Malgré des précipitations orageuses, les mois de juin et de juillet 2006 ont été secs sur l'ensemble du territoire. Quatre grandes zones sont particulièrement concernées : le Sud-Est qui connaît un déficit de précipitations depuis février, le bassin parisien où les nappes phréatiques mal rechargées en 2005 et 2006 sont à des niveaux très bas, le Sud-Ouest affecté par un déficit de pluies depuis trois mois et la région Poitou-Charentes dont les ressources en eau sont limitées.
Ce déficit couplé aux fortes températures a contribué à affaiblir sérieusement les écoulements des cours d'eau. Les assecs ont nettement progressé ces dernières semaines avec plus de 500 km de cours d'eau touchés. Les débits actuels du Tarn et de la Garonne correspondent à des débits observés en général tous les 20 ans. Du côté des eaux souterraines, le niveau des nappes continue à baisser.
Les conséquences de cette situation commencent à se faire sentir sur la qualité de l'eau et sur la faune et la flore aquatique. La température de l'eau de la Garonne n'a jamais été aussi élevée et la migration de certaines espèces notamment le saumon s'en trouve affectée. Des mortalités ponctuelles de poissons ont déjà été observées. Les pollutions des stations d'épuration ou des industries autorisées, mais habituellement diluées, entraînent la dégradation de la qualité des rivières sans pour autant remettre en cause la production d'eau potable qui, selon la ministre, reste l'usage prioritaire. C'est pourquoi, si la situation devient trop préoccupante, EDF se verra contraint de relâcher de l'eau de ces barrages, actuellement mieux remplis qu'en 2005 à la même période.
Les préfets de départements qui avaient reçu dès janvier des instructions pour se préparer à une éventuelle crise estivale, ont déjà pris des dispositions en concertation avec les différents acteurs. Dans 49 départements des mesures de limitation des prélèvements d'eau ont été prises. Dans 24 d'entre eux, certains bassins versants sont concernés par une interdiction totale de prélèvement pour l'irrigation. À ce propos, la Ministre a souhaité saluer l'investissement des agriculteurs en précisant que les surfaces de maïs, plantes très consommatrices d'eau, ont reculé de 9% en 2005 et de 10% en 2006. Nelly Olin explique ce fait par une communication précoce et préventive envers les agriculteurs concernant les risques de sécheresse. En bon exploitant, l'agriculteur ne prend pas le risque de cultiver des plantes comme le maïs s'il sait à l'avance qu'il n'aura pas le droit de les irriguer et qu'il perdra une partie voire la totalité de sa récolte.
Pour le Ministère de l'Ecologie et du Développement Durable, c'est désormais aux citoyens de faire des efforts pour une utilisation économe de l'eau. La Ministre a présenté en ce sens une campagne de sensibilisation destinée au grand public. Réalisée avec les agences de l'eau, cette communication est diffusée sur la radio depuis le 22 juillet et le sera sur les chaînes de télévision du 30 juillet au 22 août. Le slogan, « Il n'y a pas de petits gestes quand on est 60 millions à les faire » rappelle aux Français que leurs gestes individuels en faveur de l'environnement même modestes permettent de véritables économies.
Ainsi on peut facilement économiser chaque jour en France 3 milliards de litres d'eau, soit quatre fois la consommation journalière en eau de Paris. Les spots rappellent qu'un bain consomme 150 litres alors qu'une douche, 50 litres. Un robinet qui goutte perd 100 litres d'eau par jour et un lavage de voiture au jet, à la maison c'est 200 litres alors que dans une station de lavage c'est 60 litres.
Parallèlement, le document « Mouillons-nous pour l'eau » qui donne des conseils pour économiser et protéger l'eau est disponible sur auprès des agences de l'eau
Lors de son intervention, Nelly OLIN a souhaité être très claire sur la situation : il ne faut pas se voiler la face, la période de canicule est liée aux changements climatiques ! A ce propos, ce mois de juillet a été le plus chaud jamais enregistré en moyenne pour la France en 50 ans, a déclaré le directeur adjoint des prévisions météorologiques à Météo-France, Emmanuel Legrand, en estimant que la normale a été dépassée de 3 à 4 degrés. La vague de chaleur actuelle se situe au deuxième rang des plus sévères observées en France depuis 1950, c'est-à-dire après 2003 et avant les épisodes de 1976 et de 1983.
La Ministre a donc invité les Français à contribuer dans leur vie quotidienne à réduire leurs émissions de CO2, par exemple en recourant au crédit d'impôt prévu pour l'isolation des logements ou les chauffe-eau solaires et qui a été renforcé en 2006, en privilégiant les transports en commun, ou encore en utilisant avec modération la climatisation. Nos rejets de CO2 d'aujourd'hui sont la canicule de demain, a-t-elle conclu !