Opération réussie. L'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a procédé au lâcher des ourses slovènes Claverina et Sorita les 4 et 5 octobre dans le département des Pyrénées-Atlantiques, douze ans après la dernière opération de réintroduction. La France est, depuis 2012, sous la menace d'un recours en manquement de la Commission européenne pour avoir manqué à ses obligations de protection de l'espèce.
Cette réintroduction poursuit un double objectif, rappelle l'ONCFS. Assurer tout d'abord la sauvegarde de l'espèce dans la partie ouest des Pyrénées où ne vivent plus que deux ours mâles. Conserver le patrimoine génétique de la lignée dans la mesure où Sorita est lâchée sur les terres de l'ours Cannellitto, fils de Cannelle, ourse de souche pyrénéenne tuée en 2004 par un chasseur.
Cette réintroduction s'inscrit dans le cadre du plan d'actions national Ours bruns publié en mai dernier, qui vise la constitution et le maintien d'une population d'environ 50 individus. Un recensement mené en 2017 faisait état de 43 individus dans l'ensemble du massif, dont 41 dans les Pyrénées occidentales. Le ministère de la Transition écologique met en avant plusieurs mesures d'accompagnement des populations impactées par la présence du plantigrade : protection des troupeaux, indemnisation pouvant aller jusqu'à 600 euros par brebis en cas d'attaque, valorisation économique de la présence de l'ours, etc.
Des mesures d'accompagnement qui ne sont pas satisfaisantes aux yeux des éleveurs. "Les moyens de protection existants - chiens, clôtures, gardiennage… - ont très largement montré leur limite. Nous rappelons la nécessité de la création d'une brigade de piégeage non létal et d'effarouchement des ours", réagit ainsi la Confédération paysanne. Si une consultation publique menée l'été dernier a montré que près de 89% des répondants étaient favorables à la réintroduction, de nombreuses oppositions se manifestent, en particulier du côté des élus locaux. Une quarantaine de maires ont annoncé le 7 octobre la création d'un collectif pour défendre les Pyrénées des prédateurs, rapporte l'AFP. Dans une résolution sur le pastoralisme votée quelques jours avant, le Sénat juge que le gouvernement ne prend pas assez en compte la menace que font peser les grands prédateurs sur les troupeaux.