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Les requins, les coraux précieux et le thon rouge à la trappe
Parmi ces espèces, la CITES a d'abord refusé le 18 mars d'inscrire le thon rouge d'Atlantique-Est et de Méditerranée, à l'Annexe I de la Convention visant à interdire les exportations de l'espèce, malgré une contre-proposition européenne demandant un délai de mise en œuvre jusqu'en mai 2011 ! Opposé au projet, le Japon qui consomme 80 % des prises, a été suivi dans ce vote par les pays en développement parmi lesquels la Libye, un des grands pays pêcheurs. Le sort du thon rouge est désormais entre les mains de l'ICCAT, la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique, qui réunit les pays pêcheurs en novembre prochain à Paris. ''En pleine année internationale de la biodiversité, qu'une espèce aussi emblématique que le thon rouge soit sacrifiée au profit d'intérêts économiques de court terme est une véritable honte'', a déploré le WWF France.
Une semaine plus tard, quatre espèces de requins étaient proposées à l'Annexe II de la Convention pour cette fois en réguler le commerce : le requin-marteau halicorne, le requin océanique et l'aiguillat commun … toutes ces espèces ont été retoquées. La quatrième espèce, le requin-taupe, très prisé pour ses ailerons, a quant à elle été inscrite dans un premier temps dans l'Annexe II mais face à l'hostilité du Japon et de la quasi-totalité des pays asiatiques, les signataires de la Convention sont finalement revenus hier sur leur décision. ''Ce revirement, qui confirme l'abandon du requin taupe aujourd'hui par la CITES est profondément regrettable, tout comme la décision antérieure de ne pas réguler le commerce d'espèces également menacées telles que le requin-marteau'', a déclaré dans un communiqué Heike Zidowitz, présidente de la Shark Alliance. ''C'est un triste, triste jour pour la conservation. La CITES était un traité qui réfrénait le commerce au nom de la conservation. Aujourd'hui, on restreint la conservation au profit du commerce'', a de son côté ajouté à l'AFP Sue Lieberman, directrice des politiques internationales au Pew Environment Group.
Concernant les coraux précieux, la CITES a de nouveau refusé d'inscrire 31 espèces de coraux rouges à l'Annexe II de la Convention demandé par les États-Unis et l'Europe afin de réguler un commerce lucratif : sept de ces espèces sont utilisées par les bijoutiers.
Un sort similaire pour l'ours polaire
Les 175 Parties de la Cites ont également rejeté la semaine dernière la proposition des Etats-Unis visant à suspendre le commerce international de l'ours polaire, chassé principalement pour sa peau et dont la population a diminué de 30 % en 45 ans. Les Etats-Unis demandaient de passer d'un classement en Annexe II à celui d'Annexe I pour l'ours polaire, ce qui aurait permis d'interdire totalement les exportations. Mais le pays a dû faire face à l'opposition notamment du Canada, du Danemark et de la Norvège. La majorité des intervenants ont estimé que la principale menace pesant sur cette espèce n'était pas la chasse mais le changement climatique et son impact sur la fonte des banquises…. Il ne resterait plus que 20.000 à 25.000 ours blancs répartis entre l'Alaska, le Canada, le Groenland, la Norvège et la Russie.
La protection des éléphants confirmée face au braconnage
Seule note positive : face au braconnage, la CITES a maintenu le 24 mars, en séance plénière, l'interdiction totale du commerce d'éléphants en Tanzanie et en Zambie. Depuis 1989, tous les éléphants d'Afrique figurent dans l'Annexe I (commerce interdit), sauf pour quatre pays : l'Afrique du Sud, le Zimbabwe, le Botswana et la Namibie, où ils sont dans l'Annexe II (commerce régulé). La Tanzanie et la Zambie réclamaient pour leurs pachydermes de passer de l'Annexe I à l'Annexe II afin de pouvoir les vendre, vivants ou en trophées, en excluant l'ivoire de ces transactions. Les deux pays se sont aussi vus refuser de vendre leurs stocks d'ivoire légaux.
Un plan de préservation des tigres, espèce en voie de disparition, a également été approuvé dimanche dernier. Il vise à lutter contre la contrebande et accroître la répression. Concernant les plantes, les différents composants du bois de rose, et surtout l'huile essentielle utilisée en parfumerie, ont aussi été classés à l'Annexe II (commerce contrôlé) sur proposition du Brésil, son principal exportateur.
La prochaine conférence de la CITES se tiendra en Thaïlande en 2013.