Le nouveau gouvernement souhaite également imposer des cibles obligatoires à l'industrie, responsables de la moitié des émissions de GES canadiennes, de façon à diminuer de moitié la pollution atmosphérique d'ici 2015. Pour atteindre cet objectif, elles devront réduire leurs émissions de 18% d'ici 2010 par rapport à leur niveau actuel. Les réductions seront ensuite de 2% par an, pour arriver à 26% en 2015. Le Canada doit prendre un virage à 180 degrés parce qu'il va dans la mauvaise direction, a déclaré M. Baird dans un communiqué. Depuis que les Libéraux ont promis de réduire les émissions de gaz à effet de serre en 1997, les émissions n'ont cessé d'augmenter. Les Canadiens veulent que nous passions à l'action dès maintenant, et c'est ce que fait notre gouvernement. Nous avisons les industries qu'à compter d'aujourd'hui, elles devront réaliser de véritables réductions, a-t-il ajouté.
Les entreprises pourront choisir parmi diverses possibilités, celle qui sera la plus économique pour respecter leurs objectifs. Elles pourront notamment réduire les émissions dans leurs propres installations, contribuer à un fonds technologique plafonné, bénéficier du système d'échange national de droits d'émission ou du système de crédits compensatoires et accéder au Mécanisme pour un développement propre du Protocole de Kyoto. Un crédit ponctuel limité pour mesures d'action précoce sera octroyé aux entreprises qui auront déjà réduit leurs émissions de gaz à effet de serre avant 2006.
En outre le plan établit des plafonds nationaux fixes d'émission pour les polluants atmosphériques industriels causant les pluies acides et le smog. L'objectif annoncé : une réduction entre 2012 et 2015 allant jusqu'à 55 % des émissions de polluants atmosphériques causant le smog et les pluies acides par rapport aux niveaux de 2006. Des plafonds seront également établis pour d'autres polluants, notamment pour les émissions de mercure issu de la production d'électricité à base de combustibles fossiles, aux fonderies de métaux communs, et les émissions de benzène produites les secteurs du raffinage, du gaz naturel, du fer et de l'acier.
Au cours des prochains mois, le gouvernement validera, avec les provinces, les territoires et l'industrie les plafonds fixes d'émission nationaux et sectoriels pour les polluants atmosphériques, ainsi que la date à laquelle ils entreront en vigueur, soit entre 2012 et 2015, indique le gouvernement canadien dans une note d'information. Tout cela sera finalisé d'ici l'automne 2007 afin que l'industrie ait suffisamment de temps pour effectuer les investissements nécessaires afin d'atteindre ses cibles de réduction.
Le gouvernement s'est aussi engagé en partenariat avec les Etats-Unis à s'attaquer aux émissions attribuables aux transports en réglementant l'efficacité en carburant des véhicules automobiles et camions légers, mais seulement à compter de l'année-modèle 2011. Les normes d'efficacité énergétique d'un certain nombre de produits consommateurs d'énergie, y compris les ampoules électriques devraient être également renforcées mais d'ici 2007 ou 2010.
Le dossier environnemental du Canada est l'un des plus lamentables de tous les pays industrialisés, avait reconnu le ministre Baird dans un discours prononcé mercredi, tout en rejetant la responsabilité sur le précédent gouvernement libéral. Il a précisé que son pays ne pourrait atteindre les objectifs fixés par le protocole de Kyoto, signé en 1997. Le plan que nous présentons aujourd'hui respecterait Kyoto, si nous étions en 1997, a-t-il estimé tout en ajoutant ne pouvoir assumer la responsabilité des dix années perdues par le gouvernement libéral.
Mais ces propos visant à distinguer clairement la politique du gouvernement ne semblent pas être partagés par l'opposition qui juge les objectifs annoncés par M. Baird décevants. Les mesures annoncées par les conservateurs aujourd'hui ne sont qu'un exercice de communication destiné à déguiser le fait qu'ils ne prennent pas le réchauffement planétaire au sérieux, a estimé David McGuinty, porte-parole libéral chargé de l'environnement. Ça n'est qu'une tentative de plus pour retarder notre passage à l'action. Toutes les initiatives prises par le Premier ministre et ses deux ministres de l'Environnement ont été des tentatives délibérées d'éviter d'agir. Les Canadiens méritent mieux que cela, a conclu M. McGuinty. Quant au Bloc Québécois, il a déploré par la voix de son porte-parole, Bernard Bigras que le gouvernement fédéral recule pour plaire aux industries pétrolières et aux autres industries polluantes.
Rappelons que le rapport annuel du secrétariat de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) paru en octobre 2006 avait montré que les émissions de gaz à effet de serre dans les pays industrialisés étaient reparties à la hausse ces dernières années malgré les engagements du protocole de Kyoto. Sur les 41 pays répertoriés dans cette étude, 34 avaient augmenté leur rejet entre 2000 et 2004. Parmi les pays qui avaient signé le protocole de Kyoto, l'Espagne (+49% entre 1990 et 2004), le Portugal (+41%), la Grèce et le Canada (+26,6%) apparaissaient comme les moins bons élèves. En vertu du protocole, le Canada devrait réduire de 6% d'ici 2012 ses émissions de GES par rapport à leur niveau de 1990.