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Actu-Environnement

La conférence «Biodiversité» s'ouvre sur un constat effrayant : 15.589 espèces risquent l'extinction

1.200 scientifiques se réunissent depuis ce matin à Paris sur le thème de la Biodiversité. Malgré les risques qui pèsent sur des milliers d'espèces et sur l'Homme par voie de conséquences, il est vraisemblable que rien de concret n'en ressorte...

Organisée sous l'impulsion de Jacques Chirac, la conférence sur la Biodiversité va se tenir pendant une semaine à l'UNESCO à Paris alors que la France est vivement critiquée par ses partenaires européens pour les retards dans l'application de la directive Natura 2000. Cette directive de 1991 impose à chaque Etat-membre de protéger les habitats naturels les plus menacés. Quatorze ans après, et malgré des progrès sensibles depuis quatre ans, la France ne remplit toujours pas ses obligations en raison du rejet des populations des zones concernées. Quelque 7,7% du territoire sont aujourd'hui protégés pour un objectif de 8,5%. La Cour européenne de justice a condamné la France à plusieurs reprises, et la Commission a menacé le 12 janvier Paris d'une amende.

Avant même l'ouverture de cette conférence, tous s'accorde pour dire que la situation est extrêmement grave : selon l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature et de ses ressources (UICN) 15.589 espèces sont menacées d'extinction : un mammifère sur quatre, un oiseau sur huit et un amphibien sur trois.
Certains évoquent même le fait que la planète traverse la sixième grande crise d'extinction des espèces depuis le début de la vie sur terre il y a 3,8 milliards d'année. Toutefois, à la différence des cinq crises précédentes et notamment de la dernière qui a entraîné la disparition des dinosaures, il ne s'agit plus de sélection naturelle portant sur la capacité d'adaptation mais bien de la pression de l'activité humaine sur les espèces.

Nicolas Hulot, invité comme grand témoin et surtout comme ambassadeur auprès du grand-public dénonce l'arsenal dont l'humanité s'est dotée pour exploiter les ressources naturelles et décrit notre civilisation comme celle du gâchis s'appuyant par exemple sur la constatation selon laquelle pour exploiter la forêt, on fait des coupes à blanc qui épuise définitivement les sols et empêche toute régénération.
Son amitié avec le président de la République ne l'empêche pas d'écorcher la politique gouvernementale comme il rappelle que la France, très grande donneuse de leçon a quasiment abandonné sa forêt guyanaise et omit de classer la barrière de corail de Nouvelle Calédonie en réserve de biosphère. Jacques Chirac s'est d'ailleurs engagé à ce que ces dossiers aboutissent rapidement.

Robert Barbault, directeur du département Ecologie du Muséum d'histoire naturelle rappelle que les destins de l'homme et de la nature sont indissociables en déclarant pour sa part que l'''On a pas compris que la nature, c'est nous'' et que ''La déforestation, c'est une catastrophe économique en préparation''. Or ''Toutes les six heures, c'est une surface forestière équivalente à Paris, ville d'accueil de ce nouveau sommet, qui disparaît'', estiment les Amis de la Terre et Greenpeace.

Face à ce constat effrayant, ''la communauté scientifique est fragmentée et n'a pas les moyens de mener les recherches'', estime Michel Loreau, président du conseil scientifique de la conférence.
La biodiversité souffre en effet de n'avoir aucun groupe d'expertise validé par la communauté internationale pour alerter et faire pression sur les chefs d'État et l'opinion. La Convention sur la biodiversité, signée en 1992, n'impose donc pas de cadre contraignant aux États, contrairement au Protocole de Kyoto pour le climat. ''On n'avance pas'', résume Sébastien Moncorps, directeur de l'UICN pour la France.
Même si les chefs d'État se sont engagés en 2002 au Sommet de la Terre de Johannesburg à réduire la perte de biodiversité d'ici 2010, l'objectif est jugé à la fois trop vague et irréaliste par les scientifiques.

La conférence de Paris, organisée en dehors du cadre officiel de négociation des Nations Unies, ne pourra donc rien adopter formellement, tout au plus proposer la création d'un groupe d'experts mondial sur la biodiversité, comparable au Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC).

Réactions2 réactions à cet article

De la "protection" liée à Natura 2000

Je réagis au terme "protégé" fréquemment employé par les médias, votre article ne fait hélas pas exception, et les services de l'Etat pour parler des territoires classés au titre Natura 2000. Il y a une confusion notable avec le régime des parcs nationaux où le classement impose une protection (et même là, on a vu tout récemment avec les abattages de Loups que cela n'était pas toujours vrai !). C'est oublier également que, pour le cas de la France tout du moins, la mise en oeuvre des préconnisations du DOCOB est liée à une démarche contractuelle de passation de contrats Natura 2000 pour la gestion de la biodiversité ayant justifié le classement. Rien n'oblige donc vraiment aujourd'hui un agriculteur ou un propriétaire foncier à "protéger" le patrimoine naturel, quant bien même il se situe en zone Natura 2000.

Jean ELDIN
Directeur de l'association Indre Nature

Anonyme | 27 janvier 2005 à 15h38 Signaler un contenu inapproprié
agir sans attendre que le voisin fasse de même

une action internationale et concertée est bien sûr souhaitable mais nous ne devons pas attendre. Il faut comme l'indique HULOT balayer devant sa porte et prendre chez nous des mesures exemplaires: protection de nos sites ( guyane, calédonie) mais aussi en "métropole" efforts de biodiversité passant par une mutation progressive de l'agriculture. Les grandes zones céréalières ne sont elles pas des déserts au sens de la biodiversité ? Dernier point, nos importations (bois exotiques) se doivent d'etre irréprochable. Chacun à son niveau peut éviter d'acheter du teck ou vérifier qu'il provient d'une exploitation de forêt bien gérée...

tibou | 28 janvier 2005 à 17h36 Signaler un contenu inapproprié

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