernements doivent maintenant cesser de subventionner l'irrigation dans les zones où l'eau est rare, précise Francesca Antonelli, la responsable du programme eau douce du WWF Méditerranée. Si l'on ne gère pas l'eau avec plus de prudence, la sécheresse deviendra chronique et les hommes en souffriront d'autant plus que l'eau nécessaire à d'autres besoins, comme boire, se laver et cuisiner, viendra à manquer.
L'ONG demande aux gouvernements de s'engager dans une triple action : améliorer l'efficacité de l'utilisation de l'eau, équilibrer l'attribution de l'eau parmi tous les utilisateurs et développer une gestion intégrée qui tienne compte des besoins à long terme et des objectifs environnementaux. Pour le WWF, la pénurie de l'eau doit être l'une des premières priorités dans des relations multilatérales entre les pays méditerranéens, car les bassins versants franchissent souvent les frontières.

Réactions4 réactions à cet article

Re:valorisation de l'eau

En France , l'eau est utilisée à 80% pour l'agriculture ; et la loi sur l'eau qui vient d'étre adoptée ne fera pas appliquer le principe pollueur/payeur .Quel blanc seing !!!
De plus il y a très peux de contraintes à l'utilisation des cultures très gourmandes en eau .
Les 20% de consommateurs restant auront beau faire tous les efforts possibles, ce sera peanuts tant que cet état de fait ne sera pas pris en compte .

kine Signaler un contenu inapproprié
la géstion durable de l'eau

J'aimerai savoir si on diminuera l'utilisation de l'eau dans l'agriculture dans ces pays et plus précisément dans les pays de la rive sud de la méditerranée, comment va-t-on arriver à l’autosuffisance en nourriture, je pense que l’action qu’il faut mettre en œuvre, c’est encourager ces pays à développer des cultures moins dépendante de l’eau et de trouver ensuite les déboucher en seconde lieu développer le recyclage de l’eau par la mise en place des stations de traitement d’eau. Merci par avance

makhlouf | 20 juillet 2006 à 10h30 Signaler un contenu inapproprié
valorisation de l'eau

pourquoi ne développons nous pas plus les procédés de valorisation d'eaux : récupération des eaux de lessivage des sols, réutilisation des eaux usées épurées, ...?
Il ne s'agit pas tant d'interdire l'utilisation de l'eau pour certains usages mais plutôt d'utiliser la bonne ressource pour le bon emploi. La gestion durable de l'eau passe par un emploi réfléchi des ressources, quitte peut-être à ce que ça ne soit pas économiquement valable à court terme...
Qu'en pensez-vous?

JPEG | 20 juillet 2006 à 13h00 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:valorisation de l'eau

Bonjour,

Les pays visés par l'article se trouvent paradoxalement aux abords d'une réserve colossale en eau : la mer Mediterranée.
Je pense que l'eau aura dans un futur proche une telle valeur qu'il deviendra souhaitable d'installer des unités de désalinisation destinées aux besoins de la consommation humaine. Revers de la médaille : L'eau deviendra alors une ressource qui sera économiquement comparable au pétrole ou au gaz naturel, les unités de désalinisation devenant nos nouvelles raffineries.
Ces raffineries pourront être connectées à des réseaux d'adduction d'eau potable, ou à des réseaux d'irriguation.

Bonne journée à tous

Simon | 01 août 2006 à 13h01 Signaler un contenu inapproprié

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