Dans un avis rendu public ce mardi 13 septembre, l'Ademe pointe à nouveau du doigt l'efficacité des plantes dépolluantes d'intérieur. Une quarantaine de ce type de plantes sont actuellement référencées dans les catalogues de vente des distributeurs spécialisés dont les jardineries. Or, ''les arguments commerciaux qui font généralement la promotion des plantes dites « dépolluantes » ne sont pas toujours fondés sur des études scientifiques'', indique l'agence qui participe depuis 2004 au programme national de recherche Phyt'air.
Le programme Phyt'air
Si des recherches scientifiques ont en revanche démontré en laboratoire la capacité de certaines plantes, via leurs substrats, à éliminer les polluants gazeux, l'efficacité des plantes en pot reste encore à prouver à l'échelle d'un logement, selon l'Ademe. "En laboratoire, en enceintes contrôlées, des plantes peuvent présenter une capacité à absorber certains polluants gazeux. Cette capacité peut être influencée par différents paramètres physiques et/ou biologiques. Dans les bâtiments, en conditions réelles d'exposition, l'efficacité d'épuration de l'air par les plantes seules est inférieure à l'effet du taux de renouvellement de l'air sur les concentrations de polluants", explique l'Agence, en s'appuyant sur les études menées par Phyt'air.
En collaboration notamment avec le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment,l'association Plant'airpur, et la Faculté de Pharmacie de Lille, Phyt'air a en effet évalué, en conditions contrôlées en laboratoire, les performances d'épuration de trois plantes d'intérieur très répandues chez les particuliers : Pothos ou Lierre du diable, Plante araignée et Dragonnier. Trois substances chimiques ont également été à l'étude. Il s'agit du formaldéhyde (polluant majeur de l'air d'intérieur qui émane des mousses d'isolation, la colle à moquette, colles de bois), le benzène (solvant présent dans les peintures, encres, matières plastiques ou détergents) et le monoxyde de carbone (provoqué par les appareils de chauffage…). Résultats : les concentrations de monoxyde de carbone (CO) ont diminué en plus forte proportion comparée aux deux autres polluants benzène et formaldéhyde. Le programme a notamment testé un système biofiltré mais ''qui ne révèle pas de contributions significatives à la diminution des niveaux de polluants observés dans les conditions de l'étude. L'efficacité réelle de l'ensemble de ces systèmes reste à évaluer selon des protocoles standardisés (ou normalisés)'', estime l'Ademe.
La dernière phase du programme Phyt'Air, qui prendra fin en 2012, visait justement à tester les capacités d'épuration des plantes en jardinière dans des conditions réelles d'exposition. Toutefois, "l'ensemble des essais d'exposition réalisés avec des sources multiples et complexes (type chauffage d'appoint, bâton d'encens et parquet en pin) ne permet pas de conclure quant à une potentielle efficacité des plantes sur l'élimination des polluants étudiés", selon elle.
La délivrance d'un label ''capacité d'épuration de l'air'' pour une plante apparaît donc ''largement prématurée'', avait déjà averti en juin 2010 Joëlle Colosio, chef du service d'évaluation de la qualité de l'air à l'Ademe, lors d'un colloque. D'autant que d'autres polluants de l'air intérieur (champignons, composés organiques semi-volatils ou COV, particules fines…) n'ont pas encore fait l'objet d'études.
Privilégier la ventilation et l'aération
Selon l'Ademe, la priorité reste la prévention et la limitation des sources de pollution accompagnées d'une ventilation ou plus généralement d'une aération des locaux. Ouvrir les fenêtres tous les jours, ne pas bloquer les orifices d'aération, entretenir les chauffe eaux et chaudières ou réduire l'utilisation de produits chimiques figurent parmi les préconisations de l'Agence en matière d'amélioration de la qualité de l'air intérieur.