La France va-t-elle manquer d'électricité cet automne et cet hiver, alors que 25 réacteurs nucléaires sont toujours à l'arrêt et que les températures commencent à chuter ? Dans les prochains jours, probablement pas, estime le Réseau de transport d'électricité (RTE). Aujourd'hui, la courbe de production du parc n'est en effet que très légèrement inférieure à celle prévue par le gestionnaire en septembre dernier. À température normale, la consommation d'électricité s'est aussi avérée « clairement plus faible que les années précédentes » après l'été : de l'ordre de 5 à 7 %. Même si cette réduction est plus à attribuer au secteur industriel, confronté à la hausse des prix de l'électricité, qu'au secteur résidentiel. Enfin, selon le ministère de la Transition énergétique, les mesures prises pour décaler le réchauffement des ballons d'eau, la nuit, permettent d'économiser 2,5 gigawatts (GW), au moment du pic méridien, soit la production de trois réacteurs nucléaires.

Des difficultés possibles à partir de décembre

“ Le périmètre des réacteurs [nucléaires] concernés par des réparations est plus important que ce qui avait été anticipé il y a deux mois ” Jean-Paul Roubin, RTE

De mi-novembre à mi-décembre, toutefois, les effets du mouvement social de cet automne, au sein des centrales nucléaires, se cumuleront aux retards de maintenance courante pour provoquer une première baisse de disponibilité de l'électricité sur le réseau d'un à deux gigawatts. Ensuite, en raison des difficultés persistantes sur le parc, la sécurité d'approvisionnement du pays pourrait se dégrader plus fortement, à partir de mi-décembre et jusqu'à mi-février. En janvier, la disponibilité du nucléaire devrait ainsi plafonner à 40 GW, au lieu des 45 GW espérés par RTE et des 50 GW annoncés par EDF. Si deux réacteurs victimes de corrosion sous contrainte ont été réparés et remis en service, bientôt suivis de deux autres, « le périmètre des réacteurs concernés par des réparations est plus important que ce qui avait été anticipé il y a deux mois », explique Jean-Paul Roubin, directeur exécutif clients, marchés et exploitation de RTE. De la maintenance assez lourde reste par ailleurs à réaliser sur certains réacteurs.

La sobriété toujours d'actualité

Très bas à la sortie de l'été, le bon état actuel des stocks hydrauliques, économisés cet automne, rassure quelque peu le gestionnaire. « Il s'agit de notre seconde source de production d'électricité, rappelle Jean-Paul Roubin. C'est donc important. » Mais, en cas de coups de froid, la situation pourrait malgré tout entraîner une demi-douzaine d'alertes Ecowatt rouges, préambule à de possibles délestages. Afin d'éviter d'y recourir à ce moment-là, le gouvernement compte sur les ménages, les collectivités et les entreprises pour infléchir leurs consommations.

Il mise aussi sur une augmentation de la puissance de l'électricité issue des barrages et sur des importations d'électrons en provenance d'Allemagne. Un accord devrait être signé avec ce pays la semaine prochaine. « Les interconnexions sont satisfaisantes, assure RTE. Nous avons un solde des échanges équilibré. » Si besoin, en cas d'alerte, le gouvernement a également prévu la réquisition des groupes électrogènes et batteries de plus d'un mégawatt.