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Les émissions mondiales doivent décroître plus rapidement que jamais, selon le Giec

À l'issue d'un intense processus d'adoption, le troisième volet du nouveau rapport du Giec fixe le cap à zéro émission nette d'ici à 2050 et met l'accent sur la sobriété comme principal vecteur de réduction des émissions.

Gouvernance  |    |  A. Sinaï
Les émissions mondiales doivent décroître plus rapidement que jamais, selon le Giec

« C'est maintenant ou jamais si nous voulons limiter le réchauffement global à 1,5 °C », a déclaré le coprésident du groupe de travail III du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), l'Écossais Jim Skea. Il s'exprimait à l'occasion de la présentation du rapport Atténuation du changement climatique (1) rendu public, le 4 avril, dans le cadre du sixième cycle d'évaluation du Giec (AR6). Un message désormais rebattu, voire contre-intuitif au moment où la guerre en Ukraine révèle crûment l'immensité de la dépendance de l'Europe vis-à-vis des énergies fossiles.

Présenté dans un contexte énergétique tendu, ce troisième volet du rapport du Giec a été conduit dans des conditions difficiles en raison de la pandémie et vient boucler une séquence marathon de huit rapports, réalisés grâce au travail acharné d'un réseau de milliers de scientifiques dans le monde sur la base du volontariat. Pour produire cette somme, quelque 278 auteurs ont passé en revue 18 000 articles et suscité près de 60 000 commentaires de la part de la communauté scientifique, dans un volume de 3 575 pages réparties en 17 chapitres. Ce travail monumental a été synthétisé dans le Résumé à l'attention des décideurs, approuvé par 195 gouvernements, mot à mot, lors de la plénière du Giec qui s'est achevée, lundi 4 avril, avec quarante-huit heures de retard. La synthèse finale de l'ensemble des trois volets de l'AR6 sera remise en octobre prochain.

Diviser par deux les émissions d'ici à 2030

“ D'ici à 2030, le monde devrait avoir réduit ses émissions globales de 43 %, et avoir passé son pic d'émissions dès 2025 ” Giec
Le message central du rapport est en forme de compte à rebours : d'ici à 2030, le monde devrait avoir réduit ses émissions globales de 43 %, et avoir passé son pic d'émissions dès 2025. Atteindre la neutralité carbone au plus tard en 2050 est la condition impérative pour endiguer la dérive du climat, martèle le Giec. Une injonction paradoxale, alors que les émissions n'ont jamais été aussi élevées que depuis la fin de la pandémie de la Covid-19. Le délai pour accélérer la décarbonation mondiale rétrécit.

De fait, la période 2010 à 2019 a connu la plus forte augmentation des émissions décennales moyennes de l'histoire de l'humanité́. Le rapport montre que nous ne sommes pas sur la bonne voie, avec de nombreux obstacles au changement. La gestion néfaste des terres, les subventions aux énergies fossiles, l'expansion continue des infrastructures fonctionnant au charbon, au pétrole et au gaz bloquent la transformation à grande échelle dont la société a désespérément besoin. « Un aller simple vers une catastrophe climatique, et ce n'est pas de la fiction » a alerté le secrétaire général des Nations unies, António Gutteres, le 4 avril.

Depuis le rapport précédent, en 2014, ce nouveau cycle d'évaluation fait le point sur les techniques et les approches sociétales et économiques disponibles pour accélérer la maîtrise des émissions. Sans réduction immédiate et profonde des émissions dans tous les secteurs, limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C est hors de portée, alors que la trajectoire actuelle nous conduit à une hausse périlleuse de la température moyenne de 3,2 °C. Le rapport du groupe de travail II du Giec sur les impacts, publié le mois dernier, montre que ce niveau de réchauffement serait dévastateur. Et ce nouveau volet estime que les contributions nationales avancées avant la COP26 sont insuffisantes pour ramener la température à un seuil de précaution.

Cependant, il existe de plus en plus de preuves que l'action climatique porte ses fruits si elle est réellement mise en œuvre. « Nous sommes à la croisée des chemins. Les décisions que nous prenons maintenant peuvent garantir un avenir vivable. Nous avons les outils et le savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement, a déclaré le président du Giec, Hoesung Lee, lors de la présentation, le 4 avril. Je suis encouragé par les mesures climatiques prises dans de nombreux pays. Il existe des politiques, des réglementations et des instruments de marché qui s'avèrent efficaces. Si ceux-ci sont étendus et appliqués plus largement et équitablement, ils peuvent soutenir des réductions importantes des émissions et stimuler l'innovation. »

Un avenir électrifié, des villes compactées

Au-delà des constats sans appel, le Giec déploie la vision d'un avenir plus sûr et plus équitable : un monde électrifié, abordable et réalisable, alimenté principalement par des énergies renouvelables, où les villes sont des catalyseurs du changement et où les politiques encouragent positivement les changements de comportement en offrant des infrastructures favorables. De fait, depuis le rapport de 2014, les collectivités se sont mobilisées. Quelque 826 villes et 103 régions se sont engagées à atteindre zéro émission nette.

L'aménagement du territoire est mis en avant comme un levier clé. Les villes et les zones urbaines sont à l'origine des deux tiers des émissions mondiales, selon les derniers chiffres. « Bien que l'urbanisation soit une tendance mondiale souvent associée à des revenus à la hausse et à une plus grande consommation, la concentration croissante de personnes et d'activités est aussi l'opportunité d'augmenter l'efficacité dans l'utilisation des ressources et de décarboner à grande échelle », note le résumé technique.

Le Giec modélise l'évolution des surfaces urbanisées, qui pourrait aller jusqu'à une hausse de 211 % par rapport à 2015. Il préconise une planification spatiale en rupture, profondément décarbonée grâce à des transformations « systémiques » : des formes compactes de villes, électrifiées, aux distances réduites entre domicile et travail, plantées de trames vertes forestières et marchables. Les quartiers pauvres et les bidonvilles, où vivent quelque 880 millions de personnes, peuvent être réhabilités dans le sens d'une plus grande résilience. Ce qui suppose des partenariats internationaux et des fonds climatiques, que le Giec estime actuellement à trois à six fois insuffisants.

Sur le front des énergies renouvelables, les tendances sont encourageantes. Depuis 2010, il y a eu des baisses soutenues allant jusqu'à 85 % des coûts de l'énergie solaire et éolienne et des batteries. Un éventail croissant de politiques et de lois a amélioré l'efficacité énergétique, réduit les taux de déforestation et accéléré le déploiement des énergies renouvelables. Pour Laurence Tubiana, directrice de l'European Climate Foundation, « le dernier rapport du Giec indique clairement que le moyen le plus rapide pour les gouvernements d'assurer la sécurité énergétique et de réduire les coûts est d'investir dans l'énergie propre et d'abandonner définitivement les combustibles fossiles ».

Précautions technologiques

Sur le volet technologique, le Giec met en avant des précautions. Si les méthodes de captage et stockage du carbone (Carbone Dioxyde Removal, CDR) sont nécessaires, elles ne doivent être que complémentaires à la maîtrise des émissions à la source. La technologie est désormais relativisée dans cette nouvelle approche, y compris le nucléaire. Le résumé technique note que « toutes les stratégies d'atténuation sont confrontées à des problèmes de mise en œuvre, notamment les risques technologiques, la mise à l'échelle et les coûts ».

Les itinéraires pour atteindre 1,5 °C s'appuient, dans une certaine mesure, sur l'élimination du dioxyde de carbone, car la réduction des émissions a été retardée. Mais l'utilisation du CDR a des limites et des contreparties négatives. Dans les trajectoires à 1,5 °C et 2 °C, il n'est utilisé que pour atténuer les secteurs difficiles à réduire et contrebalancer les émissions historiques. « Il est essentiel de parvenir à zéro émission nette par des méthodes faisant l'objet d'un consentement », ont exposé les coauteurs, insistant sur l'importance d'une « transition juste », notamment en matière d'utilisation des terres.

La sobriété, principal levier

Agir sur la demande et les services, par exemple les besoins de mobilité, représente un énorme potentiel, voire le levier principal de réduction des émissions mis en avant par le rapport. « Si nous opérons les bons choix en matière de politique, d'infrastructures et de technologies, nous pourrons changer nos modes de vie et nos comportements, avec à la clé une diminution de 40 à 70 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici à 2050 », indique Priyadarshi Shukla, coprésident du groupe de travail III du Giec.

Consacré aux aspects sociaux de l'atténuation, le chapitre 5 du rapport se penche sur les critères du bien-être et de la décence, tout en interrogeant les modèles consuméristes. La question des inégalités est récurrente. Les personnes ayant un statut socio-économique élevé contribuent de façon disproportionnée aux émissions. Le rapport montre que des politiques d'atténuation strictement équitables ne sont pas nécessairement génératrices d'austérité, mais d'équité et de meilleure santé physique et sociale. Et, selon le Giec, il y a suffisamment de capitaux et de liquidités à l'échelle mondiale pour combler les déficits d'investissement.

1. Consulter la page consacrée au sixième rapport du Giec
https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg3/

Réactions1 réaction à cet article

L'injection de CO2 dans l'équilibre métastable du cycle du carbone produit une légère augmentation anthropique, que je note LAA, des GES. Du fait de la permanence de nos rejets thermiques, il y a aussi LAA d'eau-ges retenue par thermohygrométrie, dissoute dans la troposphère par-delà les cycles de l'eau. L'importation d'énergie dans la biosphère provoque une LAA de son niveau d'énergie totale (U), qui se répartit en énergie thermique (Q), thermodynamique (W), latente (L), électromagnétique E)... La LAA d'eau-ges correspond à cette LAA d'énergie latente. La somme des LAA des composants, pondérées par leur forçage radiatif, << sur des PERIODES à REDEFINIR >> , a pour facteur commun au réchauffement climatique, la somme des flux radiatifs traversant la biosphère, permettant de considérer l' EFFET de SERRE comme un PROCESSUS AMPLIFICATEUR. Le résultat de cette amplification est alors confrontée au POURVOIR de REGULATION des CYCLES de l' EAU, qui convertissent l'énergie thermique en énergie mécanique par transport dispersion. Une évaluation basée sur la répartition (55 radiatif, 15 thermodynamique), des 70% de participation de l'eau à l'effet de serre, permet de proposer une équation de régulation de la forme 0.8 puissance n, nombre de cycles de l'eau...
Lorsque le résultat de l'injection d'énergie dans la biosphère dépasse le pouvoir de régulation par les cycles de l'eau, il se produit un emballement du réchauffement climatique.
Il faut sortir des énergies fossiles et nucléaires

Dan ARDUYNNA | 28 avril 2022 à 16h54 Signaler un contenu inapproprié

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