Une faible connectivité entre les aires marines protégées (AMP) méditerranéenne pourrait menacer la préservation de plusieurs espèces. C'est ce que démontre une étude, qui s'inscrit dans le cadre du programme "modélisation et scénarios de la biodiversité" animé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB).
Cette étude réalisée par des chercheurs de l'IRD, du CNRS, de l'Université Montpellier 2, d'Aix-Marseille Université (AMU), de Mercator Océan et de l'Université du Québec est la première à s'être intéressée au degré de connectivité entre les AMP, c'est-à-dire au niveau d'échange d'individus entre les AMP et les différentes régions. Cette connectivité est déjà impactée par les changements climatiques puisque l'augmentation de la température des mers a des conséquences sur la survie des larves et des adultes et altère les facteurs physiques de la circulation marine.
Le mérou brun pris en exemple
Les scientifiques se sont appuyés sur le mérou brun, une espèce surexploitée dont la survie dépend des AMP, et ont utilisé des modèles biophysiques de dispersion larvaire. Ils ont constaté une distance moyenne de 1.032 km entre deux AMP alors que la dispersion des larves de mérou brun n'est que de 120 km, ce qui laisse de nombreuses populations de mérou totalement isolées. Les chercheurs ont aussi souligné la grande hétérogénéité de dispersion des AMP qui entraine une absence d'apport larvaire sur près de 20% du plateau continental.
Le modèle utilisé dans cette étude pourrait permettre d'évaluer la connectivité d'autres AMP et servir d'outil d'aide à la désignation des futures AMP.
