Bouteilles de laits, flacons de shampoing, bidons de lessive, ce sont chaque année 13 000 tonnes de matières recyclées qui sont transformées en tubes annelés par l'entreprise Polieco à Feillens dans la région de Mâcon. La matière, issue exclusivement de la collecte des déchets d'emballages français est lavée, broyée puis recyclée sous forme de granulé par un centre de tri de la région géré par Paprec.
« Il y a encore 10 ans c'était tabou de dire que nos produits étaient faits en matière recyclée, ‘'avec des poubelles''. Cette mauvaise image était basée sur des a priori », se rappelle Antoine Thonnelier, directeur commercial chez Polieco.
Mais si ce spécialiste du plastique reconnait un changement de regard, tout n'est pas encore parfait. Même si leur qualité est identique à des tubes en résine vierge, la réglementation européenne ne reconnaît pas ce plastique recyclé dans son référentiel NF, contrairement aux résines conventionnelles. Une certification qui permettrait de lever toute ambigüité sur la qualité des produits.
D'autre part, le polyéthylène recyclé est normalement moins cher que la résine vierge. Mais la crise sanitaire a déstabilisé l'équilibre économique de la filière. « Les pétrochimistes n'avaient plus de débouchés. Cela a fait baisser le prix de la matière vierge. Au plus bas de la période, elle pouvait être moitié moins chère par rapport à la matière recyclée. Cette crise a révélé une faiblesse de la structuration de ce marché, avec un risque de moins recycler sous prétexte d'une baisse du prix du plastique vierge. »
Contrecoup de la crise : depuis la reprise, le coût de la résine vierge a explosé, atteignant aujourd'hui des prix 2 à 3 fois supérieur à ce qu'il était avant le confinement. Un contexte bien plus favorable pour les produits en matière recyclée.
Ce reportage a été difusé pour la première fois à l'ocasion de la web-conférence Actu-Environnement consacrée aux matière recyclées en partenariat avec Federec. Revoir le replay ici.