À moins de deux semaines de la COP 27 en Égypte, et faute de progrès significatifs pour baisser les émissions de gaz à effet de serre, les agences onusiennes exhortent les gouvernements nationaux à renforcer dès maintenant leurs plans climat.
« Lors de la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 26) qui s'est tenue à Glasgow l'année dernière, tous les pays ont convenu de revoir et de renforcer leurs plans climatiques », a rappelé Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'Agence des Nations unies pour le climat (CCNUCC), en publiant, le 26 octobre, un dernier bilan des contributions déterminées au niveau national (NDC) soumises par les 193 pays signataires de l'Accord de Paris.
Or, seuls 24 plans climatiques nouveaux ou actualisés (NDC) ont été soumis après la COP 26, à la date limite du 23 septembre 2022, pour être pris en compte lors de la COP 27, qui se tiendra du 6 au 18 novembre prochain à Charm el-Cheikh, en Égypte. Un chiffre « décevant », regrette Simon Stiell dans un communiqué.
Des progrès insuffisants
D'après le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), les émissions mondiales doivent en effet baisser de 45 % d'ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2019, pour ne pas dépasser 1,5 °C de réchauffement climatique d'ici à la fin du siècle. Mais selon la dernière synthèse des NDC, les engagements actuels mèneraient au contraire à une augmentation de 10,6 % des émissions d'ici à 2030, par rapport aux niveaux de 2010.
Les gouvernements nationaux doivent renforcer leurs plans d'action climatique dès maintenant et les mettre en œuvre au cours des huit prochaines années.
Si le nombre de nouvelles NDC déçoit, leur ambition est également critiquée. Dans son «
Emissions Gap report 2022 », publié ce jeudi 27 octobre, le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue) précise que les nouvelles NDC soumises depuis la COP 26 ne réduisent que de 1 % les émissions mondiales prévues en 2030 et que leur mise en œuvre tarde.
« La plupart des membres du G20 viennent juste de commencer à mettre en œuvre des efforts pour atteindre leurs nouveaux objectifs. Collectivement, le G20 ne devrait pas être en mesure de tenir ses promesses pour 2030 sans une action renforcée », prévient l'agence onusienne.
Toutefois, quelques progrès sont à noter : 62 États parties à l'Accord de Paris ont adopté des stratégies à long terme visant à passer à des émissions nettes nulles d'ici au milieu du siècle ou aux alentours. « Si toutes les stratégies à long terme sont pleinement mises en œuvre dans les délais », les émissions de ces pays pourraient être inférieures d'environ 68 % en 2050 par rapport à 2019, remarque l'ONU Climat. De son côté, le Pnue est moins optimiste. Il estime que la mise en œuvre de toutes les NDC, associées aux engagements nets zéro pris par un nombre croissant de pays, « laissent présager une augmentation de 1,8 °C. Toutefois, ce scénario n'est pas crédible, compte tenu de l'écart entre les émissions actuelles, les objectifs des NDC à court terme et les objectifs nets zéro à long terme ». Le Pnue mise plutôt sur un réchauffement de 2,8 °C d'ici à la fin du siècle au regard des politiques actuelles.
Par conséquent, « nous sommes encore loin de l'ampleur et du rythme des réductions d'émissions nécessaires pour nous mettre sur la voie d'un monde à 1,5 °C. Pour maintenir cet objectif, les gouvernements nationaux doivent renforcer leurs plans d'action climatique dès maintenant et les mettre en œuvre au cours des huit prochaines années », a déclaré Simon Stiell.
Record des niveaux de gaz à effet de serre en 2021
D'autant que les dernières données présentées par l'Organisation météorologique mondiale (OMM) « n'augurent toujours rien de bon pour le climat », a-t-elle aussi alerté, le 26 octobre. Les concentrations atmosphériques des trois principaux gaz à effet de serre – dioxyde de carbone (CO2), méthane (CH4) et protoxyde d'azote (N2O) – ont battu de « nouveaux records » en 2021. D'après le Bulletin de l'OMM, la concentration en dioxyde de carbone dans l'atmosphère s'élevait à 415,7 parties par million (ppm), celle de méthane à 1 908 parties par milliard (ppb) et celle de protoxyde d'azote à 334,5 ppb. Soit une progression respective de 149 %, 262 % et 124 %, par rapport à l'époque préindustrielle. « Jamais la progression annuelle des concentrations de méthane n'a été aussi forte qu'en 2021. La cause de cette augmentation exceptionnelle n'est pas clairement établie, mais il semble que des processus tant biologiques qu'anthropiques soient à l'œuvre », prévient l'OMM. Et « le taux d'accroissement du dioxyde de carbone entre 2020 et 2021 a été supérieur à la moyenne du taux d'accroissement annuel des dix années précédentes ».
Pour inverser la tendance et « éviter une catastrophe climatique », le Pnue appelle à des « transformations sectorielles et systémiques urgentes » vers zéro émission nette de GES dans les secteurs de l'approvisionnement en électricité, de l'industrie, des transports et du bâtiment, ainsi que dans les systèmes alimentaires et financiers. Il détaille, dans son rapport, les mesures à prendre pour accélérer ces transformations.
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Note Télécharger le rapport de synthèse sur les contributions déterminées au niveau national pour 2022 (en anglais) Plus d'infos
Note Télécharger la synthèse en français du rapport Emissions Gap Report 2022 Plus d'infos
Note Les pays membres du G20 sont : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne.Article publié le 27 octobre 2022