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PFAS (1/3) : la course aux solutions de traitement est ouverte

À partir de 2026, vingt PFAS seront suivis dans l'eau potable et devront rester en dessous d'un seuil. Une obligation qui pose la question des possibilités de traitement de ces polluants dits éternels. Mais aussi d'un encadrement plus strict.

Eau  |    |  D. Laperche
PFAS (1/3) : la course aux solutions de traitement est ouverte
Actu-Environnement le Mensuel N°431
Cet article a été publié dans Actu-Environnement le Mensuel N°431
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L'année 2023 marquera un premier pas vers la surveillance et la gestion de la contamination des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) dans l'eau potable : les textes de transposition de la version révisée de la directive Eau potable doivent être publiés courant janvier. Et parmi les nouvelles exigences demandées par le texte européen : l'introduction d'une limite de qualité (1) à ne pas dépasser pour une cible de 20 PFAS dans l'eau de consommation. Ce suivi sera intégré dans les analyses réalisées par les agences régionales de santé (ARS) à partir de 2026. Ce délai de trois ans laisse notamment le temps aux laboratoires de s'organiser pour analyser certaines de ces molécules.

En région Auvergne-Rhône-Alpes, la mise en lumière médiatique de la contamination aux PFAS au niveau de la plateforme industrielle de Pierre-Bénite a toutefois accéléré le processus : l'ARS surveille depuis juillet 2022 les 20 PFAS dans certains champs captants d'eau potable sensibles (2) . Un suivi également mis en place en Normandie : l'accident industriel survenu en septembre 2019 sur le site de Lubrizol a en effet ouvert de nombreuses questions sur ses conséquences… et mis un coup de projecteur sur la pollution du milieu.

En cas de dépassement, les solutions pour rentrer dans les clous (comme une interconnexion des réseaux, une nouvelle ressource en eau ou même un traitement en station) demanderont aux collectivités de l'anticipation, tant la mise en oeuvre que dans le financement. « Nous suivons avec attention les résultats des prélèvements de l'ARS et, entre ses campagnes, nous réalisons nos propres analyses. Nous sommes pour l'instant en deçà de la future limite, indique Christophe Montvernay, directeur du Syndicat mixte des eaux des monts du Lyonnais et de la basse vallée du Gier (Siemly), touché par la pollution de la plateforme industrielle de Pierre-Bénite. Nous espérons que l'arrêt progressif du 6:2 FTS (3) prévu en 2024 pour Arkema et le suivi plus strict aura un effet sur nos captages. » Des réflexions sont également engagées avec la métropole du Grand-Lyon et d'autres syndicats voisins, également concernés par cette pollution. « Nous avons besoin d'analyse sur une durée suffisamment longue pour caractériser la contamination éventuelle et pouvoir envisager une solution si besoin, comme diluer à 10 ou 30 % pour respecter la réglementation », explique Christophe Montvernay.

Des polluants très résistants

Concernant les solutions de traitement, les PFAS, très résistants à la dégradation, portent bien leur nom de polluants éternels. Parmi les traitements disponibles, aucun ne semble être idéal.

Pour leur capture, si les charbons actifs assurent une bonne élimination des molécules à longue chaîne, ils doivent cependant être renouvelés fréquemment. « Un charbon actif qui n'est pas regénéré au bon rythme va relarguer des PFAS dans les eaux », pointe Hugo Carronnier, chef de projet spécialisé dans les PFAS chez Valgo, une entreprise de dépollution. La nanofiltration est efficace, mais demande une gestion ensuite des concentrats. De la même manière, l'osmose inverse montre de bons résultats, mais s'avère très énergivore.

Quant à l'élimination de ces polluants, les solutions thermiques demandent de monter à de très hautes températures (1 200 °C) et pourraient engendrer des produits de dégradation indésirables. « Pour certains composés, la dégradation est incomplète. Nous obtenons des PFAS volatils et un gaz utilisé comme gaz de combat (4)  : le perfluoro-isobutylène », note Hugo Carronnier.

“ Il n'est pas normal que ce soient les collectivités, les abonnés qui payent pour ces rejets ” Christophe Montvernay, Siemly
La voie des traitements chimiques devra également continuer à être explorée. « Nous avons testé des méthodes destructives, comme l'oxydation chimique et électrochimique, ajoute Hugo Carronnier. Le problème est que nous observons une diminution du nombre de composés à chaîne longue et une augmentation de ceux à chaîne courte – qui passent plus vite dans la circulation sanguine. »

Pour tenter d'y voir plus clair, des parlementaires ont demandé, lors des discussions sur la loi Climat et résilience, que le Gouvernement leur remette d'ici à août 2023 un rapport sur la pollution des eaux et des sols par ces substances, mais également des propositions de dépollution.

