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La conférence de Vienne sur le changement climatique se conclut comme à l'habitude sans véritable accord

Un millier de délégués venus d'une centaine de pays se sont réunis à Vienne pour de nouvelles discussions sur le changement climatique. Une nouvelle fois, celles-ci ne se sont conclues qu'avec des objectifs indicatifs de réduction des émissions.

Gouvernance  |    |  C. Seghier
   
La conférence de Vienne sur le changement climatique se conclut comme à l'habitude sans véritable accord
   
Destinée à préparer une réunion de haut niveau sur le changement climatique à l'occasion de la prochaine Assemblée générale de l'ONU à New York le 24 septembre, et en prélude à la conférence des Nations unies sur le climat, qui doit se tenir du 3 au 14 décembre à Bali (Indonésie), un millier de représentants de gouvernements, d'industriels, d'organisations environnementales et d'instituts de recherche venus de 158 pays se réunissaient à Vienne du 27 au 31 août dernier.

Rappelons que la conférence de Bali de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) entame les négociations sur la réduction des gaz à effet de serre pour l'après 2012, c'est-à-dire pour la deuxième phase du protocole de Kyoto (2013-2017). Les participants chercheront une nouvelle fois à obtenir un consensus entre les 35 pays industrialisés qui se sont engagés à respecter le protocole de Kyoto et ceux, comme la Chine et les Etats-Unis, qui n'ont pas souhaité le ratifier. Au terme de ces discussions, devra être fixé un nouveau protocole, plus large et plus ''ambitieux'', destiné à succéder au protocole de 1997 au sein duquel trente-six pays industrialisés se sont engagés à réduire, entre 2008 et 2012, leurs émissions de gaz à effet de serre d'au moins 5 % par rapport au niveau de 1990. Au total, cent soixante-quinze pays ont maintenant ratifié le traité, qui est entré en vigueur le 16 février 2005.

Le sort de l'après-Kyoto et l'urgence d'établir un accord avec l'ensemble des pays et notamment les Etats-Unis étaient donc au cœur de cette conférence de Vienne. Pourtant, et comme cela est désormais usuel dans ce genre de conférence, elle ne s'est conclue qu'en se contentant d'objectifs indicatifs sur la baisse des émissions de gaz à effet de serre.

Le Groupe de travail spécial des nouveaux engagements des Parties visées à l'Annexe I (pays industrialisés) au titre du Protocole de Kyoto reconnaît l'importance des fourchettes présentées par le GIEC et cite explicitement la fourchette qui correspond au scénario de stabilisation le plus ambitieux étudié par le groupe III du GIEC (essentiellement un scénario de 450 ppm éq CO2 qui correspond à un réchauffement de 2-2,4°C). Rappelons que ce scénario nécessite un pic des émissions mondiales dans les 10-15 prochaines années, la réduction d'au moins 50% des émissions mondiales d'ici le milieu du siècle, et une fourchette de réduction de 25-40% des émissions des pays développés d'ici 2020/1990.
Le Groupe de travail a en effet officiellement reconnu que les pays industrialisés devraient diminuer leurs émissions de 25 à 40 % par rapport aux niveaux de 1990 pour éviter que ne se concrétisent les prévisions les plus alarmantes du GIEC (périodes fréquentes de grave sécheresse et de pénurie d'eau dans de grandes régions du monde). Mais cet objectif n'est pas contraignant pour les pays.
Yvo de Boer, secrétaire exécutif de la CCNUCC, s'est montré optimiste, déclarant que les pays ont été en mesure de dresser un nouveau bilan et de déterminer les principaux éléments nécessaires pour lutter efficacement contre les changements climatiques. Il est clair que les décisions doivent être pensées à l'échelle mondiale, en association avec tous les pays, et qu'une même importance doit être accordée à l'adaptation et à l'atténuation.

De leur côté, les organisations de défense de l'environnement ont accusé les cinq pays réticents de s'éloigner d'engagements antérieurs. Red Constantino, de Greenpeace International, souligne que la résistance à un accord plonge l'ensemble du processus dans la crise. ous sommes censés avancer en vue de la réunion de Bali, mais pour le moment il semble que nous soyons bloqués sur la marche arrièreN, déplore-t-il. Ne pas réduire les émissions d'au moins 30% d'ici 2020 condamnerait des millions de personnes à la maladie, des pénuries d'eau et à la misère dans les pays en développement, ajoute M.Constantino.

