S'agira-t-il d'un véritable cap dans la prise en compte des effets de la crise climatique ou simplement d'une énième annonce sans effets tangibles ? Conscients de son « rythme accéléré » et de son « impact dévastateur (…) sur nos économies, nos sociétés et nos environnements », une cinquantaine de ministres, dont ceux de l'Union européenne, ont annoncé, jeudi 19 janvier, en marge du Forum de Davos, la création officielle d'une coalition des ministres du Commerce pour le climat.
Face au « besoin urgent d'atténuation et d'adaptation au changement climatique » et « à la nécessité d'une coopération internationale inclusive », ces derniers prévoient d'encourager la coopération internationale et les actions collectives orientées vers un commerce respectueux de l'action climatique. Dans ce but, ce forum de dialogue politique « de haut niveau » aura vocation à identifier les moyens de garantir un système commercial pertinent en termes de réponse climatique, en accordant notamment une attention particulière au lien entre climat et commerce dans tous les secteurs.
Une attention particulière pour les pays vulnérables
Les ministres ambitionnent notamment d'identifier des stratégies commerciales susceptibles de soutenir les pays les moins avancés et les plus vulnérables. Ils envisagent par ailleurs de soutenir les biens, services et technologies favorables à l'atténuation et à l'adaptation au changement climatique : panneaux solaires, éoliennes, hydrogène vert… Enfin, ils misent sur la construction d'alliances et de partenariats, avec les parties prenantes, les communautés climatiques et financières, pour favoriser l'action climatique, les transitions et un développement résilient sur le terrain.
Une question vitale pour certains
Pour certains pays, ces démarches sont cruciales. L'Équateur, l'un des plus riches du monde en biodiversité, se doit par exemple de préserver cet atout pour ses principales industries d'exportation, comme la pêche et l'aquaculture. « C'est juste une question de survie dans un avenir proche », a ainsi souligné Julio José Prado, son ministre de la Production, du Commerce extérieur, de l'Investissement et de la Pêche, qui cite en exemple de bonne pratique l'extension de sa réserve marine autour des îles Galapagos, écologiquement fragiles. C'est d'ailleurs lui qui mènera la coalition, aux côtés de ses homologues du Kenya, de la Nouvelle-Zélande et de l'Union européenne. Quant aux autres pays participants – de l'Angola à l'Islande, en passant par l'Australie, le Canada, la Colombie, le Japon, la Suisse, l'Ukraine ou le Royaume-Uni, ils viennent de tous les continents.
Le forum restera ouvert à tous ceux qui souhaitent le rejoindre. « Nous commençons avec un groupe de pays relativement petit, mais entièrement engagé », a remarqué Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne, également associée à ce forum. « Nous nous sommes convaincus que d'autres pays nous rejoindront quand nous aurons développé nos plans et montré le potentiel de cette coalition. »