Le rapport montre que la combinaison des changements climatiques, des épisodes de sécheresse et de la disparition des zones humides chargées de stocker l'eau engendre une crise mondiale, aggravée par l'inadéquation des aménagements et la mauvaise gestion de cette ressource. Le rapport se base sur des exemples pris en Australie, en Espagne, au Royaume-Uni, aux États-Unis et au Japon.
En effet, en Europe, les pays souffrent de sécheresses consécutives, alors que l'utilisation intensive de l'eau pour le tourisme et l'agriculture irriguée met en danger les ressources en eau de la Méditerranée. À Londres, les fuites dues à un réseau de distribution vétuste sont estimées à l'équivalent de 300 piscines olympiques par jour. Le WWF note par ailleurs qu'il est maintenant évident que le traitement des pollutions dans le centre de l'Europe ne pourra pas purifier toutes les sources d'eau souillées. L'organisation est convaincue que la Directive-Cadre européenne sur l'Eau (DCE) est une initiative nécessaire pour aborder la gestion de l'eau de l'Europe d'ici 2015, mais déplore une mise en œuvre inégale entre les États membres.
En France, à la veille du deuxième passage de la loi sur l'eau au Sénat, le troisième épisode de sécheresse en quatre ans montre bien que la gestion de l'eau demeure un enjeu majeur et qu'il est indispensable de mettre en place une politique d'objectifs et de moyens cohérents visant à préserver le fonctionnement des milieux aquatiques et la ressource en eau, souligne Cyrille Deshayes, responsable Eaux Douces du WWF-France.
Dans les villes les plus assoiffées au monde, comme Houston et Sydney, le rythme de consommation de l'eau est bien plus élevé que celui de la reconstitution des réserves. Pour le WWF, cette situation risque encore de s'aggraver à cause des changements climatiques notamment à travers une réduction des précipitations, une évaporation accrue et des modifications de la fonte des neiges. Aux États-Unis, la salinité menace des secteurs importants d'irrigation et l'inquiétude augmente face au niveau de contamination par les produits chimiques et les microbes pathogènes dans certaines sources d'approvisionnements en eau potable.
En Australie, presque toutes les villes principales ont appliqué des restrictions d'eau et des mesures d'efficacité. Un programme de sauvetage du plus grand système fluvial du pays a été lancé pour restaurer les écoulements.
Au Japon, malgré des précipitations élevées, la disponibilité en eau par habitant est très faible. Les villes japonaises sont donc exposées à la fois aux risques de manque d'eau et aux risques d'inondations. La contamination des approvisionnements en eau, y compris des aquifères souterrains, est également un problème extrêmement sérieux dans de nombreuses zones.
Ainsi selon le WWF, les pays développés présentent des problèmes communs : épuisement des sources d'approvisionnement en eau, conflits entre usagers, contamination par des produits chimiques ou des agents pathogènes, mauvais fonctionnement des écosystèmes, prix de l'eau…
Quant aux pays émergents, ils ont encore la possibilité de ne pas répéter les erreurs du passé et de s'épargner les coûts élevés qu'entraîne la restauration des écosystèmes d'eau douce détériorés, remarque Jamie Pittock, directeur du programme global Eaux Douces du WWF. Mais certains de ces pays comme le Brésil ou la Chine ont déjà été séduits par de grands projets d'infrastructures et notamment des barrages qui suscitent l'inquiétude quant aux conséquences sur l'environnement et les populations.
Pour le WWF, les problèmes liés à l'eau, qui touchent aujourd'hui tant les pays riches que les nations pauvres, sont des signaux d'alarme qui doivent nous rappeler notre devoir de protéger la nature, source de toute l'eau dont nous avons besoin. Le bien-être matériel et la multiplication des infrastructures ne mettent pas à l'abri contre les pénuries ou les pollutions, et ne constituent pas des substituts efficaces à la protection des cours d'eau et des zones humides, ni à la restauration des plaines inondables !
À l'occasion de la Semaine mondiale de l'eau, le WWF demande aux gouvernements de trouver des solutions adaptées, pour les riches comme pour les pauvres, notamment en réparant les infrastructures vétustes, en réduisant la contamination des eaux et en modifiant les pratiques actuelles d'irrigation des cultures.