Marisol Touraine a indiqué "[avoir] décidé, avec Stéphane Le Foll et Ségolène Royal (...), de saisir l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), afin qu'elle nous propose des critères permettant de prévoir une limite maximale globale pour tous les pesticides présents dans l'alimentation, comme cela existe pour l'eau". La ministre de la Santé estime qu'"il n'y a pas de raison que les normes applicables à l'eau que nous buvons soient plus strictes que celles qui portent sur les aliments que nous mangeons".
Marisol Touraine a annoncé cette saisine, jeudi 13 octobre, à l'occasion des questions au gouvernement au Sénat. Elle répondait à une question de Joël Labbé (groupe écologiste) qui s'inquiétait des "résultats accablants" des analyses menées par l'association Génération futures concernant la présence de pesticides dans le muesli. Le sénateur a expliqué que ces produits restent autorisés, malgré une concentration moyenne pour l'ensemble des pesticides 354 fois plus élevée que celle admissible dans l'eau de boisson. Ces aliments restent autorisés "parce que la limite maximale de résidus, la LMR, c'est-à-dire la norme qui s'applique aux aliments, fixe une limite admissible pour chaque substance et chaque type d'aliment et qu'il n'y a pas de limite globale de résidus, comme pour l'eau de boisson", déplore-t-il. L'absence de prise en compte de l'effet cocktail "laisse la possibilité de multiplier à l'infini le nombre de substances résiduelles". La ministre a convenu que l'étude de Générations futures "peut conduire à se poser un certain nombre de questions et provoquer des inquiétudes".
Revenant sur la définition des perturbateurs endocriniens publiée par la Commission européenne, Marisol Touraine a rappelé que, du point de vue de l'exécutif français, le projet "n'est pas satisfaisant, car il propose une définition trop restrictive". Elle a reçu le commissaire européen chargé de la santé et lui a indiqué que les travaux de l'Anses permettent d'être plus ambitieux. La France plaide pour que "la définition adoptée à Bruxelles aille plus loin que celle envisagée actuellement".