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Actu-Environnement

L'OACI en désaccord avec l'UE sur le système de quotas de CO2 du secteur aérien

L'OACI a adopté le 28 septembre un programme d'action de réduction d'émissions de GES de l'aviation sans toutefois parvenir à un accord sur un système d'échange de quotas de CO2 du secteur réclamé par l'UE.

Transport  |    |  R. Boughriet
L'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), une agence des Nations unies, a tenu la 36e session de son Assemblée à Montréal au Canada, du 18 au 28 septembre 2007. Les délégués des 190 États contractants de l'Organisation étaient réunis pour passer en revue les activités de l'OACI pendant les trois dernières années et approuver le programme de travail et le budget de l'Organisation pour le triennat de 2008-2010. Des organismes internationaux œuvrant dans le domaine de l'aviation ont également participé à la session. Trois thèmes étaient abordés au cours de l'Assemblée de l'OACI : la sécurité et la sûreté de l'aviation, la navigation aérienne et la protection de l'environnement. En effet, en juin dernier, la 63e Assemblée générale annuelle de l'association internationale du transport aérien (IATA) à Vancouver au Canada, avait enfin défini l'environnement comme ''principal défi''.
Dans ce contexte, depuis dix jours, l'Assemblée de l'OACI débattait des mesures à prendre pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) de l'industrie aérienne qui devrait accroître de 4,6 % annuellement d'ici 2025. D'après l'Organisation internationale de l'aviation civile, le secteur aérien représente 2 % des émissions totales de GES et devrait passer à 3 % en 2050. Rappelons que les émissions de l'aviation civile internationale ne sont pas comptabilisées dans les bilans de réduction de gaz à effet de serre des pays industrialisés en vertu du protocole de Kyoto.

Au terme de l'Assemblée, l'OACI n'est pas parvenu à se mettre d'accord sur une réduction contraignante d'émissions de CO2 réclamée par les 27 pays de l'Union européenne. À l'instar des Etats-Unis, la plupart des délégations ont estimé que les États ne devraient pas appliquer de systèmes d'échange de droits d'émissions aux transporteurs d'autres États, sauf sur la base d'accords mutuels, a expliqué l'Organisation internationale de l'aviation civile dans un communiqué. Depuis septembre 2005, la Commission européenne propose d'intégrer les compagnies aériennes dans le système d'échange de quotas d'émission de gaz à effet de serre (SCEQE) : à partir de 2012, tous les vols à destination ou en provenance de son territoire seront concernés. Ce qui limiterait l'impact du système de 75 %, selon certaines études. À côté du commerce de quotas d'émissions, nous avons l'intention d'améliorer les normes techniques, d'encourager les sciences et le développement technologique et de créer un système de gestion du trafic aérien, avait souligné le Ministre fédéral, Wolfgang Tiefensee, à l'occasion du Conseil des Ministres des Transports de l'UE en juin dernier.

Mais l'OACI n'a finalement adopté le 28 septembre qu'un ''programme d'action'' officiellement ''agressif''' en matière de changements climatiques. L'Assemblée a décidé de créer un groupe de travail, composé de représentants gouvernementaux de haut rang, qui devra faire des recommandations au conseil de l'OACI pour réduire les émissions. Les options à étudier comprennent les mesures volontaires, les progrès technologiques dans les aéronefs et les équipements au sol, des mesures opérationnelles plus efficaces, des améliorations de la gestion du trafic aérien, des incitatifs économiques positifs et des mesures fondées sur le marché, a indiqué l'OACI. L'Assemblée a adopté une résolution sur l'usage de mesures liées au marché qui indique notamment que les membres de l'OACI devraient signer des accords individuels avec les pays dont ressortent les compagnies aériennes, avant de leur appliquer des systèmes d'échange d'émissions.

L'UE a fait savoir qu'elle ignorerait cette résolution et a émis une réserve formelle. Nous sommes déçus par le résultat. Nous croyons que l'OACI a abdiqué son rôle de chef de file que lui confiait le protocole de Kyoto. C'est un grand échec qui devrait nous inquiéter tous, a déclaré dans un communiqué Luis Fonseca de Almeida, directeur général de l'avion civile du Portugal, pays qui préside actuellement l'UE. De son côté, le commissaire européen aux Transports, Jacques Barrot, a déclaré que l'OACI a beaucoup fait évoluer la sécurité dans le transport aérien mais son bilan sur les émissions des avions n'est tout simplement pas assez bon. (...) Nous devons faire des progrès supplémentaires et plus rapides pour nous attaquer au problème urgent du changement climatique. L'ONG écologiste Transport and Environment (T&E) a salué la décision de l'UE et souhaite que l'OACI soit démise de ses responsabilités en matière d'environnement. Greenpeace accuse, dans un communiqué, les Etats-Unis d'avoir influencé cette recommandation de l'OACI. D'après Greenpeace, la semaine dernière, M. Gray, ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'UE, aurait évoqué des poursuites devant l'OMC si l'Union poursuivait sa volonté d'imposer cette mesure à toutes les compagnies aériennes.

