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L'Anses émet cinq recommandations concernant l'usage professionnel du talc

Le talc est susceptible de contenir des fibres minérales, dont de l'amiante. Face au peu de données relatives à la composition exacte de certains talcs et à la difficile évaluation des expositions professionnelles, l'Anses propose cinq mesures.

Risques  |    |  P. Collet
L'Anses émet cinq recommandations concernant l'usage professionnel du talc

Vendredi 20 avril 2012, l'Agence nationale de la sécurité sanitaire (Anses) a publié un rapport d'expertise collective et un Avis relatifs aux risques liés au talc en milieu professionnel (1) . Le talc contenant des fibres d'amiante étant "considéré par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) [depuis] 2010 comme cancérogène avéré chez l'homme", l'Agence recommande cinq mesures concernant l'utilisation du talc en milieu professionnel.

Définition règlementaire de l'amiante.

L'Anses rappelle que "la dénomination « fibre d'amiante » désigne six fibres minérales, qui se distinguent par leur forme dite « asbestiforme », c'est-à-dire « ayant la forme d'amiante »".
Les six types de fibres d'amiante se répartissent en deux familles, "les serpentines qui ne contiennent qu'un type de fibre - le chrysotile - et (…) les amphiboles qui regroupent cinq types de fibres asbestiformes : l'actinolite, l'anthophyllite, la trémolite, l'amosite, et la crocidolite".
L'Avis de l'Anses pointe cependant une difficulté méthodologique : "les méthodes analytiques, préconisées par la réglementation pour la détermination des fibres d'amiante, ne permettent pas toujours de différencier une fibre minérale asbestiforme de son homologue non asbestiforme" car "il n'existe actuellement aucune méthode fiable et reproductible pour différencier de façon simple, et dans tous les cas d'analyse, les fragments de clivage des fibres asbestiformes, ou non asbestiformes".
Possible présence d'amiante dans le talc

Le talc est un minéral dont les particules "se présentent généralement sous forme de plaques mais peuvent, plus rarement, prendre la forme de fibres longues et fines, formant ainsi du talc fibreux". Quant à sa composition chimique, elle peut inclure d'autres minéraux associés selon le type de roche originelle et la nature de la transformation géologique à l'origine de leurs formations.

Or, "les travaux menés par l'Agence montrent que le talc peut contenir, selon les différents gisements de production dont il est issu, d'autres minéraux fibreux ou non fibreux [et] en particulier (…) des fibres minérales ayant des structures chimiques analogues à celles des six fibres minérales classées comme des fibres d'amiante au sens réglementaire". Un constat qui pose problème puisque "le niveau de connaissance de la nature minérale et de la composition des différents gisements de talc dans le monde est assez limité".

C'est à la suite de plusieurs signalements concernant l'utilisation en milieu professionnel d'un enduit fabriqué à partir de talc suspecté de contenir des fibres d'amiante que l'Anses "a été saisie en mars 2009 pour faire le point sur la composition en fibres minérales, et en fragments de clivage, des talcs, ainsi que sur les risques sanitaires liés à leur utilisation". Une étude qui s'achève avec la formulation de cinq recommandations.

Appliquer la législation amiante

En premier lieu, l'Anses recommande "d'établir une cartographie précise des différents gisements de talc dans le monde avec une identification des autres fibres minérales qu'ils sont susceptibles de contenir, et d'assurer la traçabilité des talcs, depuis leur extraction jusqu'à leur commercialisation en France".

"En l'absence de toute information fiable et validée sur l'origine des talcs, qui permette d'affirmer l'absence de contamination par des fibres asbestiformes (2) " (des fibres ayant la forme d'amiante), l'Anses préconise "de rechercher, selon les méthodes réglementaires qui concernent la recherche d'amiante dans les matériaux, les fibres d'actinolite, de trémolite et d'anthophyllite (ATA) dans les talcs, ou dans les produits contenant du talc, commercialisés en France". Si cette recherche met en évidence des fibres ATA dans ces produits, l'Agence recommande d'appliquer la réglementation sur l'amiante.

De même, la réglementation sur l'amiante en milieu de travail devrait être appliquée "en cas de présence de fibres d'amphiboles ATA dans l'air inhalé par les travailleurs exposés au talc, ou aux produits en contenant".

Quant à la dernière recommandation, elle vise la recherche. L'Anses propose "de développer des méthodes analytiques et des études sur les effets sanitaires pour permettre à la fois de différencier les fibres asbestiformes des fibres non asbestiformes, et d'améliorer les connaissances sur les effets sanitaires des différentes fibres non asbestiformes".

Peu de données pour établir la dangerosité

L'Anses a identifié diverses expositions professionnelles à la poussière de talc lors de l'exploitation minière, du broyage, de l'ensachage, du chargement et de l'utilisation du talc. De même, elle a identifié certaines activités exposées, telles que l'industrie du caoutchouc et la fabrication de céramiques, de peintures et d'émaux. "Ces expositions correspondent le plus souvent à un mélange de talc et de poussières minérales de compositions variables", note l'Anses, précisant que "les fibres minérales (asbestiformes ou non asbestiformes) sont des contaminants fréquents".

Quant aux "niveaux d'exposition professionnelle brute", s'ils sont "relativement bien connus" dans les mines et les moulins, "dans la grande majorité des cas" leur caractérisation "reste le plus souvent sommaire et imprécise". En cause, l'absence de mention de la nature minéralogique des talcs étudiés, notamment concernant la présence potentielle de trémolite, asbestiforme ou non asbestiforme, dans les gisements de talcs. Néanmoins, l'Agence considère que "les valeurs d'exposition (…), hors mines et stations de broyage, sont très limitées, et ne sont pas exploitables pour une évaluation des expositions, ou pour une estimation des risques sanitaires".

Enfin, l'Anses "confirme les données sanitaires relatives aux effets de l'exposition au talc sur la santé, et notamment les effets non cancérogènes (talcoses), qui se produisent, en particulier, à la suite d'une exposition à long terme". Quant aux possibles effets cancérogènes de certains talcs "contenant des fibres minérales non asbestiformes ou des fragments de clivage", elle juge que "les données épidémiologiques et toxicologiques ne permettent pas à l'heure actuelle, de se prononcer sur ce risque".

1. Consulter le rapport et l'Avis.
http://www.anses.fr/cgi-bin/countdocs.cgi?Documents/AIR2009sa0332Ra.pdf
2. Le terme "asbestiforme" fait référence à une morphologie provenant d'une cristallisation naturelle et unidimensionnelle d'un minéral donnant des fibres ayant l'apparence de cheveux.

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