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Déchets de chantier : les mélanges pénalisent la valorisation

Le potentiel de valorisation des déchets de second œuvre est souvent important, la plupart d'entre eux bénéficiant de filières dédiées. Mais la collecte réduite à quelques flux en mélange rend difficile l'atteinte de taux élevés de recyclage.

TECHNIQUE  |  Déchets  |    |  P. Collet
Déchets de chantier : les mélanges pénalisent la valorisation

La loi de transition énergétique fixe comme objectif de recycler 70 % des déchets du bâtiment en 2020. Le secteur produit 40 millions de tonnes par an. Un tiers environ est issu du second oeuvre, c'est-à-dire des éléments non constitutifs de la structure. Quarante-neuf pourcent de ces déchets sont constitués d'inertes (verre, carrelage, sanitaires), 48,6 % de déchets non dangereux (plâtre, bois, revêtements de sols, isolants, équipements électriques non dangereux, ouvrants) et 2,4 % de déchets dangereux (luminaires et bois traité). Aujourd'hui, ces déchets très divers ne sont recyclés qu'à hauteur de 35 %.

24 types de déchets différents

Un chantier peut générer jusqu'à 24 catégories différentes de déchets de second oeuvre. Pour être recyclés ou valorisés, ils ne doivent pas se contaminer entre eux et doivent pouvoir être séparés les uns des autres sur les plateformes de tri. Compte tenu de ces impératifs et des services de collecte disponibles, le projet Démoclès a montré qu'une dizaine de catégories de déchets doivent faire l'objet d'un conditionnement séparé en pied de chantier afin d'être effectivement valorisés. Il s'agit, pour les déchets non dangereux, du PVC souple, de la moquette en dalle, du plâtre, du plâtre avec isolant, des ouvrants et du PVC – polystyrène. Le verre plat est le seul déchet inerte devant être collecté séparément. Trois déchets dangereux sont également concernés : les déchets d'équipements électriques et électroniques (DEEE) professionnels, les lampes et les tubes.

D'autres déchets non dangereux peuvent être recyclés s'ils sont collectés en mélange. C'est le cas du PVC rigide, du bois et des métaux. De même, les déchets inertes, tels que la céramique, la brique et le béton, peuvent être collectés en mélange pour ensuite être valorisés en remblais. Pour ces catégories de déchets, les centres de tri peuvent, lorsque c'est nécessaire, les séparer pour les envoyer vers des filières de valorisation.

Certains mélanges posent problème

Selon l'Institut français de l'environnement, seulement 10% des déchets sont triés sur le chantier. Dans l'écrasante majorité des cas, quatre flux sont couramment utilisés : les métaux, le bois, les déchets inertes (assimilés aux gravats) et les déchets non dangereux. Or, les travaux de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) montrent que le taux de valorisation des déchets du bâtiment réceptionnés en mélange sur les plateformes de tri n'atteint que 35 % pour les déchets inertes et 15 % pour les déchets non dangereux.

90 %

Des déchets de chantier sont évacués en mélange, le plus souvent dans de grandes bennes contenant essentiellement des déchets inertes et non dangereux.

Les écarts constatés entre le taux de valorisation potentiel et le taux effectif traduisent les nombreuses difficultés rencontrées. Ainsi, des déchets inertes (gravats) peuvent être contaminés par des déchets de plâtre. Dans ce cas, ils ne peuvent plus être valorisés en remblayage de carrière. De manière générale, la présence de verre cassé dans les bennes rend difficile le tri : outre l'absence de valorisation du verre, cela empêche aussi le recyclage du reste du contenu des bennes. Autre exemple des difficultés rencontrées : il n'est pas possible de séparer la moquette et le PVC souple qui sont collectés en mélange.

Loin du potentiel de valorisation

Les résultats mis en avant par le projet Démoclès montrent que les chantiers obtiennent des résultats de valorisation bien inférieurs aux taux potentiels calculés sur la base du diagnostic déchets. Ainsi, un chantier de rénovation de logements affiche, selon le gestionnaire de déchets, un taux de valorisation de 79 % pour la fraction non dangereuse. Pourtant, la collecte en mélange des déchets de carreaux de plâtre, des ouvrants et du PVC souple rend impossible leur recyclage… Le taux de valorisation le plus probable est de l'ordre de 29 %, estime l'étude. Les experts précisent aussi qu'il aurait été possible d'atteindre un taux effectif de 71 % si les déchets avaient été correctement conditionnés. Le constat est similaire pour un chantier de rénovation d'un bâtiment tertiaire. La quasi-totalité des déchets inertes aurait pu être valorisée : 80 % d'entre eux étaient des déchets de verre, le solde étant essentiellement de la céramique. Mais la collecte des inertes dans une benne unique a rendu impossible le recyclage, tant le mélange de verre cassé et de céramique est complexe…

Les écarts ne sont pas uniquement dus au mélange des déchets. En réalité, les taux de valorisation donnés par le gestionnaire du centre de tri ne correspondent pas au suivi des déchets du chantier. Il s'agît d'un calcul basé sur l'ensemble des entrants et des sortants du centre, sur une période donnée. Ainsi, pour un chantier de rénovation de logements, le taux de valorisation avancé pour les déchets est de 80 %. Pourtant, le potentiel n'était estimé qu'à 7 % puisqu'il s'agissait essentiellement de mâchefers pour lesquels il n'existe pas de filière... "L'hypothèse la plus probable est que ces déchets ont été envoyés en installations de stockage", avance le rapport Démoclès.

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