Par ailleurs, se tient à Davos en Suisse jusqu'au 3 octobre, la Deuxième Conférence internationale sur le changement climatique et le tourisme, évoquant très largement les effets pervers du secteur aérien. Cette conférence organisée conjointement par l'OMT (Organisation mondiale du tourisme), le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) et l'Organisation météorologique mondiale (OMM) a pour thème ''le défi mondial du changement climatique et les mesures du secteur du tourisme pour à la fois adapter les destinations à ses effets et atténuer son propre impact''. Selon l'OMT, un total de 846 millions d'arrivées internationales et quelque 4 milliards de voyages de tourisme interne ont été effectués en 2006. D'après l'étude intitulée ''Climate Change and Tourism: Responding to Global Challenges'' de l'OMT, du PNUE et de l'OMM à paraître d'ici à la fin de l'année, les émissions de gaz carbonique des transports du secteur, des établissements d'hébergement et d'autres activités touristiques sont estimées représenter entre 4 et 6 % du total de ces émissions. La croissance continue du secteur touristique, s'il n'est pas pris de mesures d'atténuation, pourrait entraîner une augmentation de 150 % de ses émissions de CO2 au cours des trente prochaines années, indique le rapport. Dans ce contexte, des voyagistes tels qu' Air France, Air Canada ou la SNCF avec Voyageurs du monde commencent à proposer à leurs clients un service de compensations carbone liées à leurs trajets, en versant des dons à des associations environnementales.

Réactions5 réactions à cet article

rarefaction de l'oxygene

quand on embarque à bord d'un biréacteur on est loin d'imaginer quelle quantité d'oxygene les moteurs vont devoir consommer pour propulser à 10000 metres d'altitude les quelques 250 tonnes de votre avion(600tonnes pour l'A380 dont 300 tonnes de carburant)
il est facile de faire le calcul pour ce qui est de la consommation d'un reacteur qui devient donc générateur de gaz carbonique ,fruit d'une combustionà 99%.
Sachant que le melange air /carburant est de 1gramme de kérosène pour 15 grammes d'air je vous laisse faire l'opération.
imaginez le nombre de réacteurs qui sillonnent le ciel de la planète .
je pense qu'il faudrait agir en priorité sur le secteur aérien .

CAUCHI martial

isatis 23 | 05 octobre 2007 à 23h01 Signaler un contenu inapproprié
Re:rarefaction de l'oxygene

Vos impressions sont trompeuses. Les chiffres sont tenaces, l'aviation consomme 4% du pétrole et l'automobile 33%. Si l'on veut vraiment influer sur l'émission de CO2 (ou la conso d'oxygène mais cela revient au même sauf qu'un peu de gaz carbonique en plus est une catastrophe alors que la quantité d'oxygène consommé est absolument négligeable!) c'est à notre sacro-sainte voiture qu'il faut s'attaquer !
Désolé !

Marc Vauld | 08 octobre 2007 à 13h20 Signaler un contenu inapproprié
Raréfaction de l'oxygene - Multiplication des GES

Messieurs, il faut agir sur l'un et sur l'autre des modes de transport évoqués.

Pour le trafic aérien, c'est un fait scientifique que la combustion du kérosène embarqué génère du CO2 à raison de 5 litres de CO2 par gramme de kérosène brûlé (calcul fait en corrigeant des conditions de température et de pression à 35 000 pieds).

C'est un autre fait que la consommation mondiale de kérosène est de 480 000 tonnes par jour.

C'est donc encore un fait (ils sont tenaces, hein !) que le trafic aérien génère un volume de 2,5 km3 de CO2, par jour en altitude. Ceci, c'est pour le CO2.

Mais il n'y a pas que lui qui soit à effet de serre. La vapeur d'eau l'est également et, du coup, à chaque gramme de kérosène transformé, ce sont 12 litres de gaz à effet de serre qui sont générés (l'oxygène consommé n'est que très faiblement à effet de serre). On va admettre que la moitié de l'eau condense. Dans ce cas, à chaque gramme de kérosène brûlé, il y a émission de 8 litres de GES. Le trafic aérien journalier remplit donc de gaz à effet de serre un volume d'environ 3,8 km3 (1300 km3 par an).

On dira que c'est peanuts par rapport au volume de la tranche d'atmosphère terrestre. On dira aussi que rien n'est statique, tout bouge, se diffuse, se mélange, donc que tout va bien.

Il y a juste que, avant le trafic aérien, il y avait infiniment moins de gaz de serre là haut. Ni qu'il n'y aura jamais d'arbres là haut pour consommer le CO2 que nous y rejetons.

