Après plusieurs années d'analyse minutieuse, l'ambre vient de révéler ses secrets et l'équipe a publié ses travaux dans les Proceedings of the National Academy of Sciences. Il apparaît que cette résine fossile est exceptionnellement riche en inclusions animales et végétales. En effet, au moins 13 espèces d'insectes et 3 espèces d'acariens ont déjà été identifiées par le paléoentomologiste André Nel, du Muséum National d'Histoire Naturelle à Paris (MNHN). La résine a par exemple piégé plusieurs mouches et moustiques, des guêpes parasites, un coléoptère cousin des coccinelles, etc. Un acarien est même englué sur un fil d'araignée.
D'innombrables microfossiles ont également été saisis par la résine, parmi lesquels une grande diversité de bactéries, de cyanobactéries, de spores de champignons, d'algues, ou encore un lichen et un grain de pollen. Le contenu cellulaire de certains d'entre eux est conservé, ce qui laisse espérer que l'on aura accès à leur ADN pour tenter de reconstituer leur filiation génétique soit leur arbre généalogique.
En comparant les espèces retrouvées à celles d'aujourd'hui, les scientifiques ont pu reconstituer le climat qu'il régnait à l'époque dans la région. Ils savent désormais qu'il y a 12 à 15 millions d'années, l'Amazonie occidentale était un delta ouvert sur une mer intérieure bordée de forêts denses, sous un climat déjà chaud et très humide.
Grâce à cette découverte unique dans cette région, les chercheurs prouvent l'existence précoce d'une grande biodiversité terrestre en Amazonie ce qui tend à contredire l'hypothèse scientifique soutenant que l'apparition de la biodiversité en Amazonie est un phénomène récent. Si cette biodiversité est bien plus ancienne qu'on le pensait, son développement n'est donc pas aussi rapide que prévu. Ainsi, en plus de permettre une avancée majeure sur la connaissance de l'histoire de la région amazonienne, ces résultats et ce nouvel éclairage appuient la nécessité d'enrayer au plus vite l'érosion de la biodiversité observée sur la planète.