Soixante-neuf eurodéputés de tous bords appellent Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, à interdire l'exportation de pesticides qui ont été prohibés dans l'Union européenne (UE), « en raison de leurs effets néfastes sur la santé et l'environnement ». Ils lui demandent aussi de cesser d'importer des denrées alimentaires « produites avec ces substances dangereuses en dehors de l'UE ».
La semaine dernière, soixante-seize ONG ont fait la même requête auprès du vice-président de la Commission et des commissaires européens concernés.
« Nous voulons mettre l'Europe face à ses responsabilités. On ne peut pas parler de Pacte vert, de stratégie de protection de la biodiversité, de réduction de pesticides et, dans le même temps, autoriser l'exportation de pesticides pourtant interdits en Europe mais disséminés partout ailleurs dans le monde », explique Éric Andrieu, eurodéputé français socialiste à l'origine de l'initiative. Parmi les signataires de la lettre envoyée à Mme Von der Leyen, figurent plusieurs eurodéputés du groupe Socialistes et démocrates (S&D), des Verts/Alliance libre européenne (Verts/ALE) ou de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique (GUE/NGL).
En 2018, l'UE a exporté plus de 81 000 tonnes de pesticides contenant 41 substances dangereuses interdites sur son sol, rappellent les députés. En 2018, 74 pesticides différents, interdits aussi, ont été détectés dans des aliments vendus sur le marché de l'UE.
Les eurodéputés mettent aussi en avant l'exemple de la France qui interdira, à compter de 2022, la production et la vente de pesticides non approuvés dans l'UE. Ils font référence à la décision rendue le 31 janvier 2020 par le Conseil constitutionnel validant l'interdiction française. Ils se félicitent en outre de l'engagement de la Commission à revoir les tolérances d'importation des substances répondant aux critères d'exclusion. La Commission prévoit aussi de renforcer « la dimension environnementale » de la législation sur les limites maximales de résidus (LMR).
Les députés « prennent acte » aussi de la stratégie, publiée en octobre par la Commission, « sur les produits chimiques pour la durabilité ». L'exécutif européen s'engage à « veiller à ce que les substances chimiques dangereuses interdites dans l'Union européenne ne soient pas produites à des fins d'exportation ». Cet engagement « doit englober les pesticides dangereux », martèlent les eurodéputés.