La Conférence comprenait également le dernier atelier du « Dialogue pour une action concertée à long terme destinée à faire face aux changements climatiques par un renforcement de l'application de la Convention », ainsi que des négociations visant à définir les objectifs de réduction des émissions dans les pays industrialisés, au titre du Protocole de Kyoto. Dans ce contexte, un certain nombre de Parties présentes à Vienne, notamment l'Indonésie en tant que pays hôte de la Conférence 2007 des Nations Unies sur les changements climatiques, ont appelé à ce que la réunion de Bali jette les bases d'un mécanisme formel visant à poursuivre ce processus, indique la CCNUCC.

Les délégués gouvernementaux ont aussi réfléchi sur la façon de stimuler le financement des investissements verts. Les débats ont été alimentés par un rapport présenté par le secrétariat des changements climatiques, selon lequel les investissements nécessaires pour maintenir les émissions de gaz à effet de serre à leur niveau actuel d'ici à 2030, pourront atteindre 150 milliards d'euros, soit entre 0,3 et 0,5 % du produit intérieur brut mondial. Ce rapport préconise d'allouer 47 % des investissements mondiaux aux pays en voie de développement et d'accorder une priorité aux énergies à zéro effet de serre. En conclusion, il recommande l'extension des mécanismes mis en place par le protocole de Kyoto et le potentiel présenté par le mécanisme pour un développement propre relevant du Protocole. Rappelons que ce mécanisme permet aux pays industrialisés d'investir dans des projets de développement durable et leur valent des crédits d'émission pouvant être échangés. Le rapport met en outre en exergue le rôle des instruments du marché et l'instauration d'un prix de carbone, et donc toute la pertinence de l'approche déjà esquissée par le protocole de Kyoto Le rapport montre que l'efficacité énergétique peut être un moyen de réduire les émissions à faible coût, a précisé M. de Boer. Il montre aussi qu'il existe de nombreuses possibilités dans les pays en développement mais que les pays industrialisés doivent, pour leur part, adopter des stratégies très fermes dans ce domaine.

Désormais, même si les rapports dénonçant le risque climatique s'accumulent, les négociations post 2012 de Bali promettent d'etre délicate car le Président américain George W. Bush continue de refuser le système des quotas et du commerce de CO2 prévus par le protocole de Kyoto, préférant orienter les débats vers des objectifs non contraignants de réductions substantielles d'émissions de GES.
Il a convié, en ce sens, les chefs d'Etat des 15 pays plus gros émetteurs de gaz à effet de serre à Washington les 27 et 28 septembre prochains, soit à peine trois jours après une réunion de haut niveau sur le changement climatique qui se tiendra le 24 septembre à l'occasion de la prochaine Assemblée générale de l'ONU. Alors que la réunion du Secrétaire général des Nations Unies vise à mobiliser la volonté politique nécessaire et faire des progrès vers un accord au sein de la Convention climat lors de sa prochaine conférence des Parties à Bali, celle que les Etats-Unis organisent est indépendante du processus onusien et revêt à ce stade une approche très technologique dans la définition des instruments de lutte contre le changement climatique. D'ailleurs le président américain participe actuellement en ce sens au sommet de l'Asie-Pacifique (Apec) à Sydney (Australie) qui regroupe l'Australie, le sultanat de Brunei, le Canada, le Chili, la Chine, les Etats-Unis, Hong Kong, l'Indonésie, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, la Papouasie-Nouvelle Guinée, le Pérou, les Philippines, la Russie, Singapour, la Corée du Sud, Taïwan, la Thaïlande et le Vietnam.

L'enjeu pour Bali sera donc grand et difficile : réussir à trouver un accord entre les 35 pays signataires de Kyoto, et ceux qui ont refusé jusqu'ici de se soumettre à des engagements chiffrés contraignants, Etats-Unis et Chine en tête. La tâche paraît si ardue que l'Indonésie organise une énième conférence préparatoire de celle de Bali. Celle-ci se tiendra à Bogor (Indonésie) les 23-25 octobre, et réunira les ministres de l'environnement d'une trentaine de pays pour tenter de commencer l'examen d'une possible feuille de route.

Bali apparaît de plus en plus comme la conférence de la ''dernière chance'' puisqu'après elle, il ne restera que la conférence de Poznan qui devrait avoir lieu du 1er au 12 décembre 2008 en Pologne, à la fin de la Présidence française de l'UE.

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