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Actu-Environnement

Bois énergie : comment réduire l'impact de la plaquette forestière

La demande croissante pour les plaquettes forestières modifie la gestion des forêts et du bois. Plusieurs acteurs de la filière se sont associés à l'Ademe pour préconiser de bonnes pratiques et réduire l'impact de l'exploitation de cette ressource.

Energie  |    |  S. Fabrégat
Actu-Environnement le Mensuel N°391
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°391
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La loi sur la transition énergétique prévoit un doublement de la part des énergies renouvelables dans la consommation finale de chaleur d'ici 2030. La biomasse devrait être fortement sollicitée pour répondre à cet objectif, avec des risques d'une gestion non durable des ressources forestières et des impacts plus larges sur l'environnement. "La récolte de bois pour la production des plaquettes forestières a d'ores et déjà plus que triplé au cours des dix dernières années (...). En parallèle, la récolte du bois bûche s'est réduite", note une étude (1) publiée par l'Ademe, en partenariat avec l'Inra, le FCBA, l'Irstea, l'ONF, Ecofor et le GCF (2) .

Les impacts peuvent aussi être positifs

L'exploitation de bois énergie n'a pas que des impacts négatifs sur les milieux forestiers. Elle permet par exemple de renouveler ou de transformer certains peuplements vieillissants, ou de réduire le risque d'incendie.

La production des plaquettes mobilise des ressources nouvelles : arbres entiers qui ont un petit diamètre et houppiers entiers, branches d'un diamètre inférieur à 7 cm, communément appelés les "menus bois", ou des souches… Or, ces ressources sont importantes pour la biodiversité forestière et la bonne santé des sols (apports en minéraux, …). L'étude est donc accompagnée de recommandations (3) précises pour mener une exploitation durable des forêts. "La rédaction de ces recommandations a nécessité une expertise collective approfondie, qui a associé pendant près de trois ans une vingtaine d'experts issus de la recherche académique, de la recherche & développement et d'acteurs de terrain", souligne l'Ademe.

Des impacts multiples

"Le risque de perte de fertilité des sols forestiers associé à la récolte de menus bois et souches est lié, d'une part à l'exportation parfois forte d'éléments minéraux et, d'autre part à la sensibilité des sols vis-à-vis de l'exportation des éléments minéraux", indique l'étude. Ces éléments, autrefois laissés sur place, "constituent une biomasse riche en éléments nutritifs : calcium (Ca), magnésium (Mg), potassium (K), phosphore (P) et azote (N)". Priver une parcelle de ces apports peut avoir "des effets marqués et prolongés – pendant plus de 15 ans – sur la fertilité du sol et la production du peuplement".

L'exploitation forestière peut également avoir un impact sur tout un écosystème (mousses, champignons, bactéries…). Par exemple, "certaines pratiques actuelles de la récolte de bois à des fins énergétiques modifient la quantité et la diversité des bois morts", essentiels pourtant au fonctionnement de l'écosystème.

Enfin, les gros engins d'exploitation peuvent tasser les sols et engendrer des dégâts irréversibles. L'érosion des sols constitue un risque, alors que les forêts jouent un rôle important dans l'infiltration de l'eau.

Zoom sur !es bonnes pratiques

L'étude recommande de réaliser un diagnostic pour évaluer les enjeux liés à la biodiversité et à la qualité des sols, avant toute exploitation.

Par ailleurs, le fait de laisser le feuillage sur place lors des récoltes permettrait de limiter les risques de l'appauvrissement des sols, cet élément étant particulièrement riche en nutriments (4) . L'idéal serait d'espacer les récoltes des menus bois de 15 ans, voire de 30 ans pour les sols particulièrement appauvris. A défaut, laisser 10 à 30 % de cette ressource sur place permettrait d'apporter les éléments essentiels au sol. L'étude dresse également des recommandations pour le prélèvement des souches.

