Plus de 80% des personnes vivant dans des zones urbaines, au niveau mondial, sont exposées à des niveaux de pollution atmosphérique qui dépassent les limites fixées en particules fines PM10 et PM2,5 par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), selon ses dernières statistiques publiées le 12 mai.
La base de données de l'OMS regroupe des mesures effectuées dans près de 3.000 villes issues de 103 pays. (Voir carte sur les concentrations moyennes annuelles en PM10). Ces données sont issues des rapports officiels remis par les pays à l'organisation onusienne. Les plus récentes mesures datent de 2013 et de 2014.
Ainsi, 98% des villes de plus de 100.000 habitants "des pays à revenu faible ou intermédiaire" ne respectent pas les seuils limites de l'OMS de 10 microgrammes par mètre-cube (µg/m3) pour les PM2,5 et de 20 µg/m3 pour les PM10 en moyenne annuelle. Dans les pays "à revenu élevé", ce pourcentage "tombe à 56%".
Trois millions de décès prématurés par an
Les PM10 et PM 2,5 comprennent des polluants comme le sulfate, les nitrates et le carbone noir,"qui pénètrent profondément dans les poumons et dans le système cardiovasculaire, ce qui représente un risque grave pour la santé humaine", prévient l'OMS. Risques d'accident vasculaire cérébral, de cardiopathie, de cancer du poumon et de maladies respiratoires aiguës (asthme)… La pollution de l'air ambiant, due à leurs concentrations élevées, cause "plus de 3 millions de décès prématurés chaque année dans le monde". La pollution atmosphérique a été classée dans la catégorie "cancérigène certain" en octobre 2013 par le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), agence spécialisée de l'OMS.
Or, les habitants des villes "à revenu faible sont ceux qui subissent le plus les conséquences" de cette pollution qui "continue de progresser à un rythme alarmant, avec des effets dévastateurs pour la santé humaine", a de nouveau alerté le Dr Maria Neira, directrice du département "OMS santé publique".
Hausse en Asie du Sud-Est et en Méditerranée orientale
Les niveaux mondiaux de particules PM10 et PM2,5 en milieu urbain ont effet augmenté de 8% entre 2008 et 2013, en particulier en Asie du Sud-Est et en Méditerranée orientale "où les niveaux annuels moyens dépassaient souvent entre 5 et 10 fois les limites fixées par l'OMS ". Tandis que les pays à revenu faible de la région du Pacifique occidental "les suivaient de près".
"Dans le même temps, la sensibilisation gagne du terrain et les villes sont plus nombreuses à surveiller la qualité de leur air. Lorsque la qualité de l'air s'améliore, les maladies respiratoires et cardiovasculaires connexes reculent à l'échelle mondiale", a ajouté le Dr Maria Neira.
Plus de la moitié des villes, faisant l'objet d'une surveillance de la qualité de leur air, dans les pays à revenu élevé, ont réduit leurs niveaux de pollution atmosphérique de plus de 5% entre 2008 et 2013. Idem pour plus du tiers des villes dans les pays à revenu faible.
Le top 5 des villes où les concentrations moyennes en particules PM10 sont les plus élevées par an sont : Peshawar au Pakistan (540 µg/m3), Zabol en Iran (527 µg/m3), Ryad (368 µg/m3) et Al Jubail (359 µg/m3) en Arabie Saoudite et Gwalior en Inde (329 µg/m3). Figurent également Delhi en Inde (229 µg/m3), Doha au Qatar (168 µg/m3), Bamenda au Cameroun (141 µg/m3) ou Pékin en Chine (108 µg/m3).
Les seuils de l'OMS dépassés à Paris ou Marseille
Dans les capitales européennes, les niveaux de concentrations des PM10 dépassent également le seuil préconisé par l'OMS à Paris (28 µg/m3) (et Marseille (29 µg/m3)) en France, à Rome en Italie (28 µg/m3), à Bruxelles en Belgique (26 µg/m3), à Berlin en Allemagne (24 µg/m3) ou Londres au Royaume-Uni (22 µg/m3). Aux Etats-Unis, le seuil de l'OMS est en revanche respecté à New-York (16 µg/m3) ou encore Los Angeles (20 µg/m3).
A noter : à Paris, la teneur moyenne annuelle en PM2,5 est également supérieure au seuil recommandé par l'OMS (10 µg/m3), avec 18 µg/m3, contre 17 µg/m3 pour Marseille.
En abaissant la pollution liée aux PM10 de 70 à 20 μg/m3, les décès liés à la pollution de l'air "pourraient être réduits d'environ 15%", souligne l'organisation onusienne. Pour ce faire, l'OMS recommande de limiter les émissions des cheminées industrielles, d'accroître l'utilisation des sources d'énergie renouvelable (solaire, éolien), et de privilégier les transports en commun rapides et les réseaux de pistes cyclables.