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De timides amorces de solutions pour préserver les forêts tropicales

Lors du One Forest Summit, une vingtaine de pays ont esquissé les pistes à suivre pour protéger les forêts tropicales de la destruction. Une première étape qui a surtout permis de rappeler l'importance de ces gigantesques mais fragiles puits de carbone.

Agroécologie  |    |  N. Gorbatko
De timides amorces de solutions pour préserver les forêts tropicales

Quelles solutions pour préserver les forêts tropicales, principaux puits de carbone à l'échelle planétaire, sans compromettre le développement des pays concernés ? C'est ce qu'une vingtaine de pays dont les états représentatifs des grands bassins forestiers – en Amazonie, en Asie du Sud-Est ou au Congo notamment – ont cherché à déterminer, les 1er et 2 mars derniers, lors du premier One Forest Summit de Libreville. Coorganisée par la France et le Gabon, la manifestation rassemblait également une multitude d'autres parties prenantes : organisations internationales, collectivités locales, entreprises, investisseurs, associations, scientifiques, etc.

Reconnaissant l'urgence de stopper et d'inverser la déforestation d'ici à 2030, ces acteurs ont d'abord souligné, dans le Plan de Libreville adopté à l'issue de la rencontre, la nécessité d'offrir un niveau de protection élevé à certaines réserves vitales de carbone et de biodiversité : mangroves, tourbières et autres forêts primaires qui abritent notamment des espèces dites « parapluie » – gorilles, orangs outans, éléphants, jaguars… – soutenant à elles seules leur écosystème. Leur dégradation entraînerait « des conséquences irrémédiables », estiment les signataires.

Un éventail de possibilités

Les forêts : des écosystèmes clés pour le climat

Les forêts primaires, mangroves et autres tourbières représentent 15 % de la surface du globe, mais 75 % du carbone piégé. Elles abritent aussi les écosystèmes de plus de 90 % des espèces de vertébrés. Un rapport de l'Unesco en 2021 estime toutefois que dix forêts du Patrimoine mondial sont devenues des sources nettes d'émissions de carbone entre 2001 et 2020, en raison d'une combinaison de perturbations naturelles et anthropiques, notamment le dérèglement climatique.

Pour les participants au sommet, protéger la forêt n'implique cependant pas nécessairement de la fermer à toute intervention humaine. Une vaste palette d'outils peut au contraire être mise en œuvre, insistent-ils, « allant de la protection forte comme les parcs nationaux à des modes de gestion durable des ressources naturelles ». Le tout au bénéfice des populations locales, si possible. Le plan relève ainsi « l'opportunité économique » d'une démarche de bioéconomie et de transformation locale et durable des produits issus de la forêt.

Les pays forestiers en voie de développement engagés dans une démarche ambitieuse pour la nature devraient également pouvoir être rémunérés pour ces services par la communauté internationale. Dans ce but, les organisateurs du sommet ont donc relancé les partenariats de conservation positive (PCP) proposés par la France lors de la COP27. Passés par les pays qui acceptent de garder intactes leurs réserves vitales de carbone et de biodiversité, ces contrats sont censés leur assurer de meilleurs financements internationaux, dans un premier temps, puis une rémunération de leurs efforts, ensuite, par les autres États ou des acteurs privés, en échange de « certificats biodiversité ». Afin d'amorcer l'action, un premier budget de 100 millions d'euros a déjà été attribué à cette démarche par la France, Conservation international et la Fondation Walton.

Le retour des crédits carbone

Les délégués de la sphère financière ont par ailleurs annoncé un plan d'action destiné à accélérer la production de projets de crédits carbone à très haute intégrité environnementale. Une solution pourtant critiquée par plusieurs associations, dont CCFD-Terres solidaires, pour son manque de fiabilité et sa propension à servir d'outil de greenwashing. Selon Canopée ou Reclaim Finance, qui attirent l'attention sur les milliards de dollars de soutien financier accordés depuis 2021 par les banques à la production de soja, principale cause de la déforestation, la réponse reste en outre plus que timide.

Ces ONG appellent les banques à s'engager plus franchement en conditionnant leurs prêts à l'adoption de mesures d'endiguement de ces saccages. « Pour mettre fin à la destruction des forêts, nous avons déjà les solutions, estime ainsi Klervi Le Guenic, chargée de campagne chez Canopée. Les banques françaises doivent prendre leurs responsabilités et couper leurs liens avec les entreprises qui détruisent ces précieux écosystèmes. » Ces démarches devraient pouvoir s'appuyer sur les cartographies des réserves vitales de carbone et de biodiversité mondiales qui seront établies par la communauté scientifique, dans les cinq prochaines années, dans le cadre du projet « One Forest Vision ». Celui-ci comprendra également les mesures du niveau de séquestration de carbone des forêts tropicales.

Des millions d'emplois promis

Réunis dans un « One Forest Business Forum », une cinquantaine de chefs d'entreprise ont, pour leur part, lancé l'initiative « 10by30 » destinée à créer 10 millions d'emplois dans les activités liées à la gestion durable des forêts d'ici à 2030. Parmi les pistes d'action retenues : le développement de l'agroforesterie couplée à des activités agro-industrielles, les plantations réservées au bois de chauffage pour freiner la déforestation, la promotion de normes industrielles harmonisées sur les questions environnementales, sociales et de gouvernance, l'adoption des principes de l'économie circulaire dans les chaînes d'approvisionnement ou encore la promotion de la formation.

Afin de contribuer à remplacer le béton et le ciment dans les années à venir, notamment dans les stratégies d'urbanisation africaines, le Gabon, la France et le Canada ont également proposé la mise en place d'une plateforme intergouvernementale sur l'utilisation durable du bois et des matériaux bio-sourcés dans la construction. Neuf pays ont rejoint cette coalition : Cambodge, Côte d'Ivoire, République du Congo, Ouganda, Royaume-Uni, Zambie, France, Gabon, Canada. Enfin, l'Ouganda, la France et le Gabon ont formé une autre coalition, baptisée « One Forest Guardian », pour inscrire les pratiques traditionnelles de surveillance de la forêt par les populations autochtones dans la liste du patrimoine mondial de l'Unesco d'ici à 2024.

En revanche, en dépit de l'organisation parallèle d'un « One Forest Youth Summit » par les jeunes du bassin du Congo, la rencontre n'aura pas vraiment permis aux sociétés civiles locales de participer aux débats et de mettre en lumière leurs propres solutions. Si le sommet aura eu l'avantage, largement reconnu, de mettre l'accent sur l'importance cruciale des écosystèmes forestiers pour la préservation du climat, les actions concrètes qui en découlent se seront limitées à celles des décideurs. D'autres événements permettront sans doute d'avancer encore sur le volet des financements climatiques, dont le sommet pour un nouveau pacte financier mondial prévu en France, en juin prochain.

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