''On a besoin d'avoir ce réacteur, après l'avoir construit et l'avoir exploité industriellement, entre 2015 et 2020. Si vous prenez en ordre de grandeur qu'il faut dix ans pour construire un réacteur de cette nature et trois ans d'exploitation industrielle pour en être parfaitement sûr, ça veut dire que dans l'année 2004 ou 2005, il faut prendre cette décision '', a-t-il dit.
''En terme de sûreté, l'EPR est le réacteur le plus sûr qui sera jamais installé'', a fait valoir le président d'EDF. ''Dans les 20 prochaines années, le monde a besoin que l'on construise autant de moyens de production d'électricité que pendant tout le 20ème siècle'', a-t-il affirmé.
Interrogé sur les hésitations du gouvernement à s'engager dans le projet EPR, M. Roussely a répondu ne pas avoir ''l'impression que sur le nucléaire le gouvernement hésite beaucoup''.
''Que ce soit sur le nucléaire de court terme, EPR, ou de long terme, Iter (...) il me semble qu'il y a beaucoup de continuité
'' au sein du gouvernement'', a-t-il dit. L'UE, la Russie, la Chine, les Etats-Unis, la Corée du Sud et le Japon sont impliqués dans le projet Iter dont l'objectif à terme est de reproduire sur terre la fusion qui a lieu dans les étoiles.
Plusieurs milliers de manifestants ont défilé le 17 janvier à Paris contre ''le retour du nucléaire'' et le projet de nouveau réacteur, un ''retour en arrière'' que les anti-nucléaires ont symbolisé en démarrant le défilé à reculons.
Les manifestants, ''plus de 15.000'' selon les organisateurs, 5.800 selon la police, ont marché à reculons sur plusieurs centaines de mètres, avant de se retourner ''vers une France nouvelle, dénucléarisée''. ''L'objectif est atteint : sensibiliser l'opinion publique sur les dangers de la relance du nucléaire'', a déclaré à l'AFP Stéphane Lhomme, porte-parole du Réseau Sortir du Nucléaire, principal organisateur de cette manifestation.
Selon le porte-parole de ce réseau qui revendique la participation de quelque 650 associations, la manifestation de samedi était ''centrée sur l'EPR, qui pourrait être le premier réacteur d'une longue série''. ''C'est en fait une véritable relance du nucléaire qui se profile devant nous'', ajoute-t-il.
Le réacteur européen à eau sous pression ou EPR, qui devrait recevoir prochainement le feu vert du gouvernement, est appelé à remplacer une partie des 58 réacteurs équipant les centrales françaises quand ils arriveront en fin de vie. Un premier exemplaire de ce réacteur, construit par le consortium franco-allemand Areva-Siemens, doit entrer en fonctionnement en Finlande en 2009.
''L'EPR n'a aucune utilité quels que soient le scénario d'évolution de la consommation énergétique'', estime la directrice de Greenpeace France, Michèle Rivasi. ''Avec les 3 milliards d'euros qui seront consacrés en France à la construction d'un démonstrateur (sorte de prototype), on pourrait investir dans les énergies renouvelables et produire deux fois plus d'électricité'', ajoute-t-elle, dénonçant le fait qu'aucune expertise indépendante n'ait été menée sur la validité de ce projet.
Parmi les cibles favorites des anti-nucléaires, ''l'EPR qui nous pompe l'air'', Areva, le constructeur de l'EPR (''Go home''), mais aussi la ministre de l'Ecologie Roselyne Bachelot, ''ministre de la chasse et du nucléaire durable''. Greenpeace exhibait de son côté six éoliennes modèle réduit.
Plusieurs dizaines de mouvements écologistes et anti-nucléaires européens, notamment allemands, néerlandais, espagnols et finlandais, appelaient à cette manifestation contre l'EPR. ''Ils veulent utiliser la Finlande parce que ce pays a la réputation d'être sensible à l'environnement'', selon Ulla Kloetze, militante de l'organisation finlandaise Women against nuclear power.
Source : AFP