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La COP 27 va devoir soutenir les pays les plus vulnérables

La Conférence mondiale sur le climat (COP 27), qui s'ouvre, le 6 novembre, en Égypte, devrait être centrée sur les demandes des pays du Sud les plus vulnérables aux impacts climatiques autour du financement, de l'adaptation et des pertes et dommages.

Gouvernance  |    |  R. Boughriet
La COP 27 va devoir soutenir les pays les plus vulnérables

La 27e Conférence mondiale sur le climat (COP 27) aura lieu du 6 au 18 novembre prochain, à Charm el-Cheikh en Égypte. Une COP qui se tiendra sur le continent africain, après celle de Marrakech, en 2016. L'Égypte s'est donc engagée à porter le plaidoyer de l'Afrique pour prioriser l'adaptation d'un continent qui subit les conséquences des dérèglements climatiques, alors même qu'il est le plus faible émetteur de gaz à effet de serre (GES) de la planète, avec environ 4 % des émissions mondiales.

Doubler les financements pour l'adaptation…

Cette COP 27 devra restaurer la confiance des pays en développement envers les pays riches et développés à travers davantage de financements climat, notamment pour l'adaptation. Lors de la COP 15 de Copenhague, en 2009, les pays riches s'étaient en effet engagés à porter à 100 milliards de dollars par an, en 2020, leur aide en faveur des pays en développement, pour qu'ils s'adaptent au changement climatique et réduisent leurs émissions. Finalement, cette promesse ne devrait être tenue qu'en 2023, selon l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Alors que les financements climat déclarés pour 2020 n'atteignaient que 83,3 milliards de dollars et étaient majoritairement des aides publiques.

“ Les engagements envers le net zéro ne valent rien sans des plans, des politiques et des mesures pour les atteindre ” Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU
Lors de la COP 26, l'an dernier, à Glasgow, en Écosse, les 193 États parties signataires de l'Accord de Paris se sont aussi engagés à doubler leurs financements, rien que pour l'adaptation des pays du Sud, soit passer de 20 milliards à 40 milliards de dollars par an d'ici à 2025. « C'est un engagement des pays développés dont on attend l'opérationnalisation et une feuille de route concrète, dès cette COP à Charm el-Cheikh », souligne Guillaume Compain, chargé de plaidoyer climat à l'ONG Oxfam France, tout en déplorant que cet engagement « reste très insuffisant par rapport aux besoins des pays en développement ». Il rappelle qu'environ 70 % des financements climat des pays du Nord versés aux pays du Sud se font actuellement sous forme de prêts, et que plus des deux tiers d'entre eux sont consacrés à l'atténuation des émissions de GES (y compris en France). Alors que les coûts d'adaptation dans les pays en développement sont estimés entre 155 et 330 milliards de dollars d'ici à 2030, et entre 310 et 555 milliards d'ici à 2050, d'après les ONG du Réseau action climat (RAC).

Selon Sébastien Treyer, directeur général de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), les pays les moins avancés, émergents misent sur les banques multilatérales de développement – la Banque mondiale et ses équivalents régionaux, comme la Banque africaine de développement et le Fonds monétaire international (FMI) – pour « répondre à la hauteur des enjeux sur les montants et la nature de ce qu'il faut faire, mais aujourd'hui, elles ne le font pas suffisamment ». Le spécialiste de l'Iddri évoque aussi les interrogations des pays du Sud qui veulent s'industrialiser ou encore s'équiper de centrales au gaz, sur les conditions d'accès aux financements climat, alors que « les banques publiques de développement ont été mises au défi, étant donné l'urgence climatique, de montrer que leurs pratiques d'alignement sur l'Accord de Paris dans le cadre de l'Agenda 2030 sont aussi exigeantes qu'un engagement zéro émission nette ».

