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Pollutions accidentelles des eaux : les chiffres à connaître

La contamination accidentelle des rivières et des nappes, source d'inquiétude pour l'alimentation en eau potable, peut résulter d'accidents difficiles à prévenir car provenant de multiples secteurs. Sans oublier les phénomènes de crue. Tour d'horizon.

TECHNIQUE  |  Eau  |    |  D. Laperche
Pollutions accidentelles des eaux : les chiffres à connaître

"Toutes les activités sont concernées par un risque de déversements accidentels dans les rivières", pointe Arnaud Guéna, adjoint au directeur du Centre de documentation, de recherche et d'expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre). Qu'ils soient du secteur industriel, de l'agriculture, de l'assainissement, des transports, la construction, ou même les particuliers, la diversité des responsables potentiels complexifie l'anticipation des accidents.

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C'est le nombre de pollutions accidentelles des eaux superficielles considérées comme graves sur les 888 évènements signalés entre 2003 et 2013, à la Direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie d'Ile-de-France. Deux ont été jugés très graves.

Le Bureau d'analyse des risques et pollutions industriels (Barpi) du ministère de la Transition écologique tente toutefois d'établir de grandes tendances et les fréquences à travers un inventaire des accidents technologiques. Sa base de données 2017 montre que sur les 1.630 accidents enregistrés, les premiers responsables en nombre sont les installations classées (67 %). Le secteur le plus représenté et en plus forte progression est celui du traitement des déchets. Selon le Barpi, ces accidents touchent majoritairement les eaux superficielles. Il enregistre 82 cas de pollution des eaux de surface en 2017. Neuf seulement ont contaminé les eaux souterraines.

Bassin de la Seine : l'impact d'une crue sur la qualité des eaux décrypté

Ces déversements accidentels peuvent également être liés à des évènements naturels comme des crues. "Le réchauffement climatique va entraîner, soit une augmentation de la fréquence ou de la puissance de certains phénomènes naturels, et inévitablement provoquer des pollutions accidentelles", projette Arnaud Guéna. Bien connaître l'impact d'une crue sur la qualité des eaux peut donc être utile pour minimiser la pollution. L'Agence de l'eau Seine-Normandie et la Direction régionale et interdépartementale de l'environnement et de l'énergie avec le groupement de recherche Piren Seine se sont pliés à cet exercice. Ils ont analysé (1) les conséquences des inondations de mai-juin 2016 qu'a connu Paris et sa région. "Les sources de la pollution étaient assez prévisibles dans un contexte urbain et agricole", note Aline Cattan, chef de service connaissance des milieux aquatiques à l'Agence de l'eau Seine-Normandie.

“ Le réchauffement climatique va entrainer, soit une augmentation de la fréquence ou de la puissance de certains phénomène naturels, et inévitablement provoquer des pollutions accidentelles ” Arnaud Guéna, Cedre

Un des principaux impacts : la baisse de l'oxygène dissous en lien avec les apports importants de matière organique. La contamination fécale a été importante. Elle résulte des débordements des réseaux d'eaux usées mais également des rejets en amont des stations d'épuration. Pour des polluants comme les nitrates, les effets constatés n'ont pas été uniformes sur tout le bassin. Ainsi dans la Seine, la crue a eu un effet de dilution. Les eaux de ruissellement étaient globalement moins chargées que les eaux souterraines. A l'inverse, les petits bassins versants agricoles ont été affectés par un pic lié au lessivage des fertilisants. "Pour les pesticides, nous n'avons pas constaté de pics beaucoup plus importants que nos mesures habituelles mais la durée de présence est plus longue, précise Aline Cattan. Nous supposons que c'est lié à une durée de désorption plus lente". Pour ce qui concerne les polluants organiques persistants (2) , les teneurs ont été globalement similaires aux teneurs rencontrées dans le bassin de la Seine. Toutefois, certains secteurs ont connu une contamination plus élevée comme l'axe Seine pour les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et les polychlorobiphényles (PCB). "Il est possible que la crue très exceptionnelle de juin 2016 ait lessivé des terrains qui ne l'avaient pas été depuis fort longtemps, ou qu'elle ait purgé des sédiments anciens, ce qui pourrait expliquer une charge particulière", indiquent les conclusions du retour d'expériences. De la même manière, les teneurs en hydrocarbures sont restées proches des valeurs habituelles. "C'est une pollution de base du milieu : les teneurs en hydrocarbures ont été à peine plus élevées qu'une situation normale dans l'eau des grands axes, pointe Aline Cattan. Nous avons toutefois constaté des valeurs plus fortes au moment de la crue et un pic en aval du Loing [affluent gauche de la Seine]".

Le même exercice de suivi a été mené pour la crue de janvier 2018, les résultats sont encore en cours d'analyse.

1. Une démarche collégiale a été engagée pour recueillir les données produites par différents acteurs - collectivités, syndicats, laboratoires de recherche, producteurs d'eau potable ou gestionnaire d'assainissement - mais également les observations des riverains. 2. Ils regroupent notamment les dioxines, les polychlorobiphényles (PCB), les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) et les pesticides.

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