La réunion des ministres de l'Environnement du G7 s'est conclue le 6 mai à Metz (Moselle) avec l'adoption d'une charte (1) d'engagements pour lutter contre l'érosion de la biodiversité "au travers d'actions concrètes". Cette charte a été signée par l'ensemble des pays du G7 (la France, l'Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, l'Italie, le Japon, le Royaume-Uni) et l'Union européenne ainsi que les ministres de l'Environnement du Chili, des Fidji, du Gabon, du Mexique, du Niger et de la Norvège, invités à participer à la réunion. Les membres du G7 ont adopté à l'unanimité la charte, après la publication, le même jour du rapport alarmant des experts de l'ONU sur l'état mondial de la biodiversité (IPBES). Les engagements des pays signataires ne seront présentés que d'ici 2020. Et "dans la mesure du possible", avant la 15ᵉ Conférence de la Convention internationale sur la diversité biologique, organisée en octobre 2020 en Chine. Les Etats parties à cette Convention devront élaborer un nouveau cadre d'action mondial pour la biodiversité pour l'après 2020. Le financement des actions en faveur de la biodiversité a aussi été étudié lors de cette réunion. Deux rapports sollicités par la présidence française du G7 ont été présentés : l'un par l'OCDE et l'autre par le WWF et Axa.
Plusieurs pays représentés au G7 de l'Environnement, dont la France, se sont aussi engagés sur plusieurs initiatives en faveur de la lutte contre la déforestation (2) , pour la préservation des grands singes (3) et des coraux (4) et contre les inégalités hommes-femmes (5) dans le domaine de l'environnement. Selon le ministère de la Transition écologique, une initiative autour de la gestion durable des déchets a aussi recueilli le soutien de l'Allemagne, du Canada, de la France, des Etats-Unis, du Japon, du Royaume-Uni, de l'Union européenne, ainsi que le l'Egypte, du Niger, de la Norvège et de l'Indonésie. Le Canada a également proposé "l'Ocean risk and resilience alliance"(ORRAA) visant à ce que les pays agissent sur les risques et la résilience océanique. L'ensemble des membres du G7 a décidé de rejoindre cette alliance. Les pays du G7 ont aussi salué l'initiative japonaise visant à lancer le "projet d'harmonisation des méthodes de surveillance des microplastiques marins".
Sans surprise, les ministres du G7 et l'UE, à l'exception des Etats-Unis, ont également rappelé leur engagement à mettre en œuvre "rapidement et efficacement" l'Accord de Paris sur le Climat. Dans la
ONG environnementales et de solidarité : "place à l'action"
Plusieurs ONG environnementales (France Nature Environnement, Greenpeace, le Réseau Action Climat) et ONG de solidarité (Coordination Sud et Oxfam) ont critiqué l'issue de la réunion, dont l'aspect non contraignant de la charte sur la biodiversité et les objectifs climatiques. Pour Sami Asali de la Coordination Sud : "Les Etats se sont surtout félicités de l'adoption de la "charte de Metz sur la biodiversité" à l'issue de cette réunion. Si celle-ci inclut des éléments intéressants, elle est par nature non-contraignante et peu tournée vers l'opérationnel. La mise en avant de coalitions où les Etats se positionnent de façon peu engageante nous pose question, tant les mécanismes de suivi et redevabilité sont faibles. "
Même son de cloche pour Michel Dubromel, président de France Nature Environnement : "L'heure n'est plus aux « chartes » non contraignantes ! (…). Il est temps de mettre les enjeux en matière de biodiversité au même niveau que ceux concernant le climat et de décliner, dans ces deux domaines liés, des programmes d'actions cohérents (…). Le temps des constats et des controverses est passé : place à l'action !".
Greenpeace dénonce aussi "des promesses creuses face à l'urgence de la perte de biodiversité et du changement climatique". Pour Lucile Dufour du Réseau Action Climat - France : "Avant le sommet des chefs d'Etat à Biarritz, tout reste à faire pour que les pays du G7, y compris la France, adoptent des mesures politiques au niveau national pour redresser réellement la barre climatique et répondre à leur responsabilité".
"L'engagement des pays du G6 (hors Etats-Unis) à œuvrer pour une reconstitution réussie du Fonds Vert pour le climat est un signal encourageant qu'ils devront impérativement concrétiser avec des annonces financières précises lors du sommet des chefs d'Etat à Biarritz", a ajouté Armelle Le Comte d'Oxfam France.