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Le Grand Paris face au défi de l'approvisionnement énergétique

Le Grand Paris, c'est une augmentation de 30% de la consommation électrique, de nouveaux usages du gaz et une modification de la logistique pétrolière. Comment faire face à ces nouvelles exigences ?

Décryptage  |  Energie  |    |  L. Radisson

La préfecture de la région Ile-de-France a organisé le 25 novembre un séminaire consacré à l'approvisionnement énergétique du Grand Paris réunissant les grands énergéticiens, les collectivités territoriales, la Société du Grand Paris, les établissements publics d'aménagement et les services de l'Etat.

L'objectif de cette rencontre ? Déterminer les moyens à mettre en œuvre pour répondre aux besoins en énergie de ce projet phare qui prévoit, d'ici 2030, un accroissement de la population francilienne de 1,8 million d'habitants, la création de 200 km de lignes de métro et de 72 nouvelles gares, et la création d'un million d'emplois, en particulier dans les secteurs à haute valeur ajoutée.

Le Grand Paris constitue également, comme le souligne Jean Daubigny préfet de la région Ile-de-France, une opportunité pour mettre en œuvre les grandes priorités en matière de transition énergétique identifiées dans le schéma régional du climat, de l'air et de l'énergie (SRCAE) adopté en décembre 2012 : triplement du rythme annuel de rénovation énergétique des logements, augmentation de 40% du nombre de bâtiments raccordés à un réseau de chaleur d'ici 2020, réduction des émissions du trafic routier et essor des mobilités décarbonées.

Augmentation de 30% de la consommation électrique

Les projections prévoient une augmentation de 30% de la consommation électrique, due à la pénétration du véhicule électrique, aux besoins du nouveau réseau de transport "Grand Paris Express" et à l'accroissement du nombre de datacenters très gourmands en énergie.

"Plus encore que cette estimation en énergie, ce sont bien les besoins en puissance électrique qui doivent faire l'objet d'une attention particulière pour garantir le passage de la pointe de charge hivernale", souligne la direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie d'Ile-de-France (DRIEE).

Afin d'éviter des déséquilibres locaux liés à l'impact de la recharge rapide des véhicules électriques ou à l'implantation de datacenters, les réseaux de distribution doivent être étendus ou renforcés. "La construction d'un nouveau poste source, et de son alimentation par le réseau de transport, demandant

une anticipation de 4 à 6 ans, il est indispensable d'identifier au plus tôt les zones sur lesquelles il est nécessaire d'agir pour augmenter la capacité d'alimentation du réseau", alerte la DRIEE.

Par ailleurs, certains moyens de production thermique situés à proximité de Paris, comme la centrale de Porcheville, devront fermer compte tenu des normes environnementales imposées par les directives relatives aux grands installations de combustion (GIC) et aux plafonds nationaux d'émission (GEC). "Le maintien de sites de production à proximité de Paris, qui assurent la qualité du courant et le passage des pointes hivernales, s'avère stratégique, d'autant plus que le développement des énergies renouvelables électriques intermittentes en Ile-de-France peut rendre nécessaire la présence de capacités de production complémentaires à proximité, en l'absence de vent ou de soleil", résume Julien Assoun, Chef du service Energie Climat Véhicules à la DRIEE.

Une consommation de gaz en baisse, mais de nouveaux usages en développement

"La consommation de gaz devrait baisser de 4% à horizon 2030 dans le scénario Grand Paris, contre une baisse de 16% dans le scénario tendanciel", annonce Guy Grochowski de GRTgaz. La prévision de baisse s'explique par les efforts d'efficacité énergétique dans l'industrie et, de manière plus importante encore, dans le secteur résidentiel avec une réduction de près de 25% de la consommation.

En revanche, de nouveaux usages du gaz vont apparaître avec le développement des réseaux de chaleur, des véhicules fonctionnant au gaz naturel (GNV) et de la production de biogaz par méthanisation, notamment grâce à la valorisation des déchets organiques générés par l'agglomération.

Le développement du chauffage urbain impliquera un maintien des besoins en gaz pour alimenter les chaufferies des réseaux de chaleur, en complément des énergies renouvelables et de récupération. "Le développement de la mobilité gaz, déjà présente en Ile-de-France à travers des bus, des bennes à ordures et des camions (…), nécessitera, quant à lui, le développement de plusieurs dizaines de stations diffuses de ravitaillement en gaz naturel pour les véhicules", souligne la DRIEE.