… Et des financements supplémentaires pour les pertes et dommages

Cette COP 27 doit donc répondre aux besoins des communautés impactées par les effets du changement climatique, à l'image, en cette année 2022, des inondations meurtrières au Nigéria et au Pakistan ou encore de la sécheresse qui sévit en Somalie. Et dans ce contexte d'événements climatiques extrêmes, les pays du Sud et insulaires mettent la pression sur les pays riches pour mobiliser des financements supplémentaires (en plus des 100 milliards par an). La COP 26 avait en effet échoué à créer un dispositif financier spécial pour traiter des « pertes et dommages » irréversibles liés au climat dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Or, un rapport publié le 24 octobre 2022, soutenu par l'association Care et Oxfam, estime que les coûts économiques liés aux pertes et dommages, uniquement pour les pays en développement, « pourraient atteindre 580 milliards de dollars par an » d'ici à 2030. Un coût faramineux. Si l'Écosse, la Wallonie et le Danemark ont récemment alloué des financements spécifiques aux pertes et préjudices, salue Fanny Petitbon, la responsable plaidoyer de Care France exhorte « les pays du Nord à arrêter de jouer la montre pour créer un mécanisme financier spécial à cette COP 27 ». Et « à réfléchir à comment faire entrer l'argent, en utilisant notamment le principe pollueur-payeur, une taxe sur les extractions des énergies fossiles, en taxant les superprofits pour qu'ils puissent répondre aux pertes et préjudices, en mettant en place un moratoire sur le paiement de la dette ou encore en taxant les secteurs aériens et maritimes, qui ne sont pas couverts par l'Accord de Paris », estime-t-elle.

Intensifier les efforts de réductions des émissions de GES

La pression politique pour discuter à la COP 27 des pertes et dommages climatiques est d'autant plus forte qu'il faut accélérer la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) qui restent trop élevées pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C d'ici à la fin du siècle, prévient l'ONU. Les 193 pays s'étaient engagés, l'année dernière, à revenir avec des nouveaux plans de réduction des émissions pour 2030 à la COP 27. Mais seuls 24 pays, dont l'Indonésie, l'Inde, l'Australie ou l'Égypte, ont soumis une nouvelle contribution déterminée (1) (NDC) à la date butoir du 23 septembre 2022.

Si le nombre de nouvelles NDC déçoit, leur ambition est également critiquée. Le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) précise que les nouvelles NDC soumises depuis la COP 26 ne réduisent que de 1 % les émissions mondiales prévues en 2030 et que leur mise en œuvre tarde. Les concentrations atmosphériques des trois principaux gaz à effet de serre [dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et protoxyde d'azote (N2O)] ont, elles aussi, battu de « nouveaux records » en 2021, selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM). « Les engagements envers le net zéro ne valent rien sans des plans, des politiques et des mesures pour les atteindre », prévient Antonio Guterres, secrétaire général de l'ONU. Car selon le Pnue, les politiques actuelles conduiraient, à elles seules, à une augmentation de température moyenne de 2,8 °C d'ici à la fin du siècle. Pourtant, les dernières données scientifiques du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) indiquent que les émissions doivent être réduites de 45 % d'ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2019 pour limiter le réchauffement à 1,5 °C et atteindre l'objectif de l'Accord de Paris.

Beaucoup de chemin reste donc à parcourir, d'autant que cette COP 27 s'inscrit dans un contexte de crise énergétique, précipitée par la guerre en Ukraine et provoquant un regain d'investissement dans les énergies fossiles, néfastes pour le climat. Pour rappel, le Pacte de Glasgow avait appelé, l'an dernier, à une suppression progressive des subventions « inefficaces » aux combustibles fossiles. Pourtant, « aucune avancée n'a été réalisée sur la définition du terme subvention inefficace. Pire, selon l'OCDE, les subventions publiques pour les énergies fossiles ont presque doublé en 2021 par rapport à 2020, pour atteindre 697 milliards de dollars, et devraient continuer de croître en 2022 », déplore le Réseau action climat. Lors de la COP 27, les ONG et le chef des Nations unies demandent, par conséquent, aux pays développés d'arrêter de miser sur les énergies fossiles et d'investir massivement dans les énergies renouvelables.

1. Consulter le registre provisoire des NDC soumises par les pays à l'ONU Climat
https://unfccc.int/NDCREG

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