Une aventure scientifique extrême commence pour dix Français et trois Italiens qui se poursuivra jusqu'en novembre prochain (printemps austral). En effet, l'équipe technique d'hivernage est constituée de 9 personnes à laquelle sont associés 4 scientifiques qui mettront à profit cette première saison pour lancer des programmes de recherche en astronomie, glaciologie, chimie de l'atmosphère, en sciences de la terre, en microbiologie et en médecine de milieux confinés.
Ce premier hivernage sera un hivernage dit de qualification dédié à l'achèvement de certains travaux de second œuvre et aux essais des principales installations en conditions réelles.
Une attention toute particulière a été portée aux dispositifs de sécurité des personnes pour tenir compte de l'isolement extrême et de l'environnement particulièrement hostile, les températures hivernales pouvant chuter jusqu'à -80°C, indique l'IPEV.
En effet, le ralliement de Dôme C s'effectue soit par convois terrestres, au départ de Dumont d'Urville (une dizaine de jours pour 1 100 Km), soit par transport aérien léger, (personnel et petit matériel) au départ de la base italienne Terra Nova Bay (4 heures d'avion pour 1 200 Km).
Cette station, constituée de deux bâtiments cylindriques sur pilotis, d'une surface habitable de 1.500 m2, est exceptionnelle et spécialement favorable à de nombreuses recherches scientifiques. En effet, le site de Dôme C a été choisi en fonction de plusieurs critères scientifiques :
- Présence d'une épaisse calotte glaciaire permettant d'accéder aux archives du climat de la planète et de reconstruire les cycles interglaciaires sur plusieurs centaines de milliers d'années.
- Atmosphère particulièrement stable, pure et sèche idéale pour des observations en astronomie et pour des études sur la composition chimique des basses et hautes couches de l'atmosphère.
- Situation éloignée des perturbations côtières, favorable aux Observatoires en magnétisme et sismologie, complétant ainsi le réseau mondial de données peu fourni dans l'hémisphère sud.
- Isolement, confinement, hostilité du climat, conditions particulières dans lesquelles fonctionne un groupe d'hivernants sur une longue période, propice à la réalisation de programmes biomédicaux applicables à des vols spatiaux.
Alors que 44 bases se répartissent sur le pourtour du continent Antarctique, la nouvelle station, déjà ouverte comme base d'été (décembre à février), deviendra la troisième base antarctique permanente. Seize personnes pourront y passer les neuf mois de l'hiver austral, quarante autres dans un camp annexe pendant l'été. Les deux autres présentes sont la base américaine Amundsen Scott, au Pôle Sud, et la base russe Vostok.
La construction de la station s'est échelonnée sur 5 saisons d'été austral de 10 semaines chacune. Elle a fait appel à de nombreuses innovations technologiques et logistiques et au savoir-faire spécifique des équipes qui sont intervenues sur le site.