Les pesticides, produits visant à la destruction de certains organismes vivants jugés nuisibles (animaux, végétaux, micro-organismes) sont utilisés depuis de nombreuses années dans différents domaines, comme l'agriculture, bien entendu, mais aussi la voirie pour l'entretien des infrastructures routières et ferroviaires, le traitement du bois ou bien encore divers usages privés (jardinage, traitement des locaux…). Toutefois, en cas d´utilisation incorrecte (y compris la surutilisation), ils peuvent détériorer la qualité des eaux, de l'air et du sol et nuire à l'environnement et à la santé humaine.
Ils peuvent en effet avoir des incidences néfastes sur les végétaux, la faune sauvage et entraîner plus généralement une réduction de la biodiversité. Et être à l'origine de troubles de santé chroniques ou aigus, suivant le niveau et la durée d'exposition. Des concentrations indésirables de certains pesticides sont régulièrement détectées dans le milieu naturel (en particulier dans le milieu aquatique) et des résidus dépassant les limites autorisées sont parfois décelés dans les denrées alimentaires et les aliments pour animaux, souligne l'Union Européenne.
Avec l'objectif avoué que les Européens d'aujourd'hui et de demain ne voient pas leur santé compromise par l'utilisation de pesticides et puissent jouir d'un environnement sûr, propre et d'une grande richesse naturelle, explique Stavros Dimas, cette nouvelle stratégie, qui complète la législation communautaire en vigueur concernant le contrôle de la mise sur le marché des pesticides, prévoit notamment des plans d'action nationaux, des actions de formation à l'intention des utilisateurs professionnels et des distributeurs, la certification et le contrôle du matériel d'application des pesticides, la protection du milieu aquatique et la restriction voire l'interdiction de l'utilisation des pesticides dans des zones spécifiques.
Elle fait partie des sept stratégies thématiques présentées par la Commission dans le cadre du sixième programme d'action pour l'environnement de l'UE. Les autres stratégies concernent la pollution atmosphérique, l'environnement marin, la prévention et le recyclage des déchets, les ressources naturelles, l'environnement urbain et les sols.
Décrite dans un communication, accompagnée d'une proposition de directive-cadre fixant des objectifs et des exigences communs, mais qui laisse aux États membres une certaine souplesse dans la mise en œuvre en fonction de leur situation géographique, agricole et climatique, elle contient en particulier deux nouvelles propositions législatives : des exigences essentielles en matière de protection de l'environnement que devront respecter les nouveaux équipements d'application des pesticides mis sur le marché et un nouveau règlement concernant les statistiques sur les produits phytosanitaires. Par ailleurs, elle encourage l'utilisation de méthodes phytosanitaires de remplacement ayant une moindre incidence sur la santé et l'environnement. Un nouveau débouché commercial sera ainsi créé pour les sociétés les plus novatrices dans le secteur de la fabrication des produits phytosanitaires chimiques et non-chimiques, estime l'institution européenne. Enfin, elle préconise le passage à une nouvelle génération de pratiques agricoles respectueuses de l'environnement, contribuant ainsi à la modernisation du secteur agricole. Se limitant pour l'heure aux produits phytosanitaires, son champ d'application pourrait être étendu aux produits biocides : désinfectants, produits de protection du bois et peintures antisalissures par exemple.
La nouvelle stratégie européenne crée dès lors un cadre commun au sein duquel chaque État membre établira un plan d´action national. En France, le gouvernement a présenté récemment un plan pour réduire leurs usages. Fruit d'une collaboration entre les ministères de la santé, de l'environnement, de l'agriculture et de l'économie, ce plan prévoit de diviser par deux d'ici trois ans la quantité de pesticides les plus dangereux mis en vente. Rappelons qu'avec 76100 tonnes de substances actives commercialisées en 2004, la France est le premier consommateur de pesticides en Europe et le 3e consommateur mondial derrière les Etats-Unis et le Japon.