Le CORAC a ainsi été créé sous l'égide de la DGAC (Direction générale de l'Aviation civile) et du GIFAS (Groupement des Industries françaises aéronautiques et spatiales), suite à la charte volontaire signée en janvier 2008 entre le Ministère du Développement Durable et les principaux acteurs français du secteur 1. Réunissant les compagnies aériennes, les aéroports, les constructeurs (Dassault Aviation, EADS et Airbus, Safran) et l'ONERA (Office National d'Etudes et Recherches Aérospatiales), son but est de ''concevoir les aéronefs de demain'' pour une mise en service d'ici à 2020. Pour ce faire, le CORAC a lancé en mars 2009 une feuille de route technologique pour accélérer la R&D aéronautique d'ici à 20 ans. Elle identifie ''aussi les jalons technologiques ainsi que les plateformes intégrées de démonstration dont la réalisation est indispensable pour atteindre ces objectifs'' environnementaux.
Avion ''vert'' du futur : neuf démonstrateurs
Un an après le lancement de cette feuille de route, neuf démonstrateurs pour l'avion ''vert'' de demain ont été retenus, a indiqué le CORAC, à l'occasion de son second séminaire organisé le 3 mai à Paris.''Les démonstrateurs permettront d'assurer la maturité technologique des options choisies lors du démarrage de nouveaux avions comme, par exemple, le successeur de l'A320'', a déclaré Fabrice Brégier, Président du Comité de Pilotage du CORAC et directeur général d'Airbus. ''Les projets devraient s'étaler sur une durée de cinq à sept ans'', a-t-il précisé.
Côté budget : le Secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, a annoncé que 500 millions d'euros du Grand Emprunt national devraient être alloués à l'industrie aéronautique pour financer les 9 démonstrateurs technologiques, alors que le CORAC évalue l'investissement nécessaire à 1 milliard d'euros pour développer les projets. Au programme : l'amélioration de l'aérodynamique et l'allégement des cellules d'un avion pour ''limiter le poids et la traînée des avions et réduire les consommations de carburant'', mais aussi la gestion de l'énergie à bord des appareils, l'utilisation de l'électrique et une motorisation optimisée.
Trois de ces démonstrateurs devraient être lancés dès 2010, a précisé M. Brégier. Le premier démonstrateur, porté par Thalès, concerne le projet d'avionique modulaire étendue, qui vise notamment à optimiser les trajectoires en croisière, ce qui devrait générer un gain en consommation de 5% et une réduction de l'empreinte de bruit à l'atterrissage. Autre démonstrateur : le projet, porté par Airbus et Dassault, qui est dédié à développer le fuselage (enveloppe d'un avion) et la voilure (aile) en matériaux composites pour réduire la masse et par conséquent la consommation en kérosène des avions de ligne et d'affaires. Le troisième projet, développé par Safran, vise l'installation de turbomoteurs de forte puissance motrice sur les hélicoptères, qui permettrait une réduction de 25% en consommation carburant, de 60% pour les émissions de Nox et de 10 dB (décibels) pour le bruit. L'entrée en service de ces turbomoteurs est prévue en 2018/2020.
Parmi les six autres démonstrateurs figure également le projet de ''Gestion intelligente de l'énergie'' (Airbus et Zodiac) qui prévoit une réduction d'1% sur la consommation carburant. Un autre projet vise à développer un système propulsif à turbosoufflante (turbine faisant fonctionner un dispositif soufflant) avancée (Safran et Airbus) destiné à optimiser les moteurs des avions moyens courriers. Le projet table sur une réduction de 16% des émissions de CO2, un gain de bruit par opération de 6 à 8 dB à l'horizon 2018 par rapport aux produits en service en 2000.
Enfin, les 4 autres démonstrateurs concernent les projets dédiées aux cockpits du futur (Airbus), à l'équipement de moteurs diesels sur des hélicoptères (Eurocopter), au développement de trains et hypersustentateurs (destinés à augmenter l'efficacité des ailes) à faible bruit (Dassault) et de train d'atterrissage électrique (Safran).
Au total, une enveloppe de 1,5 milliards d'euros devrait être débloquée à l'ONERA, dans le cadre du Grand Emprunt, dédiée à la recherche aéronautique. Ce financement s'ajoute au soutien de l'Etat - à hauteur de 124 millions d'euros par an - alloué à la DGAC.
Outre des recherches sur les agrocarburants de 2e et 3e génération pour l'aviation, six autres projets sont notamment à l'étude au CORAC. Ils concernent, par exemple, la caractérisation des particules émises par les moteurs ou encore l'étude et le développement de capteurs d'humidité embarqués.
''La mission du CORAC ne fait que commencer. Les défis à relever sont encore nombreux. Le transport aérien est encore marqué par la crise (…) et l'actualité récente nous montre toute la fragilité d'un secteur à la merci des caprices de la nature'', a souligné le secrétaire d'Etat aux transports, alors que le nuage de cendres, provoqué par le volcan islandais Eyjafjöll, vient à ce jour d'atteindre l'espace aérien portugais…