Des projets de recherche européens

Enjeu sanitaire, mais également marché potentiel, la question du traitement des PFAS intéresse aussi sur le plan européen. Dans le cadre du Green Deal, la Commission européenne finance ainsi plusieurs projets (5) sur les PFAS, dont Promisces (6) , coordonné par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Parmi les axes du projet, les scientifiques vont tester la performance ainsi que la faisabilité technico-économique de plusieurs techniques de destruction des PFAS : par pyrolyse, par plasma par induction ou par réduction chimique. « La réduction consiste à casser, à l'aide de particules de fer, les liaisons chimiques entre les atomes de carbone et de fluor afin de détruire ces molécules, explique Julie Lions, chef de projet Promisces au BRGM. Nous allons effectuer l'analyse coût-bénéfices de chacune de ces méthodes. »

Les conclusions sont attendues à partir de 2024. « Nous préparons également un outil d'aide à la décision qui regroupera, pour les PFAS et plus largement les polluants mobiles et persistants, des informations sur les propriétés de ces composés et leurs sources potentielles. Il permettra d'orienter l'utilisateur vers les meilleures solutions de gestion : les techniques de traitement ou la substitution, explique Julie Lions. Il sera alimenté par les résultats du projet Promisces et de différentes bases de données européennes. Il devrait être opérationnel en 2025. »

Des entreprises françaises se sont également lancées dans la course à la recherche de solutions. « Pour l'étape d'extraction, nous travaillons sur un additif innovant qui utilise des procédés biomimétiques – nous venons de déposer un brevet sur cette approche, indique Hugo Carronnier. Pour l'étape de dégradation, nous avons signé des protocoles de partenariat avec une unité de recherche mixte CNRS-CEA spécialisée dans la sonolyse, qui utilise des ultrasons pour générer des cavitations dans l'eau et dégrader les PFAS. Notre essai va commencer au début de cette année. »

D'abord la réduction à la source

L'étape essentielle pour limiter ces polluants reste toutefois la réduction à la source. « En tant que collectivité, nous souhaitons qu'une pression soit exercée sur les industriels pour une interdiction et des contrôles stricts, réagit Christophe Montvernay. Cette contamination se retrouve partout. Il n'est pas normal que ce soient les collectivités, les abonnés qui payent pour ces rejets. » Afin de mieux encadrer ces substances, la Commission européenne prévoit, dans le cadre de la révision du règlement Reach, de permettre une évaluation des produits chimiques non pas substance par substance, comme aujourd'hui, mais par famille de produits. Une approche plus efficace pour des substances comme les PFAS (dont le nombre s'élèverait à 12 000 composés) pour les limiter aux usages essentiels pour la société. Cette révision a été toutefois reportée au dernier trimestre 2023. Reste à voir si elle sera effectivement engagée ou si, comme le craignent certaines associations, la proximité de cette date avec les élections du Parlement européen, en mai 2024, ne la repousse pas à la mandature suivante, avec des objectifs moins ambitieux.

1. La limite de qualité est fixée à 0,10 µg/L pour la somme de ces 20 molécules dans l'eau potable.2. Champs captants de la nappe alluviale du Rhône en aval de Pierre-Bénite et jusqu'au Péage de Roussillon et de la nappe alluviale du Garon.3. 6:2 Acide fluorotélomère sulfonique.4. Lire « Understanding and Managing the Potential reviewed by C.A.J. Appelo1 and Massimo Rolle2 By-Products of PFAS Destruction », Groundwater Monitoring & Remediation 40, n° 2/ printemps 2020.5. Le projet ZeroPM coordonné par Norwegian Geotechnical Institute (NGI) et le projet Scenarios coordonné par l'université du Piémont oriental.6. Preventing Recalcitrant Organic Mobile Industrial chemicalS for Circular Economy in the Soil-sediment-water system
https://cordis.europa.eu/project/id/101036449

Réactions1 réaction à cet article

Bonjour
Il semble que la firme M3 ait décidé sans contrepartie de cesser d'utiliser des PFAS. Coût 0,5 Md$
https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7011605434117562368/
Benoît WIBAUX

Bonnes pratiques pour l'eau du grand sud ouest | 22 décembre 2022 à 11h15 Signaler un contenu inapproprié

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