Dans le débat sur l'usage des produits phytosanitaires, l'agriculture monopolise souvent l'attention. Pourtant, de nombreux autres acteurs sont gourmands en pesticides. Ainsi, la SNCF est le plus gros consommateur de glyphosate pour les usages non agricoles. Le désherbage des voies ferrées nécessite entre 36 et 45 tonnes par an de ce produit.
C'est pourquoi l'association de protection de la biodiversité Noé, avec le soutien de la Fondation pour la nature et l'homme (FNH), Générations futures, la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), Terre de liens, Nature & Progrès, Bio consom'Acteurs, Canopée et Terre & Humanisme, publient un manifeste et une pétition demandant l'arrêt de l'usage des phytosanitaires dans les zones non agricoles.
Du glyphosate dans les forêts
"La « loi Labbé » a interdit leur utilisation aux collectivités depuis 2017, et aux particuliers depuis le 1er janvier 2019. Pourtant, 69 herbicides et insecticides de synthèse sont encore autorisés en France sur environ 20 millions d'hectares de zones non-agricoles, dont la plupart accueillent du public (forêts, terrains de sport, parcs et jardin, etc.)", expliquent les associations.
En effet, des dérogations peuvent être appliquées pour les cimetières et les terrains de sport. Les jardiniers amateurs, lorsqu'ils font appel à des professionnels, peuvent également traiter aux produits de synthèse leurs jardins. Enfin, les forêts et les espaces verts des entreprises ne sont pas concernés par cette loi.
"Dans les forêts françaises, ce sont 40 pesticides de synthèse qui sont autorisés, dont 23 à base de glyphosate. Ces derniers sont pourtant classés comme pouvant entraîner des effets néfastes à long terme pour l'environnement aquatique, s'accumulant dans l'organisme des poissons, crustacés, algues, et plantes", indiquent les associations.
En 2018, 2.000 hectares de forêts landaises auraient été traités avec cet herbicide total, "contaminant les abeilles et le miel de la région, devenu impropre à la consommation". Dans l'Aisne, "des parcelles de forêts classées Natura 2.000 ont été traitées avec ce produit par l'Office national des forêts (ONF) après l'entrée en application de la loi Labbé". Dans d'autres forêts, un autre produit "au nom évocateur de « Fusilade Forêt », commercialisé par Syngenta", est utilisé. Or, il présente des risques pour l'enfant pendant la grossesse, dénonce les associations. "Bien que la loi s'applique aux espaces forestiers publics, de nombreuses parcelles peuvent encore être traitées car elles sont considérées comme des espaces de la production agricole et non comme des « lieux de promenade ». Pourtant, le plus souvent, rien n'indique aux promeneurs qu'il s'agit d'une zone traitée…", regrettent les associations.
Parcs d'attraction, terrains de sport et monuments historiques
Ces produits sont également utilisés dans les espaces verts des sites tertiaires ou de production des entreprises, ainsi que sur les milliers d'hectares des réseaux ferrés et autoroutiers.
"Certains de ces espaces sont ouverts au public, c'est le cas notamment des terrains de sport, parcs d'attraction, parcs et jardins de monuments historiques et des golfs sur lesquels l'usage de fongicides SDHI alarme les scientifiques". Sur les 35 produits phytosanitaires autorisés dans ces zones, 16 sont à base de glyphosate, et deux autres herbicides sont classés "cancérogènes probables".