Les prémices du G7 de Biarritz étaient mal engagées sur les questions environnementales. Les ONG réunies dans le Réseau Action Climat (RAC) avaient même annoncé le boycott du sommet dont elles estimaient être mises à l'écart. Le sujet s'est finalement invité au sommet à travers la question de l'Amazonie qu'Emmanuel Macron a inscrite, le jeudi 22 août, à l'ordre du jour. Le lendemain, il annonçait son opposition au projet d'accord Mercosur-UE, estimant que le président brésilien, non présent au sommet, avait menti sur ses engagements en matière de climat et de biodiversité. La surenchère de Jair Bolsonaro a ouvert une crise diplomatique qui est montée en puissance durant le sommet.
Mais l'accord obtenu sur un soutien du G7 aux pays amazoniens et à une charte sur la biodiversité masque la faiblesse des engagements pris par ailleurs, qui impliquent surtout des acteurs non-étatiques.
Initiative pour l'Amazonie
Sur l'Amazonie, Emmanuel Macron a annoncé, avec le président chilien, hôte de la prochaine COP climat en décembre, un soutien financier de 20 millions de dollars (M$) aux pays amazoniens qui le demandent, avec des "soutiens concrets". La France a annoncé son aide militaire dans les prochaines heures. Les britanniques, de leur côté, ont promis une aide de 10 millions de livres. Le président français a également annoncé la construction d'une initiative pour l'Amazonie qui sera lancée lors de l'assemblée générale des Nations unies en septembre. Au programme : reforestation des territoires dévastés mais aussi agroécologie. Des échanges avec les pays africains, invités au sommet, ont également eu lieu alors que les forêts d'Afrique subsaharienne sont également exposées aux incendies. Emmanuel Macron a indiqué qu'une initiative similaire à celle de l'Amazonie était à l'étude pour le continent africain.
Tous les pays présents au sommet, c'est-à-dire les membres du G7 (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni) mais aussi les Etats invités comme le Chili, l'Australie, l'Inde et l'Afrique du sud, ont signé la charte pour la biodiversité. Cette charte avait été finalisée lors du sommet des ministres chargés de l'environnement en mai dernier à Metz au moment même de la publication du dernier rapport de l'IPBES. Le Giec de la biodiversité alertait sur la menace d'extinction pesant sur un million d'espèces. Bien que cette charte soit non contraignante, Emmanuel Macron a indiqué qu'il s'agissait de "lancer une dynamique comparable à celle sur le réchauffement climatique". Il a donné rendez-vous au congrès de l'UICN à Marseille et à la prochaine COP biodiversité qui se tiendra en Chine l'année prochaine.
Emmanuel Macron a également annoncé des engagements des Etats en faveur du Fonds vert pour le climat, dont la reconstitution des ressources figure au menu du sommet du secrétaire général des Nations unies qui doit se tenir le 23 septembre prochain. Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé le doublement de la contribution du Royaume-Uni, soit 1,44 Md£. La France s'est engagée dans le même sens. Ces initiatives font suite à celles de l'Allemagne et de la Norvège. L'engagement des pays du G7 permet de dégager près de 5 Md$ supplémentaires a assuré le président français.
Coalitions d'acteurs
En dehors de ces engagements étatiques, la présidence française du G7 a privilégié les coalitions d'acteurs. Concernant la coalition "neutralité carbone 2050", lancée lors de la première édition du One Planet Summit en décembre 2017, les choses avancent selon Emmanuel Macron. Le président s'est félicité de l'engagement de l'Inde dans cette coalition, obtenue durant le G7. Mais aussi de l'annonce par Vladimir Poutine, en amont du sommet, de la ratification par la Russie de l'Accord de Paris.
Les autres coalitions ont porté sur la mode, sur les hydrofluorocarbures (HFC) et sur le transport maritime. Concernant le secteur de la mode, à l'origine de 8 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la planète, 30 groupes mondiaux, représentant 20 % de l'activité du secteur, ont signé un "Fashion Pact" en vue de réduire leur impact sur le climat, la biodiversité et les océans. Mais cet engagement ne contient que trois engagements chiffrés et aucun mécanisme de sanction n'existe.
Un engagement a également été signé par une douzaine de transporteurs maritimes en vue de réduire leur vitesse. "Ce qui est l'un des moyens les plus efficaces pour réduire les émissions", a assuré le président français. Ce secteur représente 3 % des émissions de GES mondiales mais son empreinte carbone "devrait passer à 17 % en 2050 en l'absence d'actions significatives" selon la présidence française. Le transporteur CMA-CGM s'est quant à lui engagé à ne pas exploiter la route du Nord dégagée du fait de la fonte des glaces de l'Arctique.
Enfin, concernant les HFC, gaz réfrigérants à très haut potentiel d'effet de serre utilisés dans les climatiseurs, une coalition rassemblant des entreprises et des Etats a aussi été lancée. "L'un des objectifs clés sera de doubler d'ici 2050 l'efficacité énergétique des systèmes de refroidissement des entreprises qui s'engagent dans cette coalition", explique l'Elysée.
Les ONG environnementales saluent l'annonce par la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne du doublement de leur contribution au Fonds vert. "La seule annonce concrète sur le climat", selon Greenpeace France. "Emmanuel Macron s'est appuyé sur des initiatives " vitrines" pour pallier le manque de volonté politique des pays du G7 de renforcer leur ambition. C'est un signal décevant à quelques semaines du sommet de l'ONU sur le climat", réagit Lucile Dufour du Réseau Action Climat.