Les spécialistes du domaine feront des calculs encore plus précis. Toujours est-il qu'aujourd'hui il n'y a plus que les gens de mauvaise foi pour prétendre qu'il n'y a pas d'influence du trafic aérien sur la couche atmosphérique ou, qu'au prétexte, que la consommation de kérosène n'est que le huitième de celle des carburants automobile, il ne faut en vouloir qu'au transport terrestre.

Il me semble que nous ne pourrons pas indéfiniment transformer du carbone fossile en carbone gazeux, ni au niveau de la mer, ni dans l'atmosphère.
Les agrocarburants sont une mauvaise réponse au carbone fossile, car à terme, cette voie nous entraîne à choisir entre manger et voyager. Vous voyez le fossé entre ceux (la minorité) qui pourront les deux et les affamés qu'on laissera au bord du chemin. Sans parler de l'épuisement des sols et autres effets collatéraux (ressource en eau, etc.).
Finalement voyageons-nous à ce point parce que cela répond à un besoin impérieux ou parce que nous succombons à notre modèle de pensée (unique) ?

Je souhaiterai pour mes petits-enfants qu'ils aient encore la chance de pouvoir marcher dans une vraie forêt, ne serait-ce que celle à 20 km de chez eux (on peut y aller en vélo), qu'ils ne soient pas exposés plus que nous le sommes à des virus, des bactéries et des parasites, aujourd'hui heureusement peu fréquents, qu'ils puissent inscrire leur activité d'homme dans un tissu économique équilibré, etc.

Une sacrée prise de conscience et, à la clé, une réelle volonté de changement. En aurons-nous la force ?

Aloyse | 09 octobre 2007 à 14h23 Signaler un contenu inapproprié
Re:Raréfaction de l'oxygene - Multiplication des .

Je critiquais les gens qui mettent la priorité sur ce qui les dérange le moins... Pour les uns c'est le transport aérien pour d'autres c'est encore un autre domaine... Mais les mêmes refusent de voir l'essentiel à savoir que la plus grosse part des gaz de source anthropique à effet de serre sont dus au transport automobile et à la consommation de viande. Ces points ne sont que rarement évoqués car ils dérangent tout le monde .
Vos calculs sont tout à fait justes( bien qu'il n'y ait pas d'accord entre scientifiques sur l'influence des nuages), mais faites donc les mêmes pour l'automobile et pour l'élevage (là c'est surtout du méthane qui est rejeté avec un effet de serre beaucoup plus important que le CO2). Je crois que ça surprendra beaucoup de monde (y compris vous et moi!)
A vous lire .

Hervé Vauld | 10 octobre 2007 à 19h23 Signaler un contenu inapproprié
Re:Re:Raréfaction de l'oxygene - Multiplication d.

Je vous remercie de cette contribution.

Mais, rassurez-vous, je ne vais pas ergoter sur qui, du transport aérien ou du transport terrestre génère la pression écologique la plus pernicieuse.

Comme je l'écrivais "nous ne pourrons pas indéfiniment transformer du carbone fossile en carbone gazeux ni au niveau de la mer, ni dans l'atmosphère" et je vous accorde qu'avec huit fois plus de consommation de carburant, il n'est pas besoin de nouveaux calculs pour estimer que l'impact écologique du transport routier (VP & VL) est certainement plusieurs fois plus élevé.

Je dois aussi vous avouer que j'emprunte (trop fréquemment) les transports aériens car mon métier m'appelle de ci et de là et de part et d'autre de l'Atlantique. De ce point de vue là, je suis très gêné d'être acteur de l'impact négatif que je quantifiais.

Je mange aussi de la viande et on va pouvoir me reprocher d'être promoteur de l'élevage bovin, ovin, porcin, et donc instigateur des flatulences de méthane dont ces pauvres bêtes souffrent. Et bien sûr je roule en automobile !

Je n'ai donc aucune raison de me sentir au dessus de la mêlée ni de donner des leçons (et ce n'est pas ce que voulais faire)

Rassurez-vous, pendant que nous discutons de cela, le réchauffement climatique fait fondre le permafrost, ce qui va contribuer à relarguer des quantités de méthane bien plus importantes encore et accélérer le cycle infernal GES > réchauffement > GES.

Plus rien de tout cela ne me surprend et je crains le pire (et j'en serai comptable, mais pas tout seul).

Par contre, j'aimerais bien être surpris par les prémices d'un changement de comportement général selon lequel nous tous accepterons de réduire notre pression sur l'environnement sans chercher à relâcher notre effort au prétexte que notre voisin ne fait pas aussi bien que nous.

Bon courage à nous. Notre avenir et, surtout, celui de nos enfants en dépend.

Aloyse | 11 octobre 2007 à 00h15 Signaler un contenu inapproprié

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