L'animateur-producteur de l'émission Ushuaïa a donné trois raisons à sa décision. Il a tout d'abord choisi de faire confiance à la parole des candidats et de ce fait, de respecter la sienne, même implicite donnée en novembre dernier, à savoir lever l'hypothèse de ma candidature, dès lors qu'ils répondaient avec sérieux à nos propositions.
Nicolas Hulot a ensuite ajouté qu'il s'agissait aussi d'une question d'honnêteté vis-à-vis des militants écologistes. Dans l'aventure d'une candidature, j'aurai entraîné, à leurs corps défendant, tous ceux qui se battent pour la cause. Un échec de ma part, toujours possible, leur serait préjudiciable ainsi qu'à la cause elle même; en d'autre terme, un faible score électoral réduirait vulgairement à un simple chiffre un enjeu aussi fondamental et magnifique, a-t-il ajouté.
Enfin troisième raison : selon lui, en restant à l'écart du jeu des pouvoirs, l'élan du Pacte Ecologique va s'amplifier. Il se transformera en véritable lobby des consciences, a estimé Nicolas Hulot.
Sans soutenir un candidat en particulier, Nicolas Hulot entend cependant peser dans le débat, avec l'objectif de maintenir jusqu'au deuxième tour, l'impératif écologique comme le thème majeur du débat et des réflexions.
Trop souvent cantonné aux seules adoptions d'un vice-premier Ministre chargé du Développement Durable et d'une taxe carbone par les médias grands-publics, Nicolas Hulot a profité de l'occasion pour rappeler qu'il invite les candidats à l'élection présidentielle à ne pas oublier la question de la biodiversité tout aussi cruciale que celle des changements climatiques, à organiser après les élections, des Etats Généraux de l'Agriculture pour voir comment réconcilier les paysans, la nature et l'alimentation à travers des mécanismes qui favorisent une production de qualité et à approfondir le chantier de la fiscalité sur le principe d'un déplacement de la fiscalité du travail vers la fiscalité énergétique et environnementale. L'écologiste souhaiterait également qu'ils travaillent sur les problématiques comme la santé et l'environnement, l'artificialisation des sols et l'étalement urbain.
Il a ainsi annoncé la création d'un observatoire permanent au sein du Comité de Veille Ecologique de la Fondation Nicolas Hulot pour analyser les propositions à venir et vérifier tout au long de la campagne au respect des propositions déjà formulées. Dans cette optique, il a précisé qu'il invitait les différents candidats à formaliser leurs engagements le 31 janvier.
L'animateur semble avoir rempli son contrat : depuis le lancement de son pacte écologique le 7 novembre dernier, quinze candidats ont signé le pacte, de Marie-George Buffet (PCF) à Nicolas Sarkozy (UMP), en passant par François Bayrou (UDF) et Ségolène Royal (PS). Seuls les candidats d'extrême gauche et d'extrême droite ne l'ont pas soutenu (Jean-Marie Le Pen, Philippe de Villiers, Olivier Besancenot et Arlette Laguiller). Les réponses sont, comme cela était prévisible, différenciées, a souligné Nicolas Hulot mais elles ont en commun d'avoir été étudiées et travaillées avec le sérieux et l'attention que tout cela mérite, a-t-il ajouté.
Rappelons que près de 500.000 personnes ont signé le pacte écologique qui vise à interpeller tous les candidats à l'élection présidentielle au-delà des clivages politiques, à mobiliser les citoyens et à ouvrir le débat public en proposant aux candidats 10 objectifs et 5 propositions concrètes pour alimenter leurs programmes. On y retrouve en effet la création d'un poste de vice-Premier ministre chargé du développement durable, l'instauration d'une nouvelle taxe carbone qui croîtrait de manière progressive jusqu'à ce que la division par quatre des émissions soit atteinte, mais aussi une réorientation des subventions agricoles vers une agriculture de qualité, la systématisation des procédures de démocratie participative et enfin la mise en place d'une politique d'éducation et de sensibilisation.
Le retrait de Nicolas Hulot, crédité de 10 à 11% des intentions de vote par les sondages, n'a pas tardé à faire réagir parmi les candidats écologistes déclarés. Génération Ecologie et sa Présidente France Gamerre ressent comme une trahison, la désertion de Nicolas Hulot du champ de l'écologie politique. France Gamerre s'était en effet engagée à retirer sa propre candidature dès lors que celle de Nicolas Hulot représenterait l'ensemble des mouvements et des associations qui défendent l'Ecologie et l'Environnement. Elle reconnaît toutefois dans un communiqué que l'action médiatique de Nicolas Hulot a suscité une émotion en faveur de l'Environnement. Antoine Waechter, candidat pour le Mouvement écologiste indépendant (MEI) s'est dit déçus de cette décision, parce qu'on va perdre encore des années à un moment où plus que jamais les écologistes sont indispensables. Dominique Voynet, candidate des Verts a estimé que la décision d'Hulot forçait «le respect» car il ne doit pas être si facile de renoncer, quand les sondages vous promettent un résultat à deux chiffres, à une telle aventure - difficile, mais gratifiante. Corinne Lepage, candidate de Cap21, n'a quant à elle pas réagit officiellement préférant ne pas s'écarter de la mission de son déplacement dans le Pas-de-Calais sur le site de la société Sublistatic, usine de papier d'impression sur tissu, où depuis le 11 janvier, 223 salariés occupent l'entreprise et menacent de polluer le site en déversant plus de 150 tonnes de produits explosifs, inflammables et toxiques s'ils n'obtiennent pas de meilleures conditions financières de départ.
Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal, ont quant à eux réaffirmé leurs engagements après l'annonce de Nicolas Hulot. Dans un communiqué, la candidate socialiste à l'élection présidentielle, Ségolène Royal, a salué l'action militante de Nicolas Hulot . Et a appelé les citoyens à continuer la signature du pacte écologique de Nicolas Hulot, car son combat doit se poursuivre. La France doit devenir le pays de l'excellence environnementale, a-t-elle déclaré. Nicolas Sarkozy a pour sa part estimé que la décision de Nicolas Hulot de ne pas être candidat n'allait pas éliminer la question environnementale de la campagne.
Selon un sondage Ifop pour le Journal du dimanche publié la veille de cette annonce, 59% des Français se disaient hostiles à une candidature de l'animateur et 40% souhaitaient au contraire qu'il se présente.