Le compostage des déchets consiste en une fermentation en milieu aéré au cours de laquelle les déchets sont stabilisés du fait de la dégradation de la matière organique fermentescible. Ce traitement aboutit à la production d'un amendement riche en humus destiné à retourner au sol. Les particuliers ont la possibilité de pratiquer eux-mêmes le compostage de leurs déchets provenant de la cuisine ou du jardin.
Ce système peut permettre de réduire les quantités de déchets pris en charge par la collectivité. La diminution peut aller jusqu'à 70 kg par habitant et par an, selon le ministère. Cette gestion domestique des déchets se pratique de façon traditionnelle, notamment en milieu rural, souvent par simple mise en tas des déchets, mais elle a plutôt tendance à diminuer. Aujourd'hui seuls 5 millions de foyers sont équipés de composteurs individuels d'après l'agence de la maîtrise de l'énergie et de l'environnement (ADEME) dont 650 000 équipés par les collectivités territoriales dans le cadre d'opérations de sensibilisation.
Préparé avec l'ADEME, ce plan vient en complément des aides actuelles de l'ADEME et vise à augmenter leur impact en valorisant des opérations exemplaires. Il représente notamment pour l'ADEME un triplement de son effort par rapport aux objectifs figurant dans le contrat de projet avec l'Etat et s'articule autour des quatre axes : le développement des connaissances, l'information et la formation aux acteurs, l'apport de conseil et d'expertise aux collectivités et le soutien à la réalisation d'opérations.
L'ADEME consacrera notamment un budget plus important aux types d'actions déjà soutenues (acquisition de composteurs domestiques, formation et communication) avec comme objectif le soutien à l'acquisition de 100.000 composteurs domestiques soit un triplement de l'effort inscrit dans le contrat de plan Etat-Ademe. Par ailleurs, l'agence intensifiera ses efforts par la mise en place d'un kit « collectivités » pour celles qui souhaitent s'engager dans la démarche. Il comprendra, en complément des outils d'animation et de communication et au-delà des soutiens financiers classiques, une offre de formation pour les élus, les techniciens et les « maîtres composteurs ».
Par ailleurs, pour assurer une meilleure diffusion des résultats possibles en matière de compostage domestique, l'ADEME proposera aux collectivités de monter des projets conformes à la « qualification compostage domestique » et retiendra sur cette base, dans chaque région en concertation avec ses délégations régionales, une ou deux opérations exemplaires présentant toutes les caractéristiques favorables à l'émergence d'une référence de qualité.
Pour les projets retenus, l'agence s'engagera à soutenir techniquement et financièrement la démarche et à faire connaître l'opération au niveau régional et national par le biais de ses publications, de son site Internet et de ses interventions sur le thème à des colloques et autres séminaires.
Le ministère espère que la mise en œuvre de ce plan conduira d'ici 5 ans, à la mobilisation de plus d'un million de nouveaux foyers dans le cadre d'opérations collectives de promotion, soit plus du double de la situation à fin 2005.
Le Centre National d'Information Indépendante sur les Déchets (CNIDD) salue l'initiative prise par le ministère de s'engager dans une politique de réduction des déchets, mais estime les mesures timides. Favoriser le compostage individuel n'est pas suffisant, explique le CNIDD. Il préconise, de ce fait, des mesures complémentaires pour aboutir à une réduction réelle des déchets organiques et notamment : soutien aux plates-formes de compostage collectif et aux usines de méthanisation (très peu nombreuses en France par rapport aux pays voisins), développement du compostage collectif local en milieu urbain, mesures d'accompagnement pour les collectivités locales (communication et pédagogie auprès des citoyens, création de poste de « maître composteur »
L'association recommande que la ministre fixe un objectif ambitieux de compostage des déchets ménagers de 30% d'ici à 2008, date censée correspondre à la stabilisation de la production de déchet selon le plan national de prévention de la production des déchets.
Ce plan fait partie de la politique de gestion des déchets présentée par, Nelly Olin, le 21 septembre 2005 en conseil des ministres. Les quantités de déchets compostés sont en croissance ces dernières années ce qui correspond à autant de déchets détournés de l'incinération ou de la mise en décharge et permet de réduire les émissions de CO2 dues au transport des déchets. L'objectif fixé par la ministre de l'écologie est en effet de ramener les quantités mises en décharge ou incinérées de 290 kg (sur les 360 kg de déchets produits annuellement et en moyenne par chaque Français) à 250 kg par an dans 5 ans puis à 200 kg par an dans 10 ans, ce qui suppose, entre autres, un développement important du compostage.
Mais pour le CNIDD, la politique française actuelle de gestion des déchets manque de cohérence. Dans la même semaine, Mme Olin annonce des mesures timides en faveur du compostage des déchets et inaugure un incinérateur, véritable pompe à déchets et à finances qui handicape le développement des filières alternatives de traitement, s'interroge Hélène Bourges, chargée de la campagne Alternatives au CNIID. Le choix français du tout incinération discrédite une fois de plus l'engagement du gouvernement pour la réduction des déchets, ajoute-t-elle.