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Séparer l'inséparable grâce aux puissances pulsées

Depuis presque dix ans, la société XCrusher explore le potentiel de la technologie dite des puissances pulsées pour séparer proprement les différents composés de déchets complexes, avec des premières applications opérationnelles.

TECHNIQUE  |  Déchets  |    |  C. Clicquot de Mentque
Séparer l'inséparable grâce aux puissances pulsées

L'augmentation du taux de recyclage des matières premières impose de parvenir à s'attaquer avec efficacité aux matériaux complexes dont les composants sont intimement liés. Mais aller chercher ces gisements impose aussi d'identifier des technologies de recyclage "propres" et économiquement viables. Un casse-tête auquel la technologie des puissances pulsées pourrait répondre.

L'idée de base est assez simple et s'appuie sur la conductivité différente des différents constituants d'un matériau complexe. Le principe est d'appliquer à des matériaux de très fortes puissances électriques par intermittence : cela génère des arcs électriques qui traversent le matériau avec des vitesses qui varient selon la conductivité de chaque composant. Ces différences de conductivité provoquent une onde de choc et ainsi une fragmentation du produit et la dissociation des différentes matières avec une moindre altération, donc une valeur ajoutée pour tous les flux. Le tout sans aucune chimie et au final peu d'énergie.

Système opérationnel sur les composites et les membranes d'étanchéité

Certaines filières ont déjà sauté le pas de l'industrialisation avec la PME XCrusher qui explore cette technologie. C'est le cas pour la valorisation des composites thermodurcissables, non recyclables mais très utilisés en aéronautique, pour lesquels l'enjeu est la récupération des fibres de carbone à haute valeur ajoutée. Un projet industriel a été mis en œuvre avec Suez Environnement, avec réussite puisqu'il a été possible lors de la dissociation de la résine et des fibres de carbone de conserver la longueur des fibres intacte pour permettre la remise en bobine du matériau. Cette expertise pourrait par la suite être étendue aux autres domaines d'usage des composites thermodurcissables, notamment l'éolien ou le nautisme.

L'autre retour industriel d'XCrusher est dans le monde des membranes d'étanchéité, via un projet mené avec le groupe Soprema dont fait aujourd'hui partie la startup. Une ligne industrielle de recyclage a été ouverte à Val-de-Reuil (Normandie) pour recycler les membranes bitumineuses (séparation des bitumes et des charges minérales) mais aussi les membranes PVC, et réintroduire ainsi dans les chaînes de production des matières premières recyclées. Cette expertise avec Soprema est d'autant plus intéressante qu'elle ouvre des perspectives sur d'autres types de membranes, en l'occurrence les complexes PVC fibres polyester utilisés comme liner et autres toiles imperméables.

Des opportunités dans les DEEE mais aussi les déchets minéraux

Les filières des déchets électroniques pourraient elles-aussi tirer profit des puissances pulsées, compte tenu des matériaux à valeur ajoutée qu'elles mettent en oeuvre. Il y a déjà 5 ans que l'approche d'XCrusher a été étudiée sur les écrans LCD, dans l'optique de séparer le verre des films polymères retardateurs de flamme et de la couche ITO (métaux rares). "On a atteint 95 % de récupération de l'indium. Le sujet reste donc d'actualité", note Aziz Bentaj, fondateur d'XCrusher. Tout comme celui du recyclage des panneaux photovoltaïques dont la fragmentation se fait très bien entre le silicium, le verre et les couches d'encapsulation, mais qui nécessite quelques travaux supplémentaires pour consolider le processus complet de séparation des fractions. Pour la filière DEEE le sujet majeur est surtout celui des LEDs en fin de vie. XCrusher a avancé sur un processus qui permet une déflagration par onde de choc dans une piscine, permettant de séparer les composés plastiques (qui flottent) des composés métalliques.

La technologie des puissances pulsées pourrait aussi trouver des applications bien utiles pour le recyclage des bétons armés dont on pourrait séparer le sable, le ciment et le fer. Mais aussi pour le traitement de sables de dragage souillés par les hydrocarbures. On voit ainsi que la technologie recèle de très gros potentiels, partout où des matières ont besoin d'être dissociées pour être mieux valorisées.

Réactions6 réactions à cet article

Technologie avec un potentiel gigantesque et des besoins pour limiter la pollution par les matières plastiques / composites qui le sont tout autant. Très très intéressant.
Mais j'ai du mal à comprendre qu'elle soit économe en énergie.
D'autres articles sont-ils prévus afin d'approfondir le sujet ?

Pégase | 09 mai 2019 à 09h16 Signaler un contenu inapproprié

Il s'agit de récupérer des composants rares qui ont été assemblés donc forcément il y a un bilan énergétique à toutes ces phases:
1. Extraction
2. Séparation en articles utilisables
3. Transport, logistique...
4. Fabrication des biens (imaginez le nombre de composants d'une Tesla, par exemple)
5. Utilisation du bien
6. Gestion du bien en tant que déchet à sa fin de vie
7. Regroupement, transport, logistique...
8. Démontage
9. Séparation fine des composants
10. Mise en forme pour réutilisation
J'ai sans doute exagérément simplifié mais ces phases démontrent que la "circularité" n'existe pas.
Mon propos n'est pas de disqualifier ces pratiques que je pense indispensables.
Il y a aussi un petit truc qui est le second principe de la thermodynamique.

Albatros | 15 mai 2019 à 18h07 Signaler un contenu inapproprié

@ Albatros : tout à fait d'accord (mon Dieu, mais que nous arrive-t-il ?!), sauf peut-être sur l'inexistence de la circularité (aaah, ouf !).
Il n'empêche que cette technologie trace peut-être bien une nouvelle voie majeure dans la gestion des déchets complexes.

Pégase | 16 mai 2019 à 10h12 Signaler un contenu inapproprié

L'entropie, cher ami, l'entropie. Réarranger un système dérangé demande de l'énergie...
La techno est passionnante, en effet, mais énergivore et, il faut bien y venir, très coûteuse.

Albatros | 16 mai 2019 à 14h47 Signaler un contenu inapproprié

De l'entropie des matières plastiques, il y en a plein les fossés de voies routières, les rivières et surtout les mers et océans, sans oublier les estomacs des mollusques, oiseaux et mammifères marins. Des milliards de tonnes déjà rejetés dans les écosystèmes, rejoints chaque année par d'autres centaines de millions de tonnes. Donc autant s'en préoccuper le plus en amont possible, sur terre. Le prix a payer sera toujours très nettement inférieur à celui d'une collecte et traitement des déchets éparpillés et souillés, problématique à laquelle il va bien falloir également résoudre. Ces déchets représentent d'ailleurs un gisement matière et d'énergie.
Toute technologie nouvelle doit évoluer vers plus d'efficacité énergétique, c'est entendu. Mais si le marché lui est porteur, il y a de fortes chances que cela se fasse bien. Il le faut, d'une manière ou d'une autre.

Pégase | 17 mai 2019 à 09h38 Signaler un contenu inapproprié

Ne mélangez pas tout cher ami. Les matières plastiques déjà dispersées, il faut aller les récupérer car, comme vous le dites, il y en a plein. Il faut évidemment commencer par cesser de les disperser.
Cependant, cette conversation s'éloigne de l'objet de l'article, qui est l'application des puissances pulsées.

Albatros | 17 mai 2019 à 13h56 Signaler un contenu inapproprié

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