La demande croissante des consommateurs pour des produits biologiques et sans OGM crée de nouvelles opportunités pour les protéines végétales, souligne une étude (1) publiée par la Commission européenne. Par ailleurs, l'augmentation des régimes alternatifs (vegan, végétarien, flexitarien) soutient les marchés des légumineuses et des protéines végétales transformées.
Pour l'instant, l'offre ne suit pas. L'Union européenne ne produit qu'un faible volume des protéines nécessaires à l'alimentation du bétail. Leur faible compétitivité face au soja importé explique cette situation. Pour l'alimentation humaine, la tendance est légèrement différente puisque ces produits ont une plus forte valeur ajoutée.
Alimentation animale : des filières locales pour le bio et le “sans OGM”
L'alimentation animale représente 94 % des volumes de matières riches en protéines consommées en Europe. “Les tourteaux d'oléagineux (colza, tournesol, soja) représentent 56 % des protéines utilisées en alimentation animale et sont importés à 74 %. Les protéagineux (pois, fèverole, lupin) comptent pour seulement 3 % de la fourniture en protéines, mais sont issus à 96 % de l'UE, indique l'étude. Enfin, les fourrages de légumineuses fournissent 15 % des protéines utilisées et sont majoritairement produits puis autoconsommés par les élevages, hormis une fraction qui est déshydratée et commercialisée (15 %)”.
Pour le segment de marché conventionnel, le consommateur est peu regardant sur l'alimentation du bétail. Le choix des éleveurs et des fabricants est donc déterminant. Le recours à du soja importé, souvent OGM, permet d'augmenter les marges ou de proposer des produits finaux moins chers.
En revanche, “le segment de marché non-OGM est directement porté par la demande des consommateurs (et de la distribution), qui souhaitent des produits (viande, lait, œufs) issus d'animaux nourris sans OGM”. Si l'étiquetage OGM ne concerne pas l'alimentation animale, de nombreux labels se développent pour répondre à cette demande et poussent au développement des chaînes d'approvisionnement non-OGM. Cela se traduit souvent par une meilleure valorisation des protéines locales (fourrages, protéagineux, etc.) et une incitation à rechercher de nouveaux traitements technologiques pour les valoriser, note l'étude. “Le soja non-OGM étant plus onéreux (+80-100 €/t) et parfois peu disponible, la conversion vers des systèmes d'élevage non-OGM peut obliger les éleveurs à aller au-delà d'une simple substitution du soja OGM par du non-OGM (utilisation d'autres tourteaux, protéagineux et fourragères)”.
Enfin, pour le segment bio, les aliments OGM, les tourteaux issus de l'extraction à l'hexane et les acides aminés de synthèse sont interdits. Résultat : une plus forte utilisation des matières riches en protéines locales, et notamment l'autoconsommation des légumineuses.
La croissance de ces deux marchés “premium” (bio et sans OGM) devraient soutenir le développement et la structuration des filières protéines végétales en Europe dans les années à venir, estime l'étude.
Alimentation humaine : un segment innovant à forte croissance
“Face à l'alimentation animale, le secteur de l'alimentation humaine représente une faible part (~6 %) de la demande en plantes riches en protéines (PRP). En revanche, ce secteur génère plus de valeur ajoutée”, analyse l'étude. Légumes secs, substituts à la viande ou aux produits laitiers sont de plus en plus demandés avec le développement des régimes végétariens, flexitariens, sans gluten ou sans lactose. L'offre de légumes secs ne suivant pas, une part importante doit être importée. En revanche, “pour les produits à base de protéines végétales transformées, les entreprises européennes essaient de s'approvisionner via des filières de l'UE, en développant notamment la contractualisation”. Ce marché à plus forte valeur ajoutée stimule également l'innovation.
Soutenir les filières
Pour poursuivre le développement de ces filières et accroître l'indépendance en protéines de l'Europe, l'étude dresse une liste de recommandations. Des aides à l'investissement pour le stockage, le tri, la déshydratation pourraient déverrouiller le blocage socio-technique actuel, note-t-elle. Un axe important concerne également la recherche. “L'actuelle vulnérabilité aux maladies/ravageurs, la faiblesse des rendements et de l'offre variétale par rapport aux cultures dominantes montrent la nécessité de renforcer les efforts de recherche en amélioration variétale”, indique l'étude.