Pour limiter les impacts sur la biodiversité, l'étude préconise de préserver les refuges : pièces des bois morts (chandelles, chablis isolés, gros bois morts au sol…), arbres vivants constituant des supports de biodiversité (arbres isolés à cavités, îlots de gros et vieux arbres vivants), fruitiers et autres essences secondaires.

Éviter la circulation des engins sur toute la parcelle et protéger les voies de passage avec du menu bois permet d'amortir le poids et de limiter le phénomène du tassement des sols. Enfin, ne pas laisser un sol nu, protéger les bords des cours d'eau et les zones humides permettra de limiter l'érosion et de faciliter l'infiltration des eaux.

1. Télécharger une synthèse de l'étude
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-33147-synthese-etude.pdf
2. L'institut national de la recherche agronomique (Inra), l'institut technologique du bois (FCBA), l'institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea), l'office national des forêts (ONF), le groupement d'intérêt public sur la forêt (Ecofor) et le groupe coopération forestière (GCF).3. Télécharger les recommandations
https://www.actu-environnement.com/media/pdf/news-33147-recommandations.pdf
4. Calcium (Ca), magnésium (Mg), potassium (K), phosphore (P) et azote (N).

Réactions2 réactions à cet article

C'est seulement après une bonne quinzaine d'années de fort développement de production des plaquettes bois que l'on s'interroge sur les impacts de cette nouvelle économie et que l'on diligente une étude multicritères ?! Certes, mieux vaut tard que jamais, mais comme d'habitude désormais en matière d'exploitation agricole et forestière intensive, on met la charrue avant les boeufs !
En attendant, les zones bocagères qui avaient à peu près survécu aux remembrements sont sérieusement déstructurées par la surexploitation de cette ressource. On n'hésite pas à remplacer de vieilles haies, peu productives en bois mais riches de biodiversité sauvage, par des cépées très productives en tonnage mais très peu attractives pour la faune.
Ce qui est grave également est que des financements publics (des régions notamment) ont été fléchés sur l'exploitation industrialisée de cette ressource sans conditionnement écologique ni contrôle du respect de pratiques réellement durable.
Il est vraiment temps que nos décideurs, à tous niveaux, changent leurs logiciels.

Pégase | 26 mars 2019 à 11h59 Signaler un contenu inapproprié

D'accord avec la réaction précédente. J'ajoute, une étude parue en juillet 2013 RESOBIO, avec soutien financé par ADEME et le ministère Agriculture, l’Agroalimentaire et la Forêt. Au menu : gestion de la forêt, rémanent , préservation des sols et de la biodiversité. Avec même les scénaris de l'importation de bois douteux ... Tous les risques étaient connus, c' était écrit, anticipé. Ensuite, le rapport du sénat en avril 2015 a épinglé la filière bois. Comment peut on s'étonner des dégâts de la politique actuelle de gestion du bois, des forêts, qui a été enclenchée à marche forcée ? Avec l'argent qui fait fonctionner le pachyderme ADEME ( avec son bras droit qui ignore ce que fait le bras gauche) , avec les fonds chaleur ADEME distribués aux projets réseau chaleur avec chaudières bois env. 1 M€ / an pour lutter contre le CO2 paraît il alors qu'il produit " tout se suite du CO2 + en privant la captation de CO2 par les arbres coupés" ! , mais en plus en polluant davantage l'atmosphère : PUF mortelles sans minimum de dose, NOx .. Rien que d'après les V.L.E. , brûler du bois ( de façon industrielle par rapport au gaz ) multiplie par 4 la quantité de NOx, et par 6 les Poussières !. Les collectivités qui choisissent ce DEAL des fonds chaleur ADEME ne peuvent pas sérieusement placer en priorité de leurs engagements : La santé environnementale. jclm25@free.fr

J Cl M 44 | 13 mai 2019 à 10h16 Signaler un contenu inapproprié

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