Les manchots royaux (Aptenodytes patagonicus), que l'on rencontre notamment dans l'archipel sub-antarctique français de Crozet, à mi-chemin entre l'Afrique australe et l'Antarctique, mènent une vie caractérisée par l'alternance de séjours à terre, où ils se reproduisent, et de longs départs en mer pour s'alimenter.
Les chercheurs du Centre d'écologie et de physiologie énergétiques (CEPE/CNRS) de Strasbourg ont découvert il y a quelques années que le mâle du manchot royal, tout en jeûnant sur son parcours de 400 à 500 km dans les eaux polaires, regagne la terre avec de la nourriture parfaitement conservée dans son estomac. Il revient remplacer la femelle pour la dernière période d'incubation du poussin.
Suite à cette observation, Cécile Thouzeau et ses collègues ont cherché à élucider les mystères de cette étonnante capacité de conservation de nourriture. A partir des prélèvements d'échantillons de contenu stomacal de manchots en train de couver, les chercheurs ont réussi à isoler une substance antimicrobienne, la ''sphéniscine'' (du nom scientifique de la famille des manchots, les sphéniscidés).
Il s'agit d'une peptide (composante de protéine), qui semble agir en association avec d'autres molécules. Mais on sait d'ores et déjà, soulignent les biologistes, qu'elle est active contre un grand nombre de micro-organismes (bactéries, champignons...) dont certains sont à l'origine de maladies humaines. Elle arrête totalement, par exemple, la croissance d'Aspergillus fumigatus, champignon provoquant une pneumopathie connue sous le nom d'aspergillose invasive et touchant les personnes aux défenses immunitaires affaiblies.
Outre un avenir qui semble prometteur dans le domaine biomédical, la sphéniscine pourrait également contribuer à l'amélioration des techniques de conservation agroalimentaires, commentent les scientifiques.
Source : AFP