Des chercheurs du CNRS et de l'université Grenoble Alpes ont montré que les niveaux de mercure dans l'atmosphère fluctuent de façon saisonnière, comme ceux de CO2. Les niveaux sont plus bas en été qu'en hiver. Cette variation est, selon eux, due à l'absorption du gaz par la végétation. Ils estiment que la moitié du mercure mondial provenant de l'activité humaine est captée par les feuilles chaque année, soit 1.000 tonnes des 5.000 tonnes présentes dans l'atmosphère. Leurs résultats ont été publiés le 2 avril 2018 dans la revue Nature Geoscience.
Les scientifiques ont découvert, "à leur grande surprise", que le mercure et le CO2 présentent des variations saisonnières similaires dans cinq stations de surveillance forestières de l'hémisphère Nord. En revanche, à l'île d'Amsterdam, située dans l'Océan indien, loin de toute forêt, les variations saisonnières des deux éléments seraient "proches de zéro". Les observations, menées par leurs collaborateurs internationaux, sur 43 autres sites mondiaux dans des milieux forestiers, marins et urbains, montreraient encore que l'amplitude des variations atmosphériques saisonnières du mercure serait plus importante sur les sites situés à l'intérieur des terres et éloignés des côtes. "Les chercheurs en concluent que la végétation agit comme une pompe biologique pour le mercure atmosphérique et joue un rôle prépondérant dans la saisonnalité de ce composé", indique le CNRS.
La découverte de l'absorption du mercure par les feuilles n'est pas forcément une bonne nouvelle pour autant : les scientifiques rappellent que le mercure de l'air est séquestré mais la chute des feuilles en automne transfère ensuite le polluant aux sols. "Le mercure contenu dans les sols finit par s'écouler dans les écosystèmes aquatiques, y compris les lacs et les océans, où il s'accumule jusqu'à des niveaux toxiques pour les poissons". De plus, la pollution de l'air est un facteur de stress pour certains écosystèmes.