Le développement de la production de biogaz pourra nécessiter une adaptation des réseaux pour permettre une injection dans le réseau de gaz naturel. Deux paramètres peuvent restreindre l'injection du biométhane dans les réseaux, explique la DRIEE : l'absence de débouché en période estivale impliquant le développement en parallèle du GNV et l'éloignement des réseaux.

Le gaz jouera également un rôle de sécurisation de l'alimentation électrique. Après le déclassement des centrales thermiques historiques d'EDF, comme celle de Vitry-sur-Seine, une production sera assurée à partir de cycles combinés à gaz. "L'alimentation de ces installations nécessitera la création de raccordements nouveaux sur le réseau de grand transport de gaz", précise la DRIEE. Enfin, le gaz doit permettre d'accompagner la pénétration croissante des énergies renouvelables intermittentes. En bref, l'enjeu pour cette énergie est "d'évoluer vers une infrastructure encore plus flexible, capable d'intégrer de nouveaux usages, et d'apporter plus de souplesse et de sécurité à l'ensemble du système énergétique francilien".

Caractère stratégique du maintien de dépôts pétroliers

La baisse de consommation globale de produits pétroliers va se poursuivre d'ici 2030, ce qui n'empêche pas que les hydrocarbures resteront utilisés, notamment pour les déplacements. La livraison d'essence aux dépôts franciliens a baissé de 53% entre 2000 et 2012, tandis que celle de gazole a augmenté de 28%. Or, les raffineries françaises produisent très peu de gazole, ce qui induit une hausse des importations. Ce déséquilibre devant perdurer à l'horizon 2030, "les stocks de gazole revêtent ainsi un caractère particulièrement stratégique", souligne la DRIEE.

La tendance à la baisse des livraisons de fiouls domestiques (-60% entre 2000 et 2012) devrait se poursuivre. Certaines techniques performantes de chauffage au fioul, comme les chaudières à condensation, continuent toutefois de se développer. Les livraisons de carburant pour les avions ont en revanche progressé de 8% entre 2000 et 2012. Cette tendance devrait suivre la hausse du trafic aérien mais devrait être modérée par les progrès techniques des moteurs et l'optimisation du remplissage des avions.

"Le maintien de dépôts à proximité du cœur dense de l'agglomération, et de leurs stocks stratégiques destinés à répondre à une rupture grave de l'approvisionnement, apparaît donc indispensable", souligne Julien Assoun. Or, l'Ile-de-France a perdu 40% de sa capacité de stockage en 20 ans. Elle ne compte plus que 14 dépôts pétroliers et deux nouvelles fermetures sont annoncées. Tandis que la Petite couronne se défait peu à peu de ses dépôts qui font l'objet d'une pression foncière de plus en plus marquée, 50% de la consommation francilienne reste concentrée au cœur de l'agglomération.

Résultats ? Une augmentation des flux de camions entre les dépôts et les points de consommation avec des risques accrus pour la sécurité routière et une hausse des prix à la pompe. Mais aussi une fragilisation de l'approvisionnement pétrolier de la région en cas de crise, du fait d'un transfert des stocks stratégiques vers la périphérie. "C'est la raison pour laquelle il est indispensable de conduire une réflexion collective sur les leviers permettant de mieux concilier localement les aménagements du Grand Paris et la sécurité d'approvisionnement en produits pétroliers, enjeu stratégique à l'échelle régionale", conclut la DRIEE.

Réactions7 réactions à cet article

Les centrales a charbon vont être remplacées par des centrales à gaz: donc moins de pollution et une énergie BEAUCOUP plus chère.
Vouloir développer les fameux Datacenter en plein ville est absurde sauf a vouloir récupérer la chaleur via un réseau de chaleur (tout en ne sachant pas quoi en faire quand il fait chaud...)
La tendance a supprimer des dépôts de carburants "sous la pression foncière" est une autre absurdité. Il faut savoir qu'une partie importante du carburant arrive par pipe-line dans la région, économisant ainsi du trafic de poids lourds. Les grands dépôts alimentés par pipe-line permettent de distribuer par des camions de toutes les tailles le carburant. Note: une astuce technique permet d'utiliser alternativement le même tuyau pour l'Essence puis le Gazole ou Fuel.
L'emploi du gaz naturel véhicule est certes possible et présente des avantages mais il reste l'inconvénient du poids des réservoirs sous trés fortes pression (environ 200 Kg/cm²).
La généralisation des véhicules électriques se fera avec de trés lourdes contraintes sur le réseau électrique. D'ici que des lignes avec une tension plus élevée (660Volt ??) soient dédiées aux chargeurs de batterie il n'y a pas loin. La solution d'avenir pour les batteries sera qu'elles soient interchangeables et que l'on puisse les recharger sans contrainte de temps (puisqu'on aurait repris une autre bien chargée.

