Après deux années de recherches, l'Alliance HQE-GBC a présenté, le 11 février, une méthodologie qui permet d'évaluer les performances environnementales des bâtiments rénovés calculées sur l'ensemble de leur cycle de vie. Ses travaux, lancés en 2017, ont permis de finaliser une méthode commune de calcul des impacts environnementaux sur tous les types de bâtiments en rénovation. La méthode a été élaborée, en partenariat avec les établissements publics de recherche Cerema et CSTB ainsi que les organismes certificateurs Cerqual et Certivéa.
La méthode ACV Rénovation calquée sur le référentiel E+C-
La méthodologie de calcul de l'ACV des bâtiments rénovés est basée sur le référentiel Energie+ Carbone-(E+C-), actuellement expérimenté par les maîtres d'ouvrage. Ce référentiel préfigure la réglementation environnementale 2020 des bâtiments neufs.
Les règles d'application et d'évaluation de la performance environnementale des bâtiments existants sont une continuité de la méthode d'évaluation du référentiel E+C- qui est "lui-même basé sur la norme NF EN 15978", précise l'Alliance HQE-GBC. Dix opérations de bâtiments rénovés ont testé les indicateurs de cette méthodologie. "Ces travaux ont permis de définir pour une première mondiale une méthode pour l'ACV des bâtiments rénovés valides à tous les types de rénovation", souligne l'Alliance.
Le calcul des impacts de quatre contributeurs
La totalité des impacts environnementaux est calculée sur l'ensemble du cycle de vie du bâtiment (soit 50 ans). La méthode de l'ACV permet de calculer les indicateurs de la performance environnementale des bâtiments rénovés dont les émissions de gaz à effet de serre. Ces indicateurs sont la somme de quatre contributeurs. Sont pris en compte, les produits de construction et des équipements qui concernent l'ensemble des composants présents dans le bâtiment et sa parcelle. Le calcul des impacts de ce contributeur est basé sur un calcul d'amortissement.
Trois types de produits de construction et des équipements sont distingués : les éléments conservés lors de l'opération, déposés lors du chantier et neufs (nouvellement ajoutés à l'ouvrage). Pour les produits et équipements conservés ou déposés, la méthodologie introduit la notion d'amortissement de ces éléments en fonction de la durée de vie, ce qui permet de prendre en compte le temps dans les impacts environnementaux affectés.
"Les impacts environnementaux des produits de construction et des équipements sur leur cycle de vie ne sont pas instantanés, ni phasés. Ils sont lissés sur toute leur durée de vie, produisant un effet d'amortissement. Avec une hypothèse linéaire, si un produit a une durée de vie de X années, on amortira chaque année 1/X fois son impact environnemental sur le « total cycle de vie »", explique l'Alliance.
C'est une vision "comptable" de l'ACV : "si les produits et équipements installés dans le bâtiment initial ont déjà été amortis sur la période d'étude prise en compte dans l'analyse de cycle de vie (fictive ou non) de ce bâtiment initial, ils ne doivent plus être comptabilisés", ajoute-t-elle. Ainsi, les impacts liés aux produits et aux équipements conservés et déposés "ne sont comptabilisés que s'ils ne sont pas amortis". Les impacts environnementaux des produits de construction et des équipements neufs ainsi que des fluides frigorigènes sont quant à eux calculés "comme dans le cas d'un bâtiment neuf, soit 100% des impacts".
Le calcul de l'impact environnemental inclut aussi trois autres contributeurs. Il s'agit des consommations d'énergie tous usages du bâtiment qui sont estimées à l'aide d'un calcul réglementaire ou d'une simulation thermique dynamique (STD). Les consommations d'eau sont aussi estimées à l'échelle du bâtiment et de sa parcelle.
Les impacts du chantier de rénovation sont également comptabilisés. Ils couvrent les consommations d'énergie du chantier (grues, engins de chantier, etc.), ses consommations et rejets d'eau, l'évacuation et le traitement des déchets de terrassement ainsi que le processus de restauration des éléments conservés et le transport.
Les données de la base Inies utilisées
Les données utilisées pour calculer l'ACV des bâtiments rénovés sont issues de la base nationale de données Inies. En cas d'absence de données détaillées, une méthode simplifiée de l'ACV est possible. Cette méthode fournit des valeurs forfaitaires d'impacts par typologie de bâtiment et par lot. Les logiciels, compatibles au référentiel E+C- et connectés à la base Inies, peuvent être utilisés.