La population de manchots empereurs (Aptenodytes forsteri) passerait de 6.000 couples en 1962 à environ 400 en 2100, soit un déclin de 93%, souligne l'étude publiée le 27 janvier dans le PNAS* (Proceedings of the National Academy of Sciences). Les scientifiques évaluent aussi la probabilité moyenne de voir disparaître définitivement cette colonie à 36 % d'ici 2100.
Cette étude s'est concentrée sur les fluctuations climatiques qui réduisent la superficie de la banquise. Celle-ci couvre une surface 40% moins grande qu'il y a 26 ans le long de la péninsule ouest de l'Antarctique, avait déjà souligné le WWF dans une étude publiée en décembre 2007, qui observait une baisse de 50% de la population de manchots empereurs sur la même période.
En effet, c'est sur cette banquise que les manchots se reproduisent et qu'ils muent. Mais pas seulement : cette réduction entraîne également une diminution des réserves de krill, leur principale ressource alimentaire.
Pour éviter l'extinction, les manchots empereurs doivent s'adapter rapidement en migrant ou en changeant leur cycle de vie, soulignent les chercheurs. Toutefois, ces oiseaux de mer semblent lents à modifier leur comportement, ce qui les menace d'extinction, notent les scientifiques qui observent par ailleurs, que ces changements climatiques pourraient se révéler favorables à certaines espèces d'oiseaux sub-antarctiques et sub-tropicales, notamment les albatros.
Les chercheurs s'attendent à une réorganisation des espèces au sein de l'hémisphère Sud, en relation avec les évolutions du climat dans les prochaines années.
Rappelons que selon le WWF, les manchots papou et les manchots à jugulaire ont également vu leur population tomber de 30 à 66% en Antarctique tandis que les populations de manchots Adélie ont baissé de 65% ces 25 dernières années.
* Références : Demographic models and IPCC climate projections predict the decline of an emperor penguin population. Jenouvrier S., Caswell H., Barbraud C., Holland M., Strœve J., Weimerskirch H. PNAS. 27 janvier 2009.