ami9327 | 27 novembre 2013 à 00h24 Signaler un contenu inapproprié

On voit , à lire ce tableau, que les éoliennes n'ont aucune portée effective quand on se heurte aux besoins réels ,et non aux prévisions de consommation utopiques.

sirius | 27 novembre 2013 à 19h48 Signaler un contenu inapproprié

J'ai une question toute bête qui me revient sans cesse lorsque je lis une affirmation que les énergies renouvelables ne suffisent pas ou ne suffiront pas ( manque de soleil, de vent...) Comment font les autres pays comme le Danemark par exemple ? commandent-ils la météo ? Ont-ils des technologies autres, qui font qu'ils progressent à grand pas quand nous, nous nous posons toujours les mêmes questions ?

bartieh | 29 novembre 2013 à 17h02 Signaler un contenu inapproprié

Comparer le Danemark et la France montre que les besoins en énergie d'un petit pays sont inférieurs a ceux d'un plus grand. Le Danemark dispose de vastes zones ou implanter des éolienne off-shore. Ce éoliennes ont des efficacités plus grandes que celles à terre. Nous n'en n'avons pas ENCORE, et surtout nous n'avons pas des zones aussi protégées qu'au Danemark: voir une carte du pays pour comprendre.

ami9327 | 02 décembre 2013 à 00h41 Signaler un contenu inapproprié

En vue d'économiser beaucoup d'énergie, il suffirait de décider la vraie décentralisation des emplois du tertiaire. A l'heure de l'électronique à très grande échelle a-t-on encore besoin que tous les services ministériels par exemple soient concentrés à Paris. Les réseaux informatiques, les video conférences, le téléphone et les TGV pour quelques réunions indispensables pourraient suffire aux taches de nos grands administrateurs. Les services centraux des grandes entreprises pourraient aussi être incité à faire de même. Moins de transport pour tous donc du temps personnel gagné, de l'énergie économisée, une meilleure qualité de vie en province, une meilleure répartition des emplois sur tout le pays, des loyers plus abordables, etc etc
Il suffit de décider
Et Paris n'aura plus besoin de se torturer pour empêcher les non parisiens d'y accéder.
Je n'ai pas vu le projet de construction à Paris centre de 4 EPR, ni les 200 fermes éoliennes nécessaires à son approvisionnement en électricité dont les voitures électriques.
Il y a, à Paris des collines qui ont porté des moulins à vent. Compte tenu de la taille des futures éoliennes de plus de 200 mètres de haut, elles seront au dessus des immeubles.
Dernier avantage, il n'y aura plus de queue à la tour Eiffel car tous les touristes se précipiteront pour la visite des éoliennes

ITC 788 | 29 janvier 2014 à 13h00 Signaler un contenu inapproprié

Explication pour le Danemark
Quand il y a du vent, le Danemark exporte son électricité en particulier vers la Norvège qui est bien équipée en barrages avec station de transfert par pompage (STEP). La Norvège achète cette électricité à un prix très bas (elle n'en a pas besoin, ses barrages lui suffisent)
Quand il n'y a pas de vent suffisant ( 60 à 80% du temps d'une année)
le Danemark utilise ses centrales au charbon (rappel ce pays est en Europe un des plus gros émetteurs de CO2 par habitant malgré ses éoliennes) Il peut aussi racheter du courant en Norvège, au prix fort cette fois car il en a besoin.
Les Danois payent pour leurs éoliennes et payent une seconde fois pour racheter cher l'électricité qu'il ont exporté à bas prix. Vestas, un danois, un des leaders de l'éolien licencie après avoir empoché les subventions pour le développement de l'éolien.
Il ne faudrait pas développer l'éolien sans au préalable savoir stocker l'électricité, excédentaire les jours de vent, pour la restituer les jours sans vent. Aucune technique n'est aujourd'hui disponible et opérationnelle.
Développer l'éolien électrique en France aujourd'hui ne sert pas à réduire les émissions de C02. Les investissements devraient aujourd'hui être tournés vers l'économie d'énergie pour le chauffage et le transport et les moyens massifs de stockage (à coût raisonnable) pas vers l'éolien. L'éolien en mer hors de prix devrait être abandonné.

ITC 78 | 29 janvier 2014 à 13h34 Signaler un contenu inapproprié

@ ITC78 je partage votre analyse!

ami9327 | 29 janvier 2014 à 19h55 Signaler un contenu